LSD La souffrance Ultime mais aussi l'Amour

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Zetareticula homme
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Inscrit le 18 May 2017
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Bonjour à  tous,

Ce récit va être long, mais j’espère pouvoir avoir votre ressenti. Jamais je ne rencontre d’expérienceurs de psychédéliques dans mon entourage d’où ma venue ici. J’ai besoin de partager cette expérience.

Ma présentation

Je suis trentenaire, j’ai commencé les psychédéliques vers 18 ans. Je suis dans une recherche spirituelle et ne fréquentant pas le milieu des teufs, j’ai expérimenté 1 / 2 fois par an depuis, dans des lieux connu, sécurisés, avec des personnes de confiance, en tout petit comité. J’ai été le compagnon et référent de pas mal de personnes pour les voyages. J’ai appris à  maitriser mes fortes hallucinations visuelles, j’ai côtoyé la schizophrénie, eu des orgasmes incroyables, des acceptations de mes peurs et imperfections. Je prends des fortes doses. J’ai toujours été conscient de la réalité. Je vis les voyages comme un apprentissage de la dilatation de l’égo, de l’hypersensibilité, d’un recul sur soi et le monde prodigieux, de la découverte intense de la musique. J’ai toujours été très positif dans mes expériences. Je ne pouvais parler des voyages qu’avec les yeux illuminés. Maintenant je vais faire attention car ce que l’on a vécu m’a profondément marqué. J’ai toujours su qu’il y avait un risque, d’où l’importance du contexte, de l’ambiance, de la préparation. J’ai vu bien plus jeune des potes partir en vrille, mais cela restait raisonnable. C’est pourquoi, fort de mon expérience, j’ai appris à  accompagner, être apaisant.
Cette fameuse notion de maitrise…

J’ai été certainement très orgueilleux de croire que les choses ne pouvait que bien se dérouler en ma présence. Je n’oublierais plus jamais le caractère mouvant de ces substances. A l’image de notre esprit et de ses prodigieuses potentialités, rien n’est certain avec elles. Ce gout du risque, que chacun des expérienceurs connait je pense, c’est excitant. C’est partir nu, dans un éreintant voyage, avec le risque de chuter pour mieux se relever ensuite. On ne se ménage pas, on ne s’esquive plus, nos repères sont les fondements de la psyché humaine.  L’amour ! Mais pas que…

Contexte passé et présent du voyage

J’ai invité récemment au voyage ma compagne. Elle avait expérimenté de son côté la MDMA, raisonnablement et elle n’est pas la dernière pour aller dans un état second (alcool / Cannabis). Elle aime aussi les sensations fortes. On a commencé avec des petites doses de champignons, puis de LSD. Elle a eu des envolées amoureuses pour elle et moi, elle a adoré. Nous qui vivons des orages fréquents et des incompréhensions,  cela a été l’occasion de prendre du recul et c’était merveilleux de la voir se ressentir si lumineuse. C’est une personne très émotive, plutôt impulsive et qui témoigne très fort avec son corps et ses paroles, de l’état de ses émotions. Elle irradie très souvent positivement. Moi de mon côté, comme d’habitude, je me prends pour un philosophe, je joue avec mon esprit et essaye de comprendre ce qui fait le lien, l’essence, qui se révèle sous un autre prisme avec les psychédéliques. Je suis quelqu’un de plutôt constant et raisonné. J’aime intellectualiser et je crois que le LSD me permet d’en voir les limites et de lâcher prise.

Le salon est aménagé pour l’occasion. J’ai mis des matelas au sol, des tas d’oreillers, des couettes, j’ai mis ma double paire de chaussette. Mon système Hifi de qualité va pouvoir vibrer sur du Amon Tobin, Kelpe, Tipper, Plaid, Kidkanevil et autres artistes d’electronica.

Mais, le jour même de cette prise de LSD, nous nous sommes réconcilié, un orage était encore passé. Judicieux de faire le voyage à  ce moment-là  ? Cela nous paraissait positif. Avec le recul, là  a été certainement mon erreur.

