Bonjour à tous,
Je viens parler ici de mes difficultés à la vie post-cannabis. Je sais que ce n'est pas forcémment le plus judicieux pour moi de venir le faire sur un forum probablement rempli d'addicts comme moi, avec toutes ces icones et photos qui rappellent au produit etc.. mais paradoxalement je me suis dit que c'est ici que je serais le mieux compris aussi. Aussi d'avance désolé pour ce pavé ...
Mon histoire est probablement assez courante : 36 ans, fumeur quotidien depuis l'adolescence (vers 15/16 ans je dirais). J'ai eu 2 grandes périodes
bang (drogue "dure", à mon avis ..) et j'ai aussi pas mal joué avec toutes les drogues festives ou moins festives mais sans jamais sombrer dans un excès, disons que j'ai toujours consommé pour le fun ou la curiosité (et un peu par ennui c'est vrai!) et je n'ai pas eu d'addiction ou de problème de santé ou financier particulier lié à ces choses là (quelques expériences olé olé parfois mais rien de plus ! ça a formé ma jeunesse ^^). Mais le
cannabis était une vraie addiction dans le sens où je me sentais très mal dès que j'arrêtais ou tombais en rade et surtout j'étais incapable de retenir une envie de fumer très compulsive quand elle me prenait, même si je savais que ce n'était pas le bon moment (ex: à 10H du mat' avant un RDV boulot auquel je finissais par ne pas me rendre, par exemple ! ou pire, un RDV amical ou une sortie et je sabordais ma vie sociale comme ça ...) bref c'est pour ainsi dire devenu un certain composant de ma personnalité. Je suis aussi artiste et donc cet "autisme" a toujours aussi été un bon terreau pour la création .. jusqu'à un certain point car on est souvent sujet à un manque d'énergie avec ces choses là aussi.
Du coup vers 2010 je me suis dit que ça serait mieux d'arrêter ou en tout cas de ne plus être dépendant !
Mais je n'y suis pas arrivé avant un bon moment. Du coup, pendant cette période s'ajoutait en plus la culpabilité d'être incapable de m'arrêter. Je suis devenu autoproducteur pour ma conso alors pour me débarasser d'un certain nombre de problèmes (qualité, pénurie, économique), me suis mis à vaper pour minimiser les dégâts sur la santé (et me débarasser du
tabac qui a un coût aussi ! )
Aussi il faut savoir que j'ai pas mal souffert d'anxiété tout au long de ma vie - sans accuser le cana (je suis de nature disons sensible), la fumette ne m'aidait clairement pas à m'en sortir, parano renforcée etc.. bref cette tendance au repli sur soi me faisait aussi vachement souffrir, isolement social etc.
Et puis globalement, en étant honnête avec moi même, la conso abusive que j'avais (pourtant pas si énorme rapport à certains mais je suis assez sensible faut croire) , ça devenait 10% de plaisir intense avec la première taffe du matin, et ensuite 90% de vie ramollie / perte d'energie et de temps et de motivation, concentration réduite, inefficacité dans l'exercice de mes passions etc .... Même l'impression de devenir mou du bulbe par moments ...
J'ai finalement pris mon courage à deux mains et profité de certains évenements de la vie pour sauter le pas dans le vide : en couple avec une non-fumeuse, devenu papa de deux petites filles (que j'adore ça se passe très bien), déménagement dans une ville où je ne connais personne pour tout bien recommencer (et m'éloigner des habitudes et des éventuels dealers), j'ai été consulter un médecin et une hypno thérapeuthe pour me débarasser de cette habitude.
