Bonjour à tous-tes, aujourd'hui j'ai envie de donner mes sentiments face à un sujet qui m'attriste un peu. Ce n'est peut-être pas le meilleur endroit pour ça, parce qu'ici les jugements et les stéréotypes sont rares, et je tiens à dire que ce n'est pas vous, chers psychonautes, que je vise. Mais finalement je pense que la communauté psychoactive est bien la mieux placée pour comprendre ce que j'ai à exprimer... et puis j'en ai besoin, crotte de bique.
Il y a, au sein de la culture "free party", un phénomène inconscient, qui participe de sa mauvaise réputation. Une confusion est souvent faite par les acteurs mêmes de la communauté : celle qui consiste à considérer la free party est un monde de drogués dont la musique n'est écoutable que sous l'emprise de drogues.
Certains teufeurs aiment ainsi se jouer de leur statut d'UD pour faire de la teuf, aux yeux des gens extérieurs et des naïfs, un monde de débauche qui serait malsain, en ce qu'il laisse une libre place aux échanges de drogues. C'est le problème universel de la subjectivité qui en ressort : il est difficile de faire admettre à quelqu'un, qui trouve sa prise de drogue excessive/malsaine et qui l'impute à la free party, que le problème n'est pas intrinsèque à cet environnement mais à sa propre manière de l'avoir appréhendé.
Donc nous nous retrouvons face à un paradoxe : non seulement ceux qui sont extérieurs à la free et qui en sont les détracteurs inventent des stéréotypes incongrus pour justifier leur position, mais ceux qui font partie intégrante de la communauté propagent et s'amusent de ces stéréotypes, aimant parfois à se considérer eux-même comme des êtres malsains et peu fréquentables. Mais imputer à un environnement un caractère malsain du fait de son caractère libre est se tromper de cible : chacun doit faire face à sa responsabilité face à son propre devenir.
Pour certains, la free sera alors un espace de trop grandes tentations : mais ce n'est pas une faute que l'on peut rejeter sur la liberté même de cet espace, si lesdites personnes ne sont pas en capacité d'appréhender au mieux leurs propres limites, pour se diriger vers ce qu'ils considèrent être le mieux pour eux. Ici il n'y a aucun jugement de valeur, seulement une constatation qui nous touche tous-tes plus ou moins. Cet argument va à l'encontre de la culture même de la free, qui désavoue notre politique de l'autruche, celle-là même qui considère que, pour faire de la "prévention", il vaut mieux interdire aux gens d'user de leur liberté et de leur entendement pour juger eux-mêmes de leurs envies et de leurs capacités.
La free party est un monde alternatif, dont la liberté se ressent notamment dans l'utilisation décomplexée de substances illicites ; mais la free party ne fait aucunement l'apologie des drogues, elle fait l'apologie de la libre conscience de chacun à user de son existence comme il le souhaite. Si l'utilisation des drogues peut alors être liée à cette liberté inhérente à la free party, elle ne l'est en aucun cas avec la musique elle-même. Certains, ayant coutume de lier les deux dans leur quotidien ; considèrent de ce fait que la tekno est un genre qui ne s'apprécie qu'en usant de substances.
On peut comprendre une certaine métaphore entre les drogues et la tekno. En effet la tekno est un genre ; qui se ressent, s'éprouve, et rappelle à nos corps leur rapport intrinsèque à la basse, aux vibrations, au son. Dans la core, nos mouvements instinctifs se souviennent de la douce violence d'une Nature essentielle qui s'éveille, dont tous les composants s'entrechoquent, se complètent ; et elle fait ressortir au dehors le chaos primitif des corps qui se meuvent ensemble.
C'est pour ces raisons que la tekno est souvent liée à l'usage de drogue dans nos conceptions : car les substances psychoactives peuvent amener aux mêmes sortes de constatations métaphysiques. En cela je dirais que, la tekno n'est pas une apologie de la drogue, mais elle en est une belle analogie. C'est cela qui crée la confusion : la tekno étant un genre qui nous fait ressentir des choses que l'on a l'habitude de juger "perchées", parce que l'on aime souvent à se dire (dans un effort constant pour ne pas apparaître ridicule aux yeux d'autrui) que certaines réflexions poussées ne sont rattachables qu'à la prise de drogue ; on en induit alors que les deux sont liées.