Un voyage d’ultime souffrance, de folie et d’amour

21h, deux buvards chacun avalés, ce qui correspond selon moi à  un trip moyen, nous entamons ce voyage dans la joie et le partage. Ma copine retrouve son état d’exaltation et moi mes moments seul de recherche philosophique.  Quand on se rejoint on rigole, on est très complice. Les effets sont puissants mais pas au point de ne pouvoir communiquer. Bien au contraire, les blagues fusent, on joue des personnages. Jamais je n’avais vécu ce genre d’interactions sous LSD. Elle croyait que l’on avait plus d’herbe, or j’en avais sauvegardé pour l’occasion. Elle est heureuse. Nous fumons dans la cuisine. La dose est très raisonnable et je sais bien par expérience que les effets sont très minoré par les acides. Je pourrais d’ailleurs parler des heures du recul que nous permet d’avoir le LSD sur les drogues.

Arrivé à  la fin du pétard, tout va très vite. Elle m’évoque le fait de faire un enfant ce soir, elle insiste en rigolant. Je rigole aussi, mais je ne me sens pas prêt et ce ne sera certainement pas sous LSD. Elle m’en veut souvent d’ailleurs de ne pas vouloir un enfant maintenant. Puis, elle fait un pas à  côté de moi et s’écroule brutalement comme si elle venait de perdre connaissance. Son corps chute lourdement sur le carrelage. J’ai le réflexe de mettre mon pied pour retenir sa tête qui aurait pu percuter fort le sol. Je rigole sur le coup nerveusement, j’étais encore sur le registre burlesque. Mais je comprends tout de suite que l’affaire est sérieuse. Je me baisse, pose ma main sur sa joue. Elle marmonne des mots évoquant la souffrance, le temps qui passe, la mort et je la voie vieillir littéralement devant moi. Son corps se crispe, de la même manière que la gamine dans l’exorciste. Elle se cambre et se met à  pousser le hurlement le plus puissant, effrayant, glauque que je pourrais entendre dans cette vie, enfin je l’espère. Une souffrance ultime et je pèse mes mots. Elle ne pourrait hurler plus fort et… c’est long, je me sens impuissant. Je lui dis que je suis là , que je l’aime, qu’elle est aimée, que tout est apaisé. Après ces mots, je me suis senti totalement à  côté de la plaque. Je n’étais pas congruent, il y avait un décalage entre mon ressenti et mes dires. J’étais terrorisé et perdu. De plus, étant donné le volume sonore produit et le fait d’être en logement de fonction, elle risquait sa carrière et crédibilité si quelqu’un entendait. De plus, la police, le Samu pouvait débarquer à  n’importe quel moment. La prodigieuse vitesse d’esprit du psychonaute m’a fait prendre une fulgurante décision : je vais l’accompagner, ne pas paniquer, faire en sorte qu’elle arrête d’hurler et s’apaise en vivant moi-même la paix et l’amour et ne pas appeler les urgences.

Durant ces réflexions, elle s’est arrêtée de crier. Elle repartait en boucle sur le temps qui passe, la mort et elle s’est mise à  chercher un couteau en tâtonnant le sol hurlant « je veux mourir ». Je l’embrasse, lui dis que je l’a vois renaitre, que c’est fini. J’ai le recul de me dire que j’assiste à  une sorte de drame, de macabre tragédie existentielle. Je faisais des parallèles avec notre situation de couple, je voyais un peu de sens dans ce qui se jouait. Je trouvais cela terrifiant, sombre et beau à  la fois.

Toujours sur le sol de la cuisine, elle commence à  parler de détachement de la matière, du fait que tout est UN. Puis, telle une cocotte sous pression, elle recommence à  parler du temps qui passe et donc la Mort dans son esprit, faisant accélérer sa respiration et recommencer à  la crisper, prête à  exploser de nouveau. Terrible !!!!! Elle ne peut comprendre la réalité, elle me répond mais en niant mon existence en tant qu’entité extérieur à  elle. C’est-à -dire qu’elle élude ma présence par le fait que je suis son miroir et que tout est Un de toute façon.

