Se sevrer de la méthadone n'est pas une fin en soi et peut impacter la qualité de vie. En effet, les évaluations nombreuses sur le plan international du devenir des héroïnomanes sevrés des opiacés démontrent qu’une grande majorité d’entre eux rechutent à plus ou moins court terme ou présentent une péjoration de leur qualité de vie parfois invalidante qui les pousse souvent à l’abus d’alcool, de tranquillisants ou de cocaïne[1]. De plus, la méthadone prise même à haut dosage durant des dizaines d’années n’entraîne pas de complications médicales, contrairement à bien des médicaments ordinaires. Avec plus de 3'000 études publiées, c’est une des molécules les mieux étudiées au monde.

Le manque physique de méthadone s’installe peu à peu environ 30 heures après la dernière prise et peut durer 10 à 12 jours puis diminuer progressivement. Voilà pourquoi un sevrage complet de la méthadone en hôpital nécessite un séjour de 10 à 14 jours.

Arrêter progressivement

Selon les quantités et la durée de la consommation, les symptômes du manque sont plus ou moins intenses. Les personnes ayant pris des dosages élevés de méthadone durant de longues années peuvent endurer un inconfort prolongé et divers troubles durant de longs mois après un sevrage brusque ou trop rapide. Il est donc vivement conseillé d’arrêter la méthadone très progressivement afin de garantir un certain confort et de ne baisser la méthadone pas plus de 10% tous les 15 jours.

« j'ai commencé mon traitement à 90mg, pendant un ans je suis resté régulier et j'ai commencé à baisser, la descente à zéro m'à prit 1 ans et demi »
-(Source, synthétike71, Psychoactif)
« Il y a 3 ans à peu près j'ai décider a passer a la méthadone et me soigner de mon hépatite C. Au début j'ai été a 80 mg et même pendant mon traitement de hépatite (11 mois )j'ai continué a descendre avec succès. La ça se corse - à ce jour je suis a 8 mg et je souffre. De 20 mg a 10 mg,j'ai descendu par 2 mg par semaine-aucun problème. Arrive a 10mg,j'ai descendu a 9 -en une semaine étais prête a descendre a 8mg. Maintenant ça fait 3 semaines que je suis a 8mg et tous les jours je suis en manque pendant au moins 2-3 heures voir plus. Je savais que la fin ça allait être dur, mais la ça devint très fatigant. Du coup, je suis pas bien psychologiquement non plus. Petite précision : depuis 40 mg, je descends tout seule, je vois juste un docteur pour me faire l'ordonnance. »
-(Source, dima12, Psychoactif)
« J'ai décro de la métha il y a maintenant deux ans et je dois avouer que ça n'a pas été de tous repos. Moi aussi une fois descendu par palier de 120 mg à 30 mg en 10 mois je n'en pouvais plus. J'ai décidé alors d'arrêter en m'aidant de topalgic et de valium en réduisant peu à peu pour finir par y arriver. Je ne sais pas si la méthode était la meilleure car mes humeurs étaient difficilement gérable pour mon entourage! »
-(Source, fanfan, Psychoactif)


« J'ai arrêté il y a environ 3 mois.

J'ai diminué progressivement jusqu'à arriver à 1 mg par jour. Ensuite j'ai intercalé une journée entre les prises puis deux puis trois. Quand j'ai essayé d'arrêter 4 jours J'ai eu un manque horrible donc je me suis tenue à trois jours ensuite ça s'est fait tout seul, j'ai arrêté et je n'ai plus ressenti de manque. Je guêtais sans arrêt ce manque mais heureusement il n'est plus venu. Il faut dire aussi que depuis 1 an je suis dans un processus dans lequel plein d'éléments changent . J'ai changé de lieu de vie, de travail, d'activités, de façon de me nourrir et de voir la vie. Tout n'est pas rose loin de là, c'est une sorte de renouveau dans une profonde remise en question. Je ne me suis jamais mise la pression pour arrêter la métha, c'est venue comme ça. Ça faisait partie du processus. Je l'ai senti je l'ai fait. Rien n'est jamais gagné mais chaque jour est une nouvelle chance d'avancer. Par contre, j'ai pris conscience d'une chose : au delà du produit, ce qui a fait que j'ai sauté sur les occasions de sensations fortes est toujours là dans ma psyché. J'en ai bien conscience et c'est pas simple. Je m'en rends compte tous les jours et dans les moindres occasions. Je me suis remise au sport et ça m'aide (énormément), c'est mon shoot d'endorphines. Par contre, pour quelqu'un qui n'a plus fait d'activités physiques depuis 15 ans, je me débrouille bien. Je suis extrême. Pas de demi mesure c'est la seule façon de me sentir vivante. Ici je n'ai pas le moindre début de la moindre piste pour expliquer une façon d'être aussi emmerdante au quotidien que ce soit pour soi ou pour les autres.

