« Morphine, effets, risques, témoignages » : différence entre les versions

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Un usage plurimillénaire  
Un usage plurimillénaire  
Le pavot à opium est connu depuis des milliers d’années. Des graines et des capsules ont été retrouvées dans des habitats néolithiques européens datant de cinq mille ans avant notre ère. Les Sumériens le connaissaient près de quatre mille ans avant notre ère et une de leurs tablettes le qualifie de plante de la joie. Il était largement utilisé aussi dans l'ancienne Égypte, notamment par les Pharaons, non seulement à des fins thérapeutiques mais également pour ses propriétés psychotropes. Dans la Grèce antique, il figurait sur des monnaies et la déesse Déméter était représentée avec des plants de pavot dans ses mains. Le Népenthès, boisson procurant l’oubli de tous les chagrins décrite par Homère dans L’Odyssée, contenait vraisemblablement de l’opium de même que le soma de l’Inde antique. Il a probablement été introduit en Inde par les armées d’Alexandre le Grand trois siècles avant notre ère mais sa culture ne s’y est développée que vers le neuvième siècle. A la fin du treizième siècle, Marco Polo observa des champs de pavot dans le Badakhshan, région du nord de l’Afghanistan où se trouvent encore aujourd’hui de nombreuses plantations. 
Le pavot à opium est connu depuis des milliers d’années. Des graines et des capsules ont été retrouvées dans des habitats néolithiques européens datant de cinq mille ans avant notre ère. Les Sumériens le connaissaient près de quatre mille ans avant notre ère et une de leurs tablettes le qualifie de plante de la joie. Il était largement utilisé aussi dans l'ancienne Égypte, notamment par les Pharaons, non seulement à des fins thérapeutiques mais également pour ses propriétés psychotropes. Dans la Grèce antique, il figurait sur des monnaies et la déesse Déméter était représentée avec des plants de pavot dans ses mains. Le Népenthès, boisson procurant l’oubli de tous les chagrins décrite par Homère dans L’Odyssée, contenait vraisemblablement de l’opium de même que le soma de l’Inde antique. Il a probablement été introduit en Inde par les armées d’Alexandre le Grand trois siècles avant notre ère mais sa culture ne s’y est développée que vers le neuvième siècle. A la fin du treizième siècle, Marco Polo observa des champs de pavot dans le Badakhshan, région du nord de l’Afghanistan où se trouvent encore aujourd’hui de nombreuses plantations. 




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Pavot de l'herbier de Otto Brunfels (1530)
Pavot de l'herbier de Otto Brunfels (1530)
 
 
De la Rome antique aux Grands Moghols  
  De la Rome antique aux Grands Moghols  
C'est à Rome que sa première description scientifique en fut faite par Dioscoride au premier siècle de notre ère. Un peu plus tard, Pline l'Ancien signalait ses propriétés analgésiques et antidiarrhéiques et c'était le principal constituant de la thériaque inventée par Galien. Il était d’ailleurs largement consommé dans la Rome impériale, pas seulement pour ses propriétés thérapeutiques, puisqu’en l'an 312 il y existait près de 800 magasins vendant de l’opium et que son prix, modique, était fixé par décret de l’empereur. La récolte y était faite par scarification des capsules comme c'est encore le cas aujourd'hui. Les Arabes utilisaient également l’opium, tant pour ses propriétés thérapeutiques que pour le plaisir et ils contribuèrent à le faire connaître dans tout l’ancien monde, notamment en Inde après les conquêtes musulmanes. Sous le règne des Grands Moghols, empereurs musulmans des Indes du seizième au dix-huitième siècle, la culture du pavot et le commerce de l’opium devinrent monopole d’état. L’opiophagie se développa alors puis l’habitude de le fumer, importée de Java ou de Formose.   
C'est à Rome que sa première description scientifique en fut faite par Dioscoride au premier siècle de notre ère. Un peu plus tard, Pline l'Ancien signalait ses propriétés analgésiques et antidiarrhéiques et c'était le principal constituant de la thériaque inventée par Galien. Il était d’ailleurs largement consommé dans la Rome impériale, pas seulement pour ses propriétés thérapeutiques, puisqu’en l'an 312 il y existait près de 800 magasins vendant de l’opium et que son prix, modique, était fixé par décret de l’empereur. La récolte y était faite par scarification des capsules comme c'est encore le cas aujourd'hui. Les Arabes utilisaient également l’opium, tant pour ses propriétés thérapeutiques que pour le plaisir et ils contribuèrent à le faire connaître dans tout l’ancien monde, notamment en Inde après les conquêtes musulmanes. Sous le règne des Grands Moghols, empereurs musulmans des Indes du seizième au dix-huitième siècle, la culture du pavot et le commerce de l’opium devinrent monopole d’état. L’opiophagie se développa alors puis l’habitude de le fumer, importée de Java ou de Formose.   


