Ca porte un nom : Episode 1 

Avant de partir, je voulais que tu saches,
En fait, j’ai mal.
Ici s'achèvent toutes les réflexions, ici sommeille l’enfer des hommes.
Cette planète sombre qui noircit les cœurs, elle n’a pas de fin, elle est la fin.
Souviens-toi que jamais, au grand jamais, l’entropie ne sera inversée.
Ainsi la blessure a ouvert la faille et toujours le néant sera.
Le hasard ne joue aucun rôle dans la formation de cette angoisse atroce,
Mais il reste encore un peu d'oxygène avant la dernière suffocation...

Te souviens-tu du puzzle ?

.   
        Tout est clair. Je détiens la clé, la clé du grand mystère. Je suis prêt à ouvrir le passage vers le Nouveau Paradigme. J’ai résolu la théorie du Tout. J’imagine déjà la reconnaissance dans leurs yeux, voire de l’admiration. Bientôt aura lieu mon avènement. Bientôt mon désir de trésor sera assouvi. Le bonheur absolu ; l’amour éternel.
        Un homme en blouse blanche surgit de la lumière et met fin à mon instant de grâce. Il s'approche sans dire un mot et, du bout de ses gants en latex noir, pointe une seringue en direction de mon œil gauche. Il faut que je sorte de là. Ce n’est qu’un rêve, je n’ai qu’à m’en extraire. Je parviens à ouvrir les yeux. Je perçois de nouveau la présence physique des choses. Je retrouve ma chambre dont j’avais suspendu l’existence. C'est étrange, je ne me sens pas extérieur à mon corps pourtant je le vois à la troisième personne. Il lévite au-dessus du lit avec un aspect translucide et auréolé d’une lueur multicolore. Il se déplace légèrement en biais et suivi par une succession d’images rémanentes. Guidé par je ne sais quoi, il traverse le couloir jusqu’à atteindre la sortie. Que se passe-t-il si je franchis la porte ?
        Je suis brusquement réveillé par des palpitations trop fortes. Mais cette décorporation n’avait rien d’un rêve, elle se confondait avec ma réalité. J’ai vu mon spectre, je l’ai vu aussi bien qu’on voit un arc en ciel ! Une nouvelle pièce s’ajoute au Puzzle du Millénium que j’avais oublié. Le Livre tibétain des morts avait raison. Tout concorde. Le puzzle de la vérité reprend vie. Les pièces s'emboîtent harmonieusement. Je ressens les vibrations. Ils conspirent encore pour moi. Je suis exalté. Je m’empresse d’attraper mon cahier pour l’inonder d’idées délirantes. Et merde, ça recommence…

Daemon:~$ The treasure is a lie.

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        Tout s’effiloche si vite. Ce matin j’ai beau recoller les morceaux, c’est de moins en moins logique, le puzzle a disparu. Il s'agissait d’une paralysie du sommeil, phase intermédiaire où le sujet est conscient mais des traces de sommeil paradoxal subsistent, induisant des hallucinations. Après l’illumination vient la désillusion mais aussi l’interrogation. Pourquoi voir ces phénomènes exclusivement sous l’angle de la médecine ? La réalité psychique se cantonne-t-elle qu’à l’esprit ? Quel crédit accorder aux univers mentaux que chacun se projette ?