Voilà donc arrêter la métha c'est possible mais il faut faire le deuil du "tout sera génial après". Si on raisonne ainsi c'est mort. Et puis il faut sentir que c'est le moment.

»
-(Source, Wavy2, Psychoactif)

La clonidine (catapressan)

Lorsque vous faite un sevrage à l’hôpital, demandez du catapressan (clonidine). Il supprime une bonne partie des symptômes physiques du sevrage.

« Après 15 ans d’héroïne coupler à 13 ans de metha je décide d'entrer en cure. J'étais à 100 de metha plus ma conso d'hero en alu (de0.5g a 2g/jour). Je ne connaissais pas le catapressan mais j'ai été très étonné de la facilité de la cure. Quand je dit facile c'est pas tout a fait exact mais rien de comparable à une decro a la dure ou à une grosse crise de manque. Le catapressan enlève environ 70% du manque des opiacés couplé avec du valium et du laroxyle je n'ai pas eu d'idées noires je n'ai pas pété les plombs...Le catapressan fait chuter la tension donc avant chaque prise on nous la prend. Il ne faut pas avoir 9 ou moins sinon il nous donne pas. A la cure ou j'etais c'est le seul traitement que l'on pouvait avoir la nuit (toute les 4 heures) au bout d'une semaine je n'avais plus besoin de le prendre la nuit. »
-(Source, Akabz, Psychoactif)


« Du coup je ne prends pas ma dose, balance ma bouteille de metha dans mon congelo histoire de pas l'avoir sous les yeux, j'arrive pas à me résoudre à vider ce qui reste, juste au cas ou, j'me dis tient le coup dernière ligne droite.

Mon état reste plus ou moins le même pendant les deux premiers jours, pas mieux pas pire, le temps que la metha s’élimine totalement de mon système je pense. A ce moment je me dis, finalement c'est pas si terrible le manque de metha comparé au queutard qui déchire des deux grammes de bonne came ou des 1000-1200mg que je m'envoyais à une époque.

Le lendemain je comprends mon erreur, mon corps est vide d'opiacé et le manque c'est le manque, il met parfois plus longtemps à arriver, mais quand il arrive ça fait BAM BAM!

J'ai passé 5 jours collé à mon matelas ou à mes chiottes, dormant par tranches d'une demi-heure, 15 minutes, réveillé au milieu de rêves de mort fine, malgré des doses d’éléphants de somnifère (moi qui évite les benzo depuis des années, ça peinait quant même à me coucher). Mon inconscient semblait réclamer la dope à corps et à cris, à quasiment chaque réveil je me retrouve éjecté d'un délicieux songe opiacé, plein de dope dans la pompe et de douce chaleur, par le froid, mes os qui semblent prêt à briser, ou les crampes qui commençait à s'installer avec la déshydratation, j'ai du sable dans la gorge, boire est difficile, je ne parle même pas de manger .

Au 6e jour plus de Benzo, plus de décontractant musculaire, plus d'anti-nauseeux, j'ai mal calculé mon coup ou j'ai trop abusé sur la pharmacie, reste rien que du Daffalgan qui ne changera rien à l'histoire et du smecta que je n'arrive pas à avaler, la journée est un enfer, je ne dors pas dArretere la nuit, je fixe le plafond jusqu'au matin, avec le cerveau qui bouillonne, incapable de faire autre chose. Je sais que la fiole de metha est la mais elle ne me tente pas plus que ça. Mais une gélule de skénan, oubliée dans un coin, je suis quasiment sur que j'aurais craqué, un soulagement immédiat, et tout à recommencer.