Mais on pourrait en dire de même du rock psychédélique, par exemple : et le fait qu'on ne fasse pas cette corrélation prouve qu'il y a une confusion entre le caractère libéré du monde de la free party et la musique en elle-même. Combien de fois ai-je tapé incessamment du pied pendant des heures, bien consciente qu'autrui me jugerait perchée, et pourtant je n'étais désinhibée que par ce puissant déferlement de basses qui me connectait aux caissons comme aucune drogue ne pourrait le faire.
Aussi, méjuger de jeunes personnes parce qu'elles aiment ce son-là, lorsque l'on fait parti de cette communauté, revient encore à assimiler des choses bien distinctes. Pourquoi serait-ce mal qu'un enfant aime la core, au même titre qu'il pourrait aimer le jazz ? Pour aucune raison, si ce n'est que l'on se rend soi-même conforme à l'idée qu'ont de nous les gens qui nous discréditent. Arrêtons alors de propager cette idée selon laquelle notre marginalité nous rendrait malsains ; ce n'est pas parce que, comme dans tous les milieux festifs, des comportements malsains existent au sein de notre communauté, que nous le sommes intrinsèquement.
La free party n'est pas malsaine. Ce qui l'est, c'est d'accepter sans étude de la considérer comme telle, et de s'en accommoder, car il nous plaît d'être marginaux. Ce qui l'est, c'est de dire aux jeunes de ne surtout pas venir, de ne surtout pas faire comme nous, au risque de se perdre. Cette attitude, non seulement sacralise l'usage de drogues, en le montrant comme l'inévitable conséquence d'une liberté que l'on nous octroie, et banalise du même coup les arguments bas de caisse de nos détracteurs.
Camarade amateurs de fête libre, ne tombez pas dans ce paradoxe ! La teuf, la liberté, la drogue, tout cela ne devient malsain que lorsqu'on l'appréhende de cette façon. Et pour tous ceux qui ne pourraient pas profiter d'une fête, d'un son, sans substances ; vous n'êtes pas à méjuger, c'est votre choix libre et éclairé, mais n'en faites pas à tord le leitmotiv de tous ceux qui apprécient la tekno dans les bois. Ne faites pas cette confusion qui fait passer cette passion musicale que beaucoup d'entre nous ont pour une attitude de débauche malsaine et inconsidérée.
La réduction des risques est primordiale dans tout milieu qui nous permet la libre disposition de notre corps, et cette RdR, chez psychonautes, vous savez bien qu'elle ne peut pas consister en un dénigrement de tout ce qui nous permet de nous sentir libres de nos choix. Elle doit passer par une documentation éclairée, qui devient impossible lorsque la diabolisation commence.
Merci à ceux qui auront lu ce petit pavé, n'hésitez pas à commenter, je vous aime tous
ps : en me relisant je me rends compte que mon texte a l'air hyper formel et rébarbatif ^^ désolée pour ça, suis pas chiante vous jure
Catégorie : Réduction des risques - 07 novembre 2018 à 14:46
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EsmeraldaStark a écrit
Bien à vous tous, et vive la free party !
Merci beaucoup ! "rallier le plus d'âmes positives possibles" j'adore cette expression, haha !
Tu as tout à fait raison. Ce qui nous lie quand on tappe tous du pied devant un mur de son dans les bois, c'est assez magique comme expérience pour qui a cette appétence-là. Ressentir le son comme ça, ensemble, et se mouvoir comme d'un seul corps... Se sourire mutuellement, sans jamais se demander "pourquoi il m'regarde celui-là ?" parce qu'on SAIT qu'on est tous en train de kiffer le moment, sans peur, sans haine, en s'acceptant tous... C'est beau
Core a Corps a écrit
Il y a, au sein de la culture "free party", un phénomène inconscient, qui participe de sa mauvaise réputation. Une confusion est souvent faite par les acteurs mêmes de la communauté : celle qui consiste à considérer la free party est un monde de drogués dont la musique n'est écoutable que sous l'emprise de drogues.
Oui j'ai toujours trouvé ça dommage. Comme si la fête sans prod n'était pas une fête...parfois je vois des gens consommer sans en avoir en vie... ce coté systématique..
Donc nous nous retrouvons face à un paradoxe : non seulement ceux qui sont extérieurs à la free et qui en sont les détracteurs inventent des stéréotypes incongrus pour justifier leur position, mais ceux qui font partie intégrante de la communauté propagent et s'amusent de ces stéréotypes, aimant parfois à se considérer eux-même comme des êtres malsains et peu fréquentables. Mais imputer à un environnement un caractère malsain du fait de son caractère libre est se tromper de cible : chacun doit faire face à sa responsabilité face à son propre devenir.