Je décide alors de la porter, elle commence à  se retaper la tête sur le sol, finalement je l’a traine jusqu’au matelas du salon. Je ferme toutes les fenêtres de l’appartement, baisse fortement la musique et continu de tenter de l’apaiser. Je reprends ses termes et tente de lui faire comprendre qu’elle peut sortir de cette spirale infernale en s’inscrivant dans l’instant et l’amour, quelle est aimée par ses proches. Mais elle reprend cette boucle oscillant entre une sorte de vision spirituelle que j’arrivais un peu à  cerner et cette terrible souffrance qui ressurgissait. Elle s’est remise à  hurler de la même manière que la première fois. Horrible…

Là  je commence à  douter de la bonne résolution de ce moment. Je repense aux urgences. Faudrait-il que je les appelle afin d’anticiper le fait que ce soit un voisin, supérieur hiérarchique de ma copine qui le fasse ? Je me ravise. Elle continu d’hurler et se met un oreiller sur la bouche. Elle l’enlève, continu son cri primal. Après d’indéfinissables minutes ou secondes, elle reprend sa boucle au départ. Elle est très active, se lève, bouge beaucoup. Je ne l’a lâcherai plus d’une semelle. Elle est plutôt joyeuse. J’ai eu l’impression après avoir vécu tout cela, d’être un pionner psychanalyste qui constate l’expression de l’hystérie. J’essaye de marchander avec elle pour qu’elle n’hurle pas encore, stupide… Je commence alors à  essayer d’intégrer subtilement des éléments de la réalité puisqu’elle n’entend toujours pas qu’il y a des voisins, que les urgences ou la police peuvent débarquer. Elle n’est pas du tout inscrite dans la réalité. Dans une courte période de doute qui me tiraillait, je me voyais à  genou devant son père, dans une indéfinissable souffrance, lui dire que j’étais responsable du fait qu’elle soit devenue folle…

Je ne l’a reconnais plus. Elle est différente, comme possédée. Elle se met nue et me demande de lui faire un enfant. Elle parade devant moi, elle se montre comme une muse, employant des superlatifs pour exprimer le fait qu’elle est magnifique et que je devais lui faire un enfant. Elle est très insistante, vraiment insistante !!! Il est hors de question pour moi, bien évidemment. Pourtant, à  un moment, je me suis dit que cela pourrait l’aider… Surtout que son cycle reprenait, je l’a sentais redescendre vers ses terrifiantes angoisses : « le temps qui passe » disait-elle. Mais non je ne peux et veut pas. Cette période de «tentative de reproduction » dure tout de même assez longtemps.

Mais elle n’explose pas, elle continu à  faire des choses étranges. A un moment, elle me demande de l’eau. Je lui apporte une bouteille. Ses genoux posés sur le matelas, la tête jetée en arrière, elle se met à  vider la bouteille sur elle tout en se convulsant, toujours nue. Chose étrange, avant qu’elle ne s’exécute, elle m’a regardé dans les yeux avec un air malin. Pourquoi ? Freud n’est toujours pas très loin dans mon esprit.

Mozart joue dans le salon. Je tente toujours, avec toute la bienveillance et l’amour que je peux exprimer, de la rassurer, de la guider vers la sortie. Toujours hors réalité, elle me dit fréquemment « Bon on arrête là  ! », mais je ne peux que lui répondre « ne t’en fais pas, cela va s’arrêter progressivement, on va entendre les oiseaux, le soleil va se lever, tout va bien, je t’aime ». Je suis démuni, je ne peux la sortir rapidement de ce bourbier, c’est elle et le temps qui feront le travail, moi je suis juste là  pour accompagner. Je suis inquiet qu’elle ne retrouve pas la réalité. Que c’est long… Ah le LSD ! Je suis toujours son miroir, la réalité dans la matière n’a pas de sens pour elle. Elle n’entend pas quand je lui retrace la prise du LSD, les cris, les voisins…  Je l’admire malgré le fait qu’elle me semble possédée et troublée, car je pense qu’elle a accédé à  une fraction d’une autre vérité / réalité.

Impossible de la laisser deux secondes seule. Elle reste totalement imprévisible.  Toujours nue, je n’arrive pas à  la rhabiller. Elle a froid pourtant. J’essaye de faire en sorte qu’elle se blottisse contre moi. Je lui dis que j’ai besoin de la sentir contre moi. Après un long moment, j’ai enfin réussis à  l’avoir dans mes bras dans notre lit et à  ce que, enfin, elle ne bouge plus. Elle commence à  m’entendre quand je lui parle des voisins, du fait d’avoir pris du LSD. Je passe beaucoup par le jeu et le conte. Je l’invite à  raconter des histoires et j’y inclus des éléments de notre vie à  tous les deux.

