Commencer un traitement de méthadone

La méthadone [1] est un opiacé synthétique inventé par les allemands avant la 2e guerre mondiale pour remplacer la morphine.

On l'utilise exclusivement pour les traitements de substitution aux opiacés [2] (héroïne [3] sous toutes ses formes, codéine [4]). Elle permet d'obtenir des effets similaires à la dope tout en offrant bien des avantages : longue durée d'action, produit légal obtenu sur ordonnance; pas d'effet "flash"; peu sédative. Ce traitement permet aussi et surtout de résoudre pour beaucoup le problème des injections (la méthadone en sirop disponible en France ne peut pas être shootée), réduisant ainsi les contaminations par le VIH, VHC, abcès, septicémie... Elle permet aussi d'avoir un changement de qualité de sa vie quotidienne: on ne court plus après sa dose; plus de perte de temps et d'argent; plus de fréquentation du milieu; on peut se "poser" et s'ouvrir à d'autres choses.


Commencer un traitement de méthadone

On ne peut obtenir de méthadone que par un CSAPA ou par un médecin hospitalier; ce n'est que dans un second temps que l'on peut se la faire prescrire par un médecin généraliste.

Une fois vérifié que vous êtes bien accro à un opiacé depuis un certain temps via un test urinaire, le médecin vous prescrira la méthadone sirop qui se présente sous différents dosages : 5, 10, 20, 40 et 60 mg, dosages qui permettent des adaptations progressives lors de votre phase d'initialisation; il faut trouver en partant du plus bas possible, mais aussi en fonction de votre histoire avec les opiacés, votre dosage idéal, que l'on parvient à trouver relativement rapidement. N'hésitez pas à parler de votre état avec le médecin prescripteur. On peut définir ce dosage idéal comme le moment où vous oubliez que vous êtes sous traitement.

Le traitement est délivré par un seul et même médecin, dans une pharmacie de votre choix : là où vous avez les meilleures relations afin de ne pas vivre de moments difficiles en cas de rupture de traitement par exemple... Au début, vous devrez vous rendre chaque jour à la pharmacie ou en centre pour avoir votre dose quotidienne; puis avec l'assouplissement des règles de délivrance vous pourrez l'obtenir pour 7 voir 14 jours consécutifs.

La méthadone se prend normalement en une seule fois par jour, mais pour ceux qui ont un métabolisme rapide, ils peuvent la prendre jusqu’à deux fois par jour. Si vous pensez que vous êtes dans ce cas, demandez à votre médecin de faire une methadonimie (mesure de la méthadone dans le sang) Sa durée d'action est très longue (un à trois jours selon les personnes) et permet une certaine souplesse dans l'horaire des prises.

Méthadone et traitements VIH/VHC

Le nelfinavir, la delavirdine, mais surtout le ritonavir augmentent les effets de la méthadone (cette action est moindre s’il est combiné avec le saquinavir).

L’AZT, le Combivir-®, la didanosine et la stavudine peuvent parfois diminuer l’action de la méthadone.

Le fluconazole (Diflucan-®) de même que de nombreux antifongiques se terminant en «-azole-» peuvent augmenter les effets de la méthadone jusqu’à 30-%.

La rifampicine (contre la tuberculose) diminue les effets de la méthadone.

Attention, les inhibiteurs de protéase (ritonavir, kaletra, efavirenz) peuvent également augmenter les effets des benzo (Xanax®, Valium®, Lexomil®, Tranxene®…

Les gélules de méthadone

On peut dans un second temps passer à la forme gélule, après au moins un an de méthadone en sirop et lorsqu'on est stabilisé. Il existe en effet des gélules de 1 mg et 2 mg qui peuvent permettre de mieux gérer un sevrage dégressif. On ne peut obtenir les gélules de méthadone qu'en retournant en CSST/CSAPA, car le généraliste n'est pas habilité à faire une initialisation de traitement.

La forme gélule est actuellement en phase d'essai. Il est donc très important de ne pas en détourner l'usage, ni vendre sa métha dans la rue, sous peine de voir cette forme disparaître de l'AMM (autorisation de mise sur le marché). Si par contre elle se voit accorder une AMM définitive, cela aura de nombreux avantages que ne possèdent pas la forme sirop : on peut en effet reprocher au sirop son taux de sucre trop élevé, la présence d'alcool, l'encombrement et son coté peu discret (notamment pour partir en vacances), ainsi que la difficulté si l'on veut diminuer le dosage ce sirop au-dessous de 5 mg.

Arréter la méthadone

Le manque de méthadone s’installe peu à peu environ 30 heures après la dernière prise et peut durer 10 à 12 jours puis diminuer progressivement. Voilà pourquoi un sevrage complet de la méthadone en hôpital nécessite un séjour de 10 à 14 jours.

Selon les quantités et la durée de la consommation, les symptômes du manque sont plus ou moins intenses. Les personnes ayant pris des dosages élevés de méthadone durant de longues années peuvent endurer un inconfort prolongé et divers troubles durant de longs mois après un sevrage brusque ou trop rapide. Il est donc vivement conseillé d’arrêter la méthadone très progressivement afin de garantir un certain confort.

La méthode chinoise

Il existe une autre et très ancienne méthode pour décrocher en douceur. Admettons toujours, que vous avez réussi à baisser jusqu'à 20 mg/jour.Vous pouvez essayer la méthode chinoise sur 10 semaines avec des flacons de 60 mg. Il vous faut :

  • 15 flacons de 60 mg (15ml) de méthadone, soit 900 mg.
  • 1 bouteille vide
  • 1 préparation bien sucrée de sirop d'orange (genre Teisseire)
  • Une seringue ou un doseur de 5 cc ou 5 ml

Versez les 15 flacons de métha tous dans la bouteille, ensuite, le premier jour, avec la seringue, dosez 5 ml, soit 20 mg, buvez le contenu de la seringue remplacez la quantité bue, soit 5 ml, par la même quantité de sirop. (Versez le dans la bouteille contenant la métha).

Faites de même chaque jour, prenez 5 ml dans la bouteille de métha (chaque fois un peu plus diluée) et remplacez par la même quantité de sirop.

Au bout de 10 semaines ce ne sera plus que du sirop et vous aurez décro sans rien sentir (ou presque...). Il est recommandé de garder la préparation au frigo , sinon le mélange peut devenir un peu acide. Bien sûr pour que ces méthodes réussissent il faut être déterminé. Si vous reprenez de l'héro pendant, vous risquez de devoir recommencer à zéro.

La « méthode chinoise » est une adaptation du procédé utilisé par les colons français accrochés à l’opium jusque dans les années 50. Ils pratiquaient ainsi avec un tonnelet de Laudanum ou de sirop opiacé. Chaque fois qu’ils en buvaient un verre, ils reversaient l’équivalent du verre d’un liquide quelconque dans le tonnelet. A raison de trois fois apr jour, au bout de six semaines, la quantité d’opium ingérée ne subsistait plus qu’à l’état de trace infinitésimale, comme en homéopathie. Souvent « la décroche » se faisait sur le bateau qui les ramenait d’Indochine à Toulon. Le voyage durait 6 semaines. Juste ce qu’il fallait pour arriver sevré en douceur en France.

Notes et références