23.04.2024 21h55 Pathétique 



C'est ridicule. J'ai pas dormi depuis environ trente heures, j'ai juste trois perles de coco dans l'bide (le fruit, tu sais), et ma dernière trace de coco dans l'pif (pas l'fruit). Et c'est ridicule. C'est complètement con de l'avoir pris. On est putain d'mardi. J'suis tout seul, chez moi, j'ai juste été faire des courses aujourd'hui, donné un papier à ma mutuelle et voilà. J'ai juste pris deux traces avant d'partir cette aprem, pour tenir le coup car j'étais complètement exténué et il fallait absolument que j'fasse c'que j'avais à faire. Bref. Chiant à mourir. J'prevoyais juste de rentrer, manger (nan, m'empiffrer des conneries hors de prix achetées à Belasie), p't'être jouer un peu et m'écrouler au pieu, tu vois. Mais en arrivant au bas d'l'immeuble, j'ai croisé "Jean-Michel raciste", comme j'l'appelle dans ma caboche (et comme j'me suis fait la réflexion en l’apercevant).

J'm'explique.

A chaque fois que j'le croise, il peut pas s'empêcher d'dire des saloperies, d'pointer l'fait que, hey, t'as vu, t'as vu ; on est pas beaucoup d'blancs dans la tour, hein. J'l'évite le plus possible, j'veux dire ; y a treize étages, j'suis au dernier et il est au 4ème. Pas énormément d'chances de s'croiser des masses, normalement. Normalement. J'bouillonne à chaque fois, j'avais encore rien dit, alors fallait bien une première. JM raciste est là, pas d'bonjour, première phrase : "T'as vu, c'est cassé, l'interphone". Pas l'temps d'répondre vraiment (ni l'envie) qu'il embraye sur des saloperies en blâmant les noirs et les arabes de la tour, en pensant qu'il peut librement vomir sa haine face à moi, "parce qu'on est blancs" qu'il dit. En entrant dans le hall, l'adorable papy Algérien d'environ 80 balais est toujours à son spot, près de la baie vitrée du bâtiment, à l'intérieur, à s'occuper comme il peut, à sortir de sa solitude habituelle en regardant les passants et en parlant avec ceux qui voudront bien lui échanger quelques mots. J'me dis alors que j'dois fermer ma bouche ; hun-hun, c'est mort, j'vais pas faire de drama, j'vais pas alimenter l'autre enfoiré à côté, j'veux pas que l'papy entende tout c'qu'il a tant à dire. Malheureusement, ça n'a pas empêché facho-man, qui a même essayé de rallier papy à ses paroles dégueulasses. J'résume car j'm'étalle ; j'ai attendu qu'on soit dans l'ascenseur, juste lui et moi, puis j'l'ai poliment mais bien sévèrement remballé. J'lui ai balancé qu'il avait intérêt à arrêter de penser que j'étais son poto white trash avec qui il pouvait se rouler dans sa merde. Qu'ça devait être dur pour un raciste comme lui, de vivre dans une tour comme celle-ci. Il est devenu blême ; ahuri de voir que j'pensais pas comme lui. Pivoine, le type, il balbutie tandis que j'continue, que j'lui dis que dorénavant, quand on se croisera, valait mieux pas pour lui qu'il m'adresse la parole. Surtout pas. Il arrive à son étage, j'termine avec un smile bien cynique et un "Sur ce ; très bonne soirée".