Vers 9/10h du matin, elle reprend enfin ses esprits. Oh mon dieu enfin !!! Elle s’endort apaisée.  Moi je décompresse d’un coup, mes jambes se mettent à  trembler. Son visage hurlant à  la mort, vieilli par la souffrance et les effets visuels du LSD me hante. Je trouve difficilement le sommeille vers 13h.

Son retour d’expérience et le mien

Elle a une vision bien plus positive que moi. Certes elle dit être passé par une souffrance indicible, elle voyait tout mourir, elle disait prendre conscience que tout devait un jour mourir pour repartir et elle n’arrivait pas à  l’accepter. D’où cette fameuse boucle. Mais elle garde de cette expérience, une conscience du caractère spirituel de la vie, qu’un autre plan existe. Elle m’a vu effectivement comme un miroir et aussi comme un guide, un gardien presque déifié. Elle a ressenti mon amour. Les moments que je nomme « de possession » ne lui parle pas. Elle se savait hors réalité. Loin, très loin. Elle est donc satisfaite de cette expérience et se dit être prête à  recommencer.

Pour ma part, je pense que je serai frileux à  refaire cette expérience pour quelques mois ou années. Même seul ou avec quelqu’un d’autre. Cette expérience a été troublante, trop peut-être. Je suis heureux de m’être prouvé que je pouvais être solide dans un moment de crise comme celui-ci, mais j’ai peur de revoir cette souffrance. C’est égoïste, mais je ne pense pas que l’on soit fait pour cela, surtout en étant soi-même déphasé, hyper sensible.
A son travail, elle n’a pas entendu parler des hurlements, ni vu un changement de comportement de ses collègues. Heureusement…. Elle avait préparé un discours au cas où : « J’ai fait des terreurs nocturnes somnambuliques  et hurlée, désolé ». Qui aurait pu croire que de tels hurlements puissent être issus de cela ?



Merci pour votre attention, je suis ouvert à  l'échange. Après tant d'années à  ne pas pouvoir partager avec grand monde mes expériences...

Bien à  vous.

Zet

Dernière modification par Zetareticula (19 mai 2017 à  03:06)

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kamikaze9345 homme
Avion en décadence
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114 messages

21h, deux buvards chacun avalés, ce qui correspond selon moi à  un trip moyen

En fait faut se référer au dosage, parce que tu peux très bien avoir un carton à  400ug ou 2 cartons à  200ug et ça sera plutôt un trip fort.

Sinon j'ai pris plaisir à  te lire, je pense que ta compagne a été pris dans les effets LSD-Cannabis, qui je trouve te zombifie (chez moi aussi), qui te font perdre toute lucidité et contact avec la réalité.

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Zetareticula homme
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Inscrit le 18 May 2017
2 messages
Merci Kamikaze.

J'ai souvent fumé pendant les voyages et je n'avais pas remarqué cela. Je retiens. Un pote qui est mon principal compagnon de voyage prend toujours un demi buvard plus un quart 1h30 apres etc. Car il apeur de vriller. Et.... Il fume pétard sur pétard. Mais bon effectivement, si le voyage n'est pas fort, il ne risque pas de se zombifier.

Mais déclencher cet état ? C'était tellement extreme. Je l'ai à  peine senti le cannabis, pourtant je suis bien plus sensible qu'elle au THC. On a l'habitude de fumer ensemble et je fume 1/5 du joint pour être à  son état. Là  on a fait moitié moitié car avec le LSD je ne crains pas le cannabis.

Après je concois bien que la psyché et les effets du LSD sont parfois inexplicables...

Dernière modification par Zetareticula (18 mai 2017 à  22:36)

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kamikaze9345 homme
Avion en décadence
Inscrit le 14 Oct 2016
114 messages
Après ça dépend des personnes, mais j'ai dis cannabis et LSD, mais c'est peut être juste le LSD qui était trop dosé pour elle. Je peux rien te dire avec certitude.

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