Le recul du sida laisse entrevoir la fin de la pandémie d’ici à  15 ans

Le recul du sida laisse entrevoir la fin de la pandémie d’ici à  quinze ans
LE MONDE | 17.07.2014 à  11h21 • Mis à  jour le 17.07.2014 à  14h32 |
Par Paul Benkimoun

Le sida recule et les experts évoquent la possibilité de la fin de la pandémie dans une quinzaine d'années. Le nombre de décès dus au virus dans le monde en 2013 a baissé de 11,8 % en un an. C'est la plus forte chute enregistrée depuis le pic de 2005. Le nombre de nouvelles infections a également légèrement régressé, passant de 2,2 millions de cas en 2012 à  2,1 millions en 2013.

Quelques jours avant l'ouverture de la 20e Conférence internationale sur le sida, qui se tiendra du 20 au 25 juillet à  Melbourne (Australie), l'Onusida a rendu public, mercredi 16 juillet, son rapport sur l'état de la pandémie. Chargé de coordonner l'action des Nations unies contre l'infection par le VIH, l'Onusida souligne les succès obtenus depuis 2001, grâce à  une spectaculaire augmentation de l'accès aux traitements.

Mais ces succès sont à  relativiser : chaque jour, 5 700 personnes sont infectées par le virus. En 2013, 1,5 million de personnes sont mortes à  cause du sida ; 35 millions d'humains vivaient avec le VIH, un chiffre en légère progression par rapport à  l'année précédente (34,6 millions). Cette évolution, alors que les infections régressent, s'explique par la diminution des décès. La tuberculose reste la principale cause de décès des personnes infectées par le VIH.

UN OBJECTIF PAS HORS D'ATTEINTE

L'Afrique reste le continent le plus touché par l'infection : 24,7 millions de personnes, dont 58 % de femmes, sont atteintes en Afrique subsaharienne. On y dénombre près de 70 % de l'ensemble des nouvelles infections et 1,1 million des décès liés au sida. Une part exorbitante, qui s'explique notamment par un accès aux traitements antirétroviraux encore trop insuffisant.

En Afrique subsaharienne, seules 37 % des personnes vivant avec le VIH sont couvertes par le traitement : « 67 % des hommes et 57 % des femmes ne bénéficiaient pas du traitement antirétroviral en Afrique subsaharienne en 2013 », constate l'Onusida.

Les progrès dans ce domaine, résultat d'une volonté politique forte, sont sensibles. En 2013, environ 12,9 millions de personnes infectées par le VIH dans le monde recevaient des médicaments antirétroviraux. Un chiffre qui confirme que l'objectif que les Nations unies se sont fixé de fournir des traitements à  15 millions d'individus d'ici à  2015 n'est pas hors d'atteinte.

Les deux pays africains les plus affectés sont l'Afrique du Sud et le Nigeria, où résident respectivement 18 % et 9 % des personnes infectées par le VIH dans le monde Au Nigeria, le taux de personnes ayant besoin d'accéder aux traitements antirétroviraux atteint 80 %. Longtemps privée des médicaments anti-VIH par la volonté du président Mbeki (1999-2008), l'Afrique du Sud a mis les bouchées doubles avec son successeur, Jacob Zuma : désormais, les Sud-Africains représentent un tiers des patients qui ont pu démarrer un traitement dans le monde au cours de la période 2010-2013. Et, entre 2005 et 2013, le nombre des décès liés au sida en Afrique subsaharienne a chuté de 39 %.




Avec 4,8 millions d'individus infectés par le VIH, l'Asie et le Pacifique représentent la deuxième région la plus touchée au monde. Cependant, un recul du nombre de nouvelles infections y a été constaté, à  l'instar de l'Afrique subsaharienne, de l'Amérique latine ou des Caraïbes.

HAUSSE EN EUROPE ET EN AMÉRIQUE DU NORD

En revanche, entre 2005 et 2013, les chiffres de nouvelles infections sont en hausse en Europe occidentale et centrale ainsi qu'en Amérique du Nord (+8%), en Europe orientale et en Asie centrale (+5%). L'Afrique du Nord et le Moyen-Orient ont eux aussi connu une hausse de 7 %.

Le rapport de l'Onusida rappelle que, depuis le début de la pandémie dans les années 1980, 78 millions de personnes ont été infectées par le VIH et 39 millions d'individus ont perdu la vie des suites du sida. Des chiffres qui rappellent l'ampleur de cette catastrophe et justifient ne pas relâcher les efforts pour faire enfin reculer la maladie.

L'Onusida s'est donné pour objectif de mettre un terme à  la pandémie en 2030. Une mission qui implique de parvenir à  réduire de 90 % les nouvelles infections, de diminuer de 90 % les discriminations liées au sexe, à  l'orientation sexuelle, aux groupes vulnérables comme les prisonniers, les travailleurs du sexe ou les usagers de drogues. La tâche est immense car, sur les 35 millions de personnes infectées par le virus, les Nations unies estiment que plus de la moitié (19 millions) ignorent leur séropositivité, parce qu'elles sont marginalisées, criminalisées ou discriminées. L'Onusida souhaite donc que ces personnes dans l'ignorance de leur maladie soient dépistées dans les cinq ans.



Les objectifs de l'ONU nécessitent des décisions politiques et des engagements économiques importants. En 2013, 19,1 milliards de dollars (14,1 milliards d'euros) étaient disponibles (toutes sources confondues) pour la riposte au sida, précise l'Onusida. Le besoin annuel d'ici à  2015 est estimé à  24 milliards de dollars, sachant que, en 2013, les investissements domestiques en provenance des pays à  revenu faible ou intermédiaire représentaient près de la moitié du total des dépenses liées au VIH

Source : http://abonnes.lemonde.fr/planete/artic … _3244.html