Pourquoi j'parle de ça ? Parce que. Parce que ça m'a tellement énervé, bordel. Ca m'a tué, et ce sac à merde m'a coupé l'appétit. Ca m'a fait vriller. Des heures que j'écoute la musique à fond. Que j'tourne en rond, comme un lion en cage. Sur la table basse ; cette dernière trace. Petite. Dans l'frigo, pas d'alcool. Mais une envie. Une putain d'envie de me bourrer la gueule et de taper de la C toute la nuit. Problème ; on est mardi, bordel. C'est toujours putain d'pareil ; un schéma de pétage de câble très bien organisé. Musique, alcool, drogue, et parfois mutilations. Une chose en entraîne une autre. Et je sais que je serais parti pour une nouvelle nuit sans dormir. Est-ce que la soirée aurait été pareille si j'avais pas croisé c'fils de keuf ? J'en sais rien. Toujours est-il que j'ai fini par la prendre, cette trace de merde. Et maintenant, le dilemme est encore plus dur ; sortir pour me racheter un demi meuj, commander un apéro minute car les magasins sont fermés, ou juste attendre ici, là, sur ma chaise, dans mon salon, comme un connard avec le palpitant à 180bpm et la mâchoire tendue comme le reste de mon corps. Probable que j'fasse une crise d'épilepsie nocturne, quand j'irais enfin dormir. Ca m'arrive que la nuit, et ce à cause de facteurs bien précis comme ; la fatigue extrême, le stress accumulé, la dope, les yeux qui fatiguent devant les écrans. Bref. J'suis saoulé. J'sais déjà que j'vais remettre mes pompes et aller retirer vingt balles. J'espère que les dealos sont là ; depuis que l'Blosne (quartier de Rennes) est entouré de keufs à cause des tirs de kalach y a bientôt un mois, on peut plus y aller. C'était H24, bonne quali. Maintenant, j'dois aller certes beaucoup plus près, à 10 minutes de chez moi à peine, mais les types sont vraiment casses-couilles, pas toujours là, ils sont vachement agressifs avec moi (j'pense qu'ils aiment pas la dégaine que j'me paye, ni ma gueule d'androgyne +++++), bref, ça me procure une bonne angoisse des familles qui s'additionne aux problématiques de l'addiction qui me pourrissent au quotidien. J'tape plus d'héro depuis deux mois environ. Mais la coc, ça y va. Tout seul, comme ça, sans teuf, juste moi. Juste moi. Pathétique.

Catégorie : Carnet de bord - 23 avril 2024 à  22:36

#coc #cocaïne #pathétique #rennes #Schéma #seul #alcool

Reputation de ce commentaire
 
T'es loin d'être pathétique. T'es juste lucide. Nils



Commentaires
#1 Posté par : HystericFagg 24 avril 2024 à  03:12

SUITE



01h09 -

Bien. J'ai effectivement remis mes pompes, mes frusques, direction dealos. D'habitude, ces gars fonctionnent que par "demi" de 20 balles : c'est jamais vraiment clair niveau poids mais généralement ça se situe autour de 0.4 et des brouettes (ce qui passe, pour 20 balles, in my opinion), qualité moins bonne qu'au Blosne mais pas dégueu non plus, bref, plutôt correct. Cette fois, le gars m'a demandé si je voulais un 20 ou un 30. J'étais surpris, j'ai essayé de lui parler pour que ce soit plus clair, si il s'agit d'un demi ou de plus, mais comme d'hab ; le type est resté super évasif avec un seul mot grogné en guise de réponse, soutenu par un regard noir, genre vraiment noir. Rien à voir avec les types du Blosne qui étaient vachement pro, toujours sympas, des bons vendeurs qui captaient que c'est pas en traitant tes clients comme de la merde que ça va aider ton biz (tous les profiles de gens passaient sans se faire frontalement juger, peu importe ta dégaine, peu importe si t'es queer, androgyne, punk/punk à iench, weirdo 8000 et autres), enfin... tout est relatif, justement. Là, ils savent très bien que les gens se tournent désormais vers eux (ceux de mon quartier), à défaut d'avoir d'autres endroits assez fixes et pas chiadés. Du coup, ils s'en branlent et sont désagréables de ouf. Ca me fait me sentir comme un iench ; une serpillère sur laquelle tu peux essuyer ta merde sans conséquence, car l'addiction passe devant ma putain de fierté, bordel. Le gars me marmonne donc une non-réponse que j'entends à peine, qui consiste à me dire, j'pense, que le demi est passé à 30 balles au lieu de 20. Mais franchement, c'était impossible de capter avec sa foutue réponse. Résultat, c'est qu'en ayant le keps de 20E en main que j'ai capté qu'y avait grave moins. Encore plus en rentrant chez moi et en ouvrant le machin. Résultat, moi qui pensait que j'allais pouvoir profiter de ma nuit avec mon habituel demiApeuPrès, bah là en 3/4 traces moyennes, c'est torché.

Long et lourd soupir.