L'Europe  
L'Europe  
En Europe, l’Anglais Thomas Sydenham étudia son action au dix septième siècle et mit au point une nouvelle formulation du laudanum. Cette drogue opiacée, la première à  répondre à une formulation précise, avait été inventée par Paracelse un siècle plus tôt. Sans l’opium, la médecine serait manchote et bancale, écrivit Sydenham qui en consommait lui-même de grandes quantités. D’importants personnages politiques comme Pierre le Grand, Frédéric II, Catherine de Russie, Richelieu, Louis XIV et bien d’autres en consommaient tous les jours de même qu’un peu plus tard de nombreux artistes et intellectuels comme Goethe, Shelley, Coleridge, Goya, etc.   
En Europe, l’Anglais Thomas Sydenham étudia son action au dix septième siècle et mit au point une nouvelle formulation du laudanum. Cette drogue opiacée, la première à  répondre à une formulation précise, avait été inventée par Paracelse un siècle plus tôt. Sans l’opium, la médecine serait manchote et bancale, écrivit Sydenham qui en consommait lui-même de grandes quantités. D’importants personnages politiques comme Pierre le Grand, Frédéric II, Catherine de Russie, Richelieu, Louis XIV et bien d’autres en consommaient tous les jours de même qu’un peu plus tard de nombreux artistes et intellectuels comme Goethe, Shelley, Coleridge, Goya, etc.   
Si l’opium a été pendant des siècles l’un des médicaments les plus importants de la pharmacopée en raison de ses multiples propriétés physiologiques, l’abus d’opium à grande échelle en Europe est apparu au dix-huitième siècle en Angleterre, d’abord sous forme du Laudanum de Sydenham utilisé comme apéritif puis sous forme de pilules d’opium brut vendues dans les pharmacies. Au dix-neuvième siècle, des milliers d’ouvriers en consommaient en Grande-Bretagne tandis que l’habitude de fumer le chandou se développait en France. En 1916 il y avait environ 1 200 fumeries d’opium clandestines à Paris.   
Si l’opium a été pendant des siècles l’un des médicaments les plus importants de la pharmacopée en raison de ses multiples propriétés physiologiques, l’abus d’opium à grande échelle en Europe est apparu au dix-huitième siècle en Angleterre, d’abord sous forme du Laudanum de Sydenham utilisé comme apéritif puis sous forme de pilules d’opium brut vendues dans les pharmacies. Au dix-neuvième siècle, des milliers d’ouvriers en consommaient en Grande-Bretagne tandis que l’habitude de fumer le chandou se développait en France. En 1916 il y avait environ 1 200 fumeries d’opium clandestines à Paris.   
C’est à partir de l’opium qu’au début du dix neuvième siècle l’Allemand Friedrich Sertürner isola la morphine, premier alcaloïde obtenu sous forme chimiquement pure. À partir de la morphine, fut ensuite fabriquée l’héroïne.
C’est à partir de l’opium qu’au début du dix neuvième siècle l’Allemand Friedrich Sertürner isola la morphine, premier alcaloïde obtenu sous forme chimiquement pure. À partir de la morphine, fut ensuite fabriquée l’héroïne.
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