Oui, CERTAINS sont en mode #yolo , "Popopoooo"
et se mettent mal + fouttent la honte à tous les usagers un minimum responsable. APrès on s'est tous mis minable un jour au l'autre, en teuf ou ailleurs. Mais bon là où la plupart tiennent la route, certains viennent (en plus de relâcher la pression) foutre un peu le seum... soit en se comportant comme des fifrelins (déchets, agressif avec les nanas, collants alors que tu veux clairement pas de ça maintenant etc.) Heureusement qu'il y a en général une good vibez
Aussi, méjuger de jeunes personnes parce qu'elles aiment ce son-là, lorsque l'on fait parti de cette communauté, revient encore à assimiler des choses bien distinctes. Pourquoi serait-ce mal qu'un enfant aime la core, au même titre qu'il pourrait aimer le jazz ? Pour aucune raison, si ce n'est que l'on se rend soi-même conforme à l'idée qu'ont de nous les gens qui nous discréditent. Arrêtons alors de propager cette idée selon laquelle notre marginalité nous rendrait malsains ; ce n'est pas parce que, comme dans tous les milieux festifs, des comportements malsains existent au sein de notre communauté, que nous le sommes intrinsèquement.
La free party n'est pas malsaine.
Messie la freeparty et la teknau c le mal
Core a Corps a écrit
Merci @Rick !
Ouaip c'est ça aussi que je trouve dommage.
En boîte tu as la course à la bibine, celui qui arrêtera de boire le premier sera décrété tapette de la soirée !
Et malheureusement on retrouve parfois la même chose en teuf, avec certains prod... Combien de fois j'ai entendu "ouais lui il a pris qu'un demi tazz MDR et il été trop perché alors que moi j'en ai pris deux" ou "AH OUAIS tu coupes ton carton EN QUATRE" à la limite de me traiter de femmelette^^ eh oui les cocos je fais c'que je veux de ma conso et c'est certainement pas la peur de passer pour une tarlouze qui me fera me mettre en danger !
Chacun fait ce qu'il veut de son corps, mais bordel cette course à celui qui sera le plus clean tout en ayant le + gobé c'est désolant (c'est pas comme si le but était de se défoncer, nooon faut paraître normal en plus^^)
Enfin bon, encore une fois, et heureusement, ça dépend qui, et l'ambiance de la teuf reste à mon sens beaucoup plus saine sur ce plan là que les boîtes que j'ai pu fréquentées. Et oui, on s'est tous déjà mis mal, alors je juge pas, haha, même si je trouve ça triste qu'une bonne perche censée s'apprécier au max devienne juste une "injonction sociale" dans certains cas, alors que justement on est en teuf pour revendiquer une envie de se détacher des conventions et de faire la fête librement !
En même temps on est tellement en compétition..Dans sa fraterie, à l'école, face à ses amis, ses voisins, ses collègues.
Donc quand on arrive en teuf, on est conditionné. Le concours de bite continue sauf que là ouais on parle de dope.
Et une surdose non récréative ça peut être traumatisant, du cannabis au lsd en passant par la kétamine, la mdma ..laisser des séquelles.
J'aime énormément le logo de l'assoc' rdr "plus belle la nuit" pour ça :
(ici la mdma mais valable pour tout produit)
ça me fait toujours pitié à lire ici ou à voir AFK des personnes surdosés qui bad x1000...
Rick a écrit
En même temps on est tellement en compétition..Dans sa fraterie, à l'école, face à ses amis, ses voisins, ses collègues.
Donc quand on arrive en teuf, on est conditionné. Le concours de bite continue sauf que là ouais on parle de dope.
Et une surdose non récréative ça peut être traumatisant, du cannabis au lsd en passant par la kétamine, la mdma ..laisser des séquelles.
Complètement, c'est pas un truc inhérent à la teuf, c'est juste une transposition d'un comportement social habituel à cet environnement là...
Je trouve ça dommage, non seulement parce que comme tu le dis ça peut déclencher des traumastismes, et puis ça participe à la diabolisation des substances. Par exemple, combien de gens m'ont dit "ne touche jamais au LSD c'est le sheitan tu perds le contrôle", alors je ne dis pas que c'est impossible avec de faibles dosages, mais tout de même, ces personnes là en général prennent des cartons entiers, qui redrop compulsivement sans connaître leur appétence au produit, et le dosage de ce dernier... Alors c'est sûr que la perte de contrôle est vite arrivée. Et une fois que t'as fait un bad, tu as tendance à l'associer au produit lui-même, et non à une surdose éventuelle...