Le serpent se mords la queue. Le mal être et le stress ne passent pas car je n'en n'ai pas assez. Tu sais, l'appréhension de la dernière trace. Le pseudo "rationnement" sous forme de petites lignes et de sniff moins réguliers. Puis l'argent dépensé avec la sensation de s'être fait niquer. Et là, l'envie de rabla. Mais on est sur le même bail, en ce moment. Sans parler du fait que ceux qui en ont sont pas à côté de chez wam, cette fois, et que c'est beaucoup trop loin à pieds (plus d'métros à cette heure là), donc no way d'avoir ça cette nuit. Rien à picoler non plus, alors j'ai pris un peu plus de xanax que mon comprimé de 0.50mg journalier du soir (il faut savoir que je prends du xanax tous les jours depuis 2019. Mais je n'ai pas un rapport d'addiction, avec. Je le considère réellement comme mon traitement et je l'utilise, la grande majorité du temps, tel qu'il se doit. A savoir : un à deux comprimés le soir avant le coucher -généralement 1-, avec la possibilité d'en prendre si besoin dans la journée pour mes troubles anxieux et ma dépression chronique). Je sens que ça fait effet et que ça apaise un peu l'envie de boire. Et, à ce propos, je n'ai jamais été alcoolique, contrairement à la majorité des hommes de ma famille, côté paternel. Je ne pense pas être dans le déni ; jusqu'à 2020 et son foutu covid, je buvais donc dans les bars et en sorties, mais objectivement peu. Je n'aimais pas le goût de l'alcool, tous confondus, et je devenais très malade si je buvais trop (ce qui a longtemps eu un rôle répulsif). Mais, comme dis juste avant, 2020 est arrivé. La suite, on la connaît tous. A cette période, je ne fumais plus que des pétards(peu), majoritairement à but sexuel car ça décuplait ma libido. Clean, à part pour des occasions spécifiques, quelques prises de taz/lsd avec mon ancien meilleur pote quand j'allais le voir à Paname, mais c'est tout. Aussi, quand je dis "clean", je parle plutôt de mes "principales" et plus grosses addictions (héroïne en n°1, suivi de très près par la C). Bref, et donc ; j'ai commencé une des pires dépressions de ma vie en automne 2019 (que je ne détaillerais pas ici, c'est déjà assez de parenthèses dans des parenthèses), je commençais tout juste à sortir légèrement la tête de l'eau quand le covid a frappé, et durant les mois qui ont suivi la première "phase" de la pandémie, mon "caractère"/"gène" addict s'est intensifié. Ce qui m'a sauvé de retomber dans la came à cette période était principalement grâce au fait que j'avais supprimé tous mes contacts, que ma dealos (et also pote) avait déménagé dans une autre ville, que l'uberisation de la dope était plutôt nouvelle et j'étais totalement étrangé à ce mode d'achat. Il fallait absolument que je trouve quelque chose pour ne plus être si lucide chaque jour. J'ai compensé avec la bouffe (mangeur compulsif, prise de 15 kg en à peine 1 an, c'était dur), puis je me suis finalement tourné vers l'alcool ; dernier recours légal et disponible partout. J'ai rapidement réalisé qu'en buvant je n'étais plus malade, et que je pouvais me mettre des mines sans gerber partout. Très vite, je me suis mis à boire chez moi et à développer une -relativement faible- dépendance. Ca m'a suivi tout le temps de la pandémie. Je ne buvais pas tous les jours, mais plusieurs fois par semaine, des bières fortes comme la chouffe cherry ou la rince cochon red, à me faire des bouteilles de punch solo... je picolais beaucoup avec mon ancien meilleur pote via zoom ; on ne réalise qu'on est seul que lorsque la conversation s'arrête et que le silence s'impose violemment. Ensuite, lorsqu'il y a eu la réouverture des commerces, bars et tout le reste, la consommation d'alcool en solo est devenue moins fréquente. Désormais, et je n'en n'avais pas conscience à 100% (ou alors je considérais ça comme dérisoire, ce que je pense toujours un peu), je réalise que je picole beaucoup. Presque exclusivement dehors, avec les amis en terrasse, en bars, en sorties, et c'est cette différence qui rends la chose plus sournoise. Sortir seul est aussi assez fréquent car je vais dans le bar queer de la ville, j'y connais beaucoup de personnes ce qui me garantis de ne jamais vraiment être seul, là bas. Aussi, quand je sors seul, je n'ai pas cette pression de devoir être en hypervigilance quant à mon comportement à cause de la C. Ca me permets de relâcher la pression et de jouir d'une sensation de liberté que je n'ai plus. J'ai donc -tardivement, heureusement- découvert le combo de picole +++ et coc' +++. Le fait est que je suis très addict à ce mix à présent, et je me surprends donc, comme ce soir, avant même d'être défoncé à la C, de ressentir un besoin, aussi pressant et insistant que celui de la nicotine, de boire ces putains de bières. Et c'est là que ça déclenche la sonnette d'alarme, en mode "Attention, tu viens d'une famille d'alcooliques morbides, t'es sur une pente vachement glissante". Ca me questionne sans trop m'inquiéter. Mais c'est sûr que, maintenant, ça m'arrive souvent d'avoir envie de boire quand la C monte.