D'ailleurs je raconte cet épisode thérapeuthique un peu cocasse : Il n'y a eu qu'une seule séance, je raconte mon addiction à la thérapeuthe (sans pratiquer d'hypnose car la 1ere seance sert à discuter du projet) qui me dit qu'il n'y a aucun mal à fumer tant que c'est pour le plaisir, qu'il ne faut pas en plus m'ajouter de la culpabilité. Très heureux d'avoir une espèce d'approbation à la conso, je rentre chez moi et je me mets à vaper comme d'habitude ... mais je réalise que je ne voulais plus et que le plaisir n'était pas au rendez-vous. Je le faisais automatiquement, par habitude ou comme "drivé" par une force. J'ai foutu toute ma prod' aux WC et j'ai tiré la chasse (oui désolé les potes ...) C'était symboliquement très fort, faire pousser tout ça m'avait vraiment demandé beaucoup de temps et de passion bref vous imaginez ... Mais du coup ce rendez-vous a eu un effet inattendu et je n'ai pas eu besoin de poursuivre la thérapie.
Donc voilà 10 mois que je n'ai plus de
weed. J'ai bien pécho un petit 20 euros cet été. Ca m'a procuré bcp de plaisir, mais je me rappelle qu'à la fin du 20 euros je me sentais de nouveau "esclave" et j'étais content de n'avoir que si peu, même si l'arrêt m'a refait souffrir d'un certain manque.
Mais globalement je me suis débarassé du geste, de l'anxiété, de la molesse, je dors bien la nuit, aucun problème particulier ... si ce n'est l'ennui.
Et là , depuis 1 petit mois environ, j'ai des soucis divers (pression de la vie entre le taf, m'occuper des enfants, plus de relations sexuelles car ma femme se remet encore de la grossesse, manque de temps à moi, manque de passion, de motivation ...) et une tendance à me rabattre sur la bière le soir pour me détendre après le boulot, pour marquer la différence avec le quotidien ... Je bois juste 2 grandes bières le soir en général, bon ça me détend et on va dire que ça a moins d'impact négatif psychologique que la
beuh, mais c'est lourd, ça me fait prendre du bide, ça coûte plus cher et ça me file moins de plaisir ...
Alors j'envisage de me remettre à fumer. Et puis je me dis que c'est idiot. Mais le cana me manque, malgré tout ces mois d'abstinence, malgré le fait que c'est clair que j'ai 80% moins d'anxiété, que je suis effectivement plus disponible pour tout un tas de choses à commencer par ma famille, mon taf, les amis les sorties. Mais j'ai l'impression de m'ennuyer. Mais j'ai aussi conscience que ce sont les difficultés actuelles qui font que j'ai envie de me réfugier dans le cocon que j'ai toujours connu. Or il est aussi temps de passer à autre chose ?
C'est vrai dilemne ... Vivre au quotidien avec l'impression qu'il me manque quelque chose, l'impression d'être "en attente" du moment où ça reviendra, et du coup l'impression de louper ma vie (ou en tout cas oublier de jouir de la vie) avec une triste illusion pendue dans l'esprit ... Ce qu'il me manque finalement, c'est de renconstruire une vraie motivation, un plaisir de vivre naturel qui ne dépend pas d'une substance.
J'ai aussi conscience qu'on ne balaie pas en quelques mois 20 ans de consommation et donc d'habitude de plaisir, j'imagine que ça a été un vrai échaffaudage dans la construction de mon esprit. Peut-être qu'avec le temps cela finira par passer si je tiens bon, mon esprit se tournera ailleurs définitivement pour trouver du plaisir ? Peut être aussi que je traverse une période difficile (pas facile de devenir parent et de passer de glandeur à responsable d'une famille à charge)
Bref je hasarde ce message sur ce forum pour vider mon sac, aujourd'hui, pour essayer autre chose que de penser "et si je m'y remettais ? et si je trouvais un dealeur ? et si je refaisais pousser, même si la situation n'est pas vraiment bonne pour ça en ce moment ?". Peut être que quelqu'un aura une parole qui m'aidera un peu. Peut etre que juste le fait d'être lu va m'aider.
En tout cas le fait de l'avoir écrit me fait déjà un peu de bien, c'est déjà ça. Heu, du coup, merci.