Je pense avoir aidé à éviter bon nombre de bad en disant simplement à mes potes "tu sais, c'est un produit fort et imprévisible, fractionne-le ça vaut mieux" ou rien qu'en leur montrant que moi, je les coupe en quarts, et que je n'en ai pas honte une seconde...^^
PS : j'adore cette image, bien vu hehe
pierre a écrit
Je n’ai jamais fait une free sans drogue, et pour moi ça n’aurait aucun sens de se dire « aujourd’hui je fait une free clean juste pour la beauté de la musique »
Car c’est pas tant la musique qui est importante que vivre une expérience différente que d’habitude (l’ambiance de liberté mais aussi d’etre Tous défoncés, les discussions dans le camion, être en Trans devant le son, ...). Et ça je n’ai jamais pu l’atteindre autrement qu’avec des drogues.
Salut Pierre, tu cite toi même que tu n'a jamais pue atteindre cet état émerveillement de juste vivre et ressentir le temps d'un week end sans être défoncer, et que pour toi ça n'aurait pas de raison d'être.
Chacun voie midi a sa porte comme ont dit, j'ai fais plusieurs free festival sans drogue est ça ma beaucoup apportée sur comment je me ressens avec et sans drogue, nombre de fois ou des morceaux ou liveset mon tellement mit en transe que je me sentais pris d'une montée d'euphorie a y rester et danser tous du long sans avoir une once de drogue dans le sang.
(autre que cannabis & alcool)
Comme citée plus haut ont a tous nos sensibilités différentes selon les individus, pour moi la musique seul crée un engouement ou quelques choses semblable a l'analogie dont parle corps a core, elle libère la sérotonine dans mon corps et je me sens bien. Même que je m'amuse a jouer a moduler des lignes de bass chez moi a la triturer dans tous les sens pendant des heures rien que cela permet d'établir a un voyage, comme la musique en général pour tous les genres..
Je ne juge personne je pense juste qu'il faut aussi des gens qui ne consomment pas en teuf, d'avoir des gens lucide permet aussi de ce recentrer et repartir un peut plus équilibrer.
Anonyme813 a écrit
la tekno est un genre inécoutable sans drogue
...(je veux dire personnellement, mais j'en fais pas du tout une généralité, je vois bien que ce n'est pas ça !).
Et en plus, à vrai dire, j'exagère, mais c'est plutôt comme si, dès que j'écoute du son techno (qu'en vrais je ne connais pas bien du tout), j'ai comme une sorte d'excitation intranquille qui m'envahit, un fourmillement qui me donne graaaave envie de consommer (du speed principalement, mais de l'md aussi). Mais je crois c'est parce que pendant longtemps j'ai presque exclusivement écouté ça en teuf et en teuf on y allait pour l'ambiance, la teuf, un peu le son, mais aussi la défonce...
Donc des fois (surtout après avoir vécu avec des gens adonf de techno hors contexte teuf, amis bien adonf de speed aussi, au passage), ça m'arrive aussi que quand je me sens un peu limite, colérique contre ce monde de merde, vraiment pas très posée, j'ai envie d'écouter de la techno (comme en ce moment même, c'est la raison pour laquelle je suis tombé sur ce billet :).
En teuf sans prod ça m'est arrivé rarement, l'année dernière, une petite teuf en contexte urbain (bon à vrai dire c'était pas une super ambiance), mais j'avoue que je me suis barrée vite et...je suis allée pogoter à un concert ...sans prod non plus cette fois là, mais j'étais adonf, tout d'un coup je me sentais super bien et je me suis dit que quand même, la musique qu'on aime et nous parle peut envoyer du lourd !!! (après c'était pas vraiment un choix conscient, plutôt la dèche !!!)
En tout cas, je te suis complètement dans l'importance de réfuter les généralités !
Et vive les lieux/moments libres, autorganisés, sans argent, avec ou sans prod, avec ou sans techno !!!
krash a écrit
Salut,
...
parce que si un lieu est choisi, c'est qu'on l'aime un minimum et qu'on y tient. C'est une plus-value temporaire apportée à un territoire inoccupé et en latence, le temps d'un événement éphémère qui ne portera préjudice
...
Et OUI!! La musique attire, même sans drogue. Pour s'en apercevoir, rien de plus simple: Restez jusqu'à la fin. Et demandez-vous pourquoi, le ventre vide, malgré la faim et la soif, vous ne souhaitez toujours pas partir.
Très belle conclusion...