Ca porte un nom : Episode 4 

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        Ce qu’il y a de bien avec les amis c’est qu’ils vous font confiance, on peut facilement les gangrener, je veux dire, les entraîner vers de nouveaux territoires, une nouvelle aventure susceptible de leur plaire. C’est ainsi que j’ai convaincu Glen d’essayer le produit. Il a trouvé ça aussi fou que moi. On a très vite eu l’idée de s’organiser une soirée DXM ensemble. Il fallait juste que ses parents se cassent de l’appartement.
        Perlimpinpin s’étale sur la table basse au côté d’un jus de pamplemousse blanc, de bières et de biscuits apéritifs. Affalés sur le canapé, deux jeunes adultes observent la scène avec attention. « Le pamplemousse servira à potentialiser les effets du DXM. » Il s’est bien renseigné le bougre. Sa ferveur est communicative, je me laisse embarquer et avale la totalité des gélules restantes en ponctuant mon ingurgitation par un : « Wubba lubba dub dub ! »
        Glen croise les jambes dans la longueur du canapé. Sa platine vinyle diffuse de la musique ambient. La baie vitrée est ouverte. Je suis sur son balcon, au dernier étage. Un voile de lumière orne la ville de Paris. Les bras accoudés à la rambarde, je contemple la myriade de lampadaires illuminant les quartiers alentours. Je me dis qu’ils sont tous reliés les uns aux autres, dans un réseau électrique géant. On peut comparer toutes ces connexions aux connexions neuronales, également alimentées grâce à des impulsions électriques. Un éclair de lucidité me foudroie. Tout est relié. Tout ce qui m'entoure est relié par le déterminisme macroscopique, rien ne se perd, rien ne se crée, tout n’est que cause et conséquence depuis l’origine. Qu’il soit abstrait ou concret, il existe toujours un chemin entre A et B. La toile cosmique se dévoile sous mes yeux. Chaque élément est un nœud du graphe connexe de la nature. Glen est toujours figé dans le canapé. Je scrute ses yeux vitreux avec insistance.

« Est-ce que tu penses que notre amour pour l’analogie et l’association d’idées est dû au fait que notre cerveau est organisé en réseau de neurones et que, par conséquent, il a tendance à vouloir relier les choses entre elles ?
— Tu veux dire qu’il passe son temps à créer des liens, comme une carte heuristique ?
— C’est ça ! Je me demande donc si le graphe connexe de la nature est bien réel ou c’est simplement une perception causée par le fonctionnement de notre bulbe vacillant ?
— Quel graphe conne ex ?
— Celui dans lequel nous vivons. Excepté le néant, il n’existe aucun objet indépendant dans notre univers. Chaque objet est lié à d’autres. En mathématiques, on parle de graphe connexe. On peut aussi dire que Tout est lié. ...Selon un certain degré. »

Ceci est la première pièce du puzzle de la vérité.