Au 7e jour je me force à sortir, déjà 30 heures sans sommeil dans les pattes, ça mine peu à peu ma résolution, faut que j'arrive à me poser avant que mon cerveau explose. Un collègue me dépanne du valium et du rivotril, je dors du sommeil du juste.

Aujourd'hui 8e jour, je sens que le manque redescend, il est la mais le pire est passé, ma bonne fée m'a ramené de l'ethylphenidate, un petit coup de boost ça fais du bien après une semaine a moitié mort, je souris pour la première fois depuis une semaine, la pêche revient, l’appétit aussi.

»
-(Source, Mith, Psychoactif)

La méthode chinoise

Il existe une autre et très ancienne méthode pour décrocher en douceur. Admettons toujours, que vous avez réussi à baisser jusqu'à 20 mg/jour.Vous pouvez essayer la méthode chinoise sur 10 semaines avec des flacons de 60 mg. Il vous faut :

  • 15 flacons de 60 mg (15ml) de méthadone, soit 900 mg.
  • 1 bouteille vide
  • 1 préparation bien sucrée de sirop d'orange (genre Teisseire)
  • Une seringue ou un doseur de 5 cc ou 5 ml

Versez les 15 flacons de métha tous dans la bouteille, ensuite, le premier jour, avec la seringue, dosez 5 ml, soit 20 mg, buvez le contenu de la seringue remplacez la quantité bue, soit 5 ml, par la même quantité de sirop. (Versez le dans la bouteille contenant la métha).

Faites de même chaque jour, prenez 5 ml dans la bouteille de métha (chaque fois un peu plus diluée) et remplacez par la même quantité de sirop.

Note de prescripteur

Les doses décrites ci dessus sont utilisables mais me paraissent en général un peu excessives. D'autant qu'en général on préconise la méthode chinoise à partir de 10 mg/j de Methadone plutot que 20 mg/j.

Pour des raisons de sécurité des calculs je préconise de faire une solution de départ à 1 mg/ml soit par exemple 40 mg complétés à 40 ml jusqu'à 100 mg complété à 100 ml, voire même un peu plus. Ainsi la dose quotidienne est de 10 ml si la dose de départ est fixée à 10 mg/jour de Méthadone. Avec 100 mg pour 100 ml la dose diminue de 10% tous les jours. On peut donc calculer la dose pour avoir la progressivité souhaitée.

fin de la note


Au bout de 10 semaines ce ne sera plus que du sirop et vous aurez décro sans rien sentir (ou presque...). Il est recommandé de garder la préparation au frigo , sinon le mélange peut devenir un peu acide.

La « méthode chinoise » est une adaptation du procédé utilisé par les colons français accrochés à l’opium jusque dans les années 50. Ils pratiquaient ainsi avec un tonnelet de Laudanum ou de sirop opiacé. Chaque fois qu’ils en buvaient un verre, ils reversaient l’équivalent du verre d’un liquide quelconque dans le tonnelet. A raison de trois fois par jour, au bout de six semaines, la quantité d’opium ingérée ne subsistait plus qu’à l’état de trace infinitésimale, comme en homéopathie. Souvent « la décroche » se faisait sur le bateau qui les ramenait d’Indochine à Toulon. Le voyage durait 6 semaines. Juste ce qu’il fallait pour arriver sevré en douceur en France.

« J'attaque la méthode chinoise vers la mi-decembre à trente milligramme. Le medecin a finalement réussi a me convaincre de pas baisser aussi vite que ce que j'avais prévu. Je pensais baisser de 30 mg à 1 mg en 6 semaines. Je revois un peu mon jugement, fais des tableau excel pour essayer de trouver un bon compromis, je commence a en chier, les douleurs s'installent de plus en plus, et le froid aussi, je me dit que 8 à 10 semaines ça serait peut être pas du luxe. A ce moment la le manque est encore gérable, comme une bonne grippe qui serait la qu'a mi temps.