On est deep deep dans le cercle vicieux d'une addiction en amène à une autre. Et encore, j't'ai pas encore parlé de ma pratique de chems, mais ça sera pour un autre post qui, j'espère, ne sera pas aussi indigeste que celui-ci (je m'excuse d'avance. Mais je constate que ça me fait du bien de partager ces choses avec honnêteté). Bon courage à celles et ceux qui auront eu la patience, l'énergie et l'envie de tout lire. Je me sens un peu mal et la peur d'être justement jugé comme IRL, un peu... mais je sais bien, objectivement et après des heures de lecture ces derniers jours, que je suis à ma place ici. Lot of love !


 
#2 Posté par : Sreconnor 24 avril 2024 à  10:15
Toujours beaucoup de Love ici, j’ai pris le temps de te lire et ptn oui j’étais pareil le combo coke et alcool est très très bon.. on a l’impression de pouvoir boire à l’infini

Au plaisir de te lire,
Take care smile

 
#3 Posté par : HystericFagg 25 avril 2024 à  03:24

Sreconnor a écrit

Toujours beaucoup de Love ici, j’ai pris le temps de te lire et ptn oui j’étais pareil le combo coke et alcool est très très bon.. on a l’impression de pouvoir boire à l’infini

Au plaisir de te lire,
Take care smile

Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me lire !

Et putain, c'est grave ça, exactement ; la sensation de pouvoir boire à l'infini. C'est vraiment quelque chose de nouveau, pour moi. L'association des deux, j'veux dire. Donc à "surveiller", pour ma part !

Encore merci pour la réponse heart


 
#4 Posté par : Nils1984 25 avril 2024 à  10:10

HystericFagg a écrit

Sreconnor a écrit

Toujours beaucoup de Love ici, j’ai pris le temps de te lire et ptn oui j’étais pareil le combo coke et alcool est très très bon.. on a l’impression de pouvoir boire à l’infini

Au plaisir de te lire,
Take care smile

Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me lire !

Et putain, c'est grave ça, exactement ; la sensation de pouvoir boire à l'infini. C'est vraiment quelque chose de nouveau, pour moi. L'association des deux, j'veux dire. Donc à "surveiller", pour ma part !

Encore merci pour la réponse heart

Ciao...

Encore pire quand la C que j'ai consommé entre 2015 et 2018 uniquement en I.V (le sniff je l'ai réservé que pour la râbla), maintenant, à court de ces putains de benzos (qui de toutes façons ne me font plus rien) je switch avec des bières fortes immondes, que je choure dans le casino local qui plus est (fin de mois, fin du monde, même ordre d'idée)... l'alcool pour moi ces deux dernières années est nouveau aussi, JAMAIS, après toute la déchéance que j'ai vu de mes semblables quand je vivais à la rue, je ne buvais seul. C'était seulement occasionnel, ou en bonne compagnie. Je n'arrive jamais à me souler la gueule. La pente, fréro, la pente... que faire ? A quoi bon ? Rien, sombrer progressivement dans le nihilisme le plus permissif qui soit, et éviter les zones rouges. Sorry, ce matin j'oscille entre la survolte et l'à-quoi-bonnisme. Je n'ai pas/plus la force nécessaire pour écrire un billet, mais sache fréro que je suis de tout cœur avec toi. Et advienne que pourra. Fuck life.


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