Je met 15 fioles de 60 dans une bouteille, 900mg pour 225ml, 7,5 ml à prendre tout les jours avec une dose initiale de 30mg. J'ai pris une grosse bouteille de sirop de menthe pour diluer le tout, ça me change pas c'est avec ça que je bois ma metha tous les jours pour faire passer le gout (Le docteur me disait de diluer ça avec de l'eau stérile, mais je suis un peu une tête de pioche, et dans mes souvenirs contrairement au sirop l'eau ça croupit!). J'ai fait un tableau excel pour voir comment ça allait baisser, 1mg par jour au début, ça me parait gérable. De 30 à 1 mg en 90 jours, avec des palliers minimes à la fin, je sais que je sauterais le pas à la dure à un moment, des que je serais rendu assez bas, que je ne diluerais pas la bouteille jusqu'à l'homeopathie, mais la baisse pour les premiers jours me parait bien moins hard avec 900mg qu'avec les 600 que je prévoyais de mettre à la base. Et puis comme ça je vide le stock, me disant que ça m’évitera d’être tenté.

A Noel je suis aux alentours de 20 mg, je me permet une double dose pour le repas de famille et le jour de l'an histoire de trouver la force d'y aller et essayer de faire bonne figure, je les paie chèrement à chaque fois, gros retour de bâton, le surlendemain des extra le manque me parait décuplé.

Début janvier 15mg, si je prends ma metha à 8h le matin, je ne suis pas trop mal jusqu'au début d'après midi, 13h, 14H, 15H parfois, jamais plus. Ensuite s'est la longue attente jusqu'au lendemain, le temps parait figé. A partir de la je fractionne ma dose, 5ml le matin, 2,5 dès que ça commence à tirailler. Ça se passe un peu mieux, l'après midi est plus douce, la nuit parait un peu moins longue, un peu... Je passe quasiment toute la journée scotché dans le canapé, parfois même pas le courage de faire les deux mètres qui le sépare de l'ordi, pour mettre de la musique, ou couper le film qui tourne en boucle depuis 5 heure et dont j'ai saisi 15 minutes.

Malgré la motivation, je trouve ça trop dur, et j'ai peur qu'elle commence à vaciller, le manque ne me lâche plus et me ronge l'esprit, la dose de metha soulage mais n'efface pas tout. Jusque la il n'y avait que le froid, les douleurs musculaires, mais mes boyaux commencent a se tordre, je ne mange plus, je chie de la flotte. Je m'assomme la gueule à coup de benzo pour dormir le plus possible et je remonte un peu la dose journalière, 10 ml au lieu de 7,5, je calcule je serait plus confortable pendant quelque jours mais la baisse sera ensuite plus rude. Mais j'ai besoin de souffler 1 jour ou deux. Je passe 3 jours, en bonne forme, avec les quelques milligrammes de plus, des potes sont passés à l'improviste en rentrant de saison, ça me fait plaisir de voir du monde, on va voir un pote qui mixe dans un rade, coke dans la soirée, kéta tout le week end, j'en oublie presque de prendre ma métha, regain de motiv', c'est reparti.

»
-(Source, Mith, Psychoactif)


Pour d'autres dosage, vous avez une feuille de calcul ici qui pourra vous aider à calculer la dose nécessaire pour faire la méthode chinoise : https://www.psychoactif.fr/forum/img/members/125703/MethodeChinoise.xls

Et après l’arrêt de la méthadone ?

Durant les mois après l’arrêt de la méthadone, il est probable de rencontrer des difficultés d'endormissement, un état dépressif, cela s'appelle le PAWS Syndrome prolongé de sevrage. Des envies de consommer peuvent resurgir, et vous pouvez compenser par des consommations d'alcool et/ou de médicaments (anxiolytiques, somnifères).

Vous pouvez à tout moment recommencer un traitement de méthadone, probablement avec une plus faible dose.

Attention overdose

C'est pendant les premiers mois suivant l’arrêt de la méthadone que vous avez le plus de probabilité de faire une overdose d'opiacés si vous recommencez les consommations d'opiacés. Vous avez en effet perdu votre tolérance et la dose qui vous convenez avec la méthadone risque d’être trop forte.

Liens


Références