Catégorie : Paroles de femmes - 16 janvier 2017 à 00:25
1
Certes le flash vaut tous les orgasmes du monde, mais ne pas être "comme eux"... Regarder les brebis et penser, sourire en coin, et ironie dans les yeux "mon pauvre, si tu savais ! mon pauvre avec ta petite vie étriquée, non je ne suis surtout pas comme toi ... pauvre qui flippe rien qu'à l'idée que tu vas prendre un PV parce que tu n'as pas mis assez de pièces pour ton parking .... parce que tu risque, risque juste de te faire arrêter et que tu n'as pas tes papiers ... Peur, peur, peur, vous avez tous peur. Peur de tout et peur de rien. Moi je vous dis même pas peur nananère.
J'avais aussi ce genre de pensées, "je ne suis pas un mouton, j'ai les couilles de me défoncer etc...". Si tu regarde la chose d'un point de vue neurologique et que tu t'extrait de tout jugement de valeur, la prise de drogue comme le crack ou l'héroine accentue l'importance de la partie reptilienne de ton cerveau (impulsions, besoins primaires), en réduisant les autres zones plus évoluées. Bon c'est une théorie qui a pris de l'âge, mais pour simplifier je la trouve pas mal. Ducoup c'est peut être des moutons, mais en tant qu'usager on est des reptiles. Un peu moins glamour vu comme ça ^^
... Parce que souvent je me dis, que cette addiction, plus qu'un besoin incommensurable d'une substance, c'est une profonde revendication identitaire. Un refus d'être le xième mouton d'un troupeau ... bêêêhhh.
quand on voit à quel point le crack est
(pas toujours, mais souvent; depuis que l'héro fait un peu moins peur...) stigmatisé comme la pire des drogues© dans pas mal de milieux;
et faut avouer qu'entre UD il y a aussi des "clichés"; j'ai déjà entendu "crackhead" (ou autre mot d'argot) utilisé comme une insulte, ou des trucs du genre:
"regarde moi ça, ça fait la queue dès le matin comme des moutons en attendant le dealer, qui prend bien son temps pour leur montrer qui est le loup ici... les pauvres..."
Ou alors:
"bon j'abuse un peu sur le XXX ces derniers temps, mais ça va, c'est pas comme si j'étais un crackhead haha"
C'est donc rafraîchissant de lire un peu moins de misérabilisme sur le crack/base :)
Tess a écrit
Vas-y, écris nous tes "cascades d'histoire" !
Bien que dans une situation très différente de la tienne, je me retrouve tellement dans le "si vous saviez"... Si vous saviez ce qui se passe quand vous fermez ma porte...Vous me croyez des vôtres ? Je suis parmi vous, oui, mais ne suis pas comme vous...
+1 pour les cascades d'histoires!
Pour le reste, ça serait marrant que le TS et toi vous soyez croisés dans la rue, chacun dans son délire "si vous saviez, haha reste ta petite vie trop naze"
Mais d'un autre côté vous ne savez pas non plus ce que tous ces gens font quand la "porte est fermée"... et beaucoup ont surement, hélas, un secret beaucoup plus sombre que de simplement consommer un prod...
MT
Je vous concède que cela demande une puissante volonté. Mais on, maintenant je, y arrive. Peut-être aussi parce que ma fascination pour le sordide et le glauque est aussi forte que mon aspiration au beau, au clean et au sain. Vous l'avez compris, je suis pleine de contradictions. Je peux baser pendant des jours tout en avalant des antioxydants, épuiser mon organisme tout en lui apportant des nutriments ... so on.
C'est une si grande lutte contre soi même ! La part reptilienne est primale, puissante. Lutter contre elle, ça épuise. On a plus le temps de profiter de la vie, et le plaisir brute de la conso se paye par l'absence totale de tranquillité tout le temps ou tu ne consomme pas (avant que le plaisir de la conso disparaisse lui aussi).
Je partage la fascination pour le glauque et le sordide. Mais arrêter d'entretenir le cercle vicieux, ça te permet de tellement moins souffrir, de tellement moins lutter contre soi même. Maintenant, ne serai-ce que faire une lan avec mes pots me procure un plaisir bien moins vif pharmacologiquement, mais infiniment plus ... nourrissant !!! La vie de reptile, faut avoir les couilles effectivement. Je préfère celle du mouton, et arrêter ma conso ne fait pas de moi quelqu'un qui ne s'interroge pas sur le sens de la vie. Prendre soin de soi, c'est cool aussi !
Bref, j'espère que vous apprendrez tous, (les moutons, les reptiles et les larves ^^) a être le plus profondément heureux possible, moi y compris :)
JeanPaul a écrit
Je préfère celle du mouton, et arrêter ma conso ne fait pas de moi quelqu'un qui ne s'interroge pas sur le sens de la vie. Prendre soin de soi, c'est cool aussi !
Pour avoir, quand j'avais 15 ans et que j'ai pris conscience que malgré mon profond dégout de la vie planplan, travail, famille, 5 semaine de vacances à Palavas en Aout etc, je n'aurai ni les moyens financiers, ni les "couilles"pour faire de ma vie une VRAIE vie comme je la concevais à l'époque,pour avoir donc, eu le même type de pensées "révoltées"que toi écureuil et pour avoir cru me "différencier" ou pire, "m'élever" au dessus de la masse des moutons comme tu dis, en devenant "un drogué" comme "ils" disent, j'ai en quelque sorte, brulé ma vie (attention, je ne regrette rien, car avec mon intellect et mes moyens de l'époque, c'était sans doute la meilleure solution comparée au suicide...).
Mais si je dis avoir brulé ma vie, c'est que croyant naïvement me différencier de la masse, je suis moi même trés vite devenu un parfait mouton (un mouton noir est toujours un mouton )...Car une fois bien addict à l'héroine, comme le décrit si bien Jean Paul,seule m'importait ma dose et le train train pour l'obtenir, si il était bien différent de celui du mouton lambda, n'en était pas moins un train train aussi...Et en plus, j'avais même pas les moyens les 3/4 du temps de me payer un w end plus loin que le fin fond du val de marne , alors, Palavas...A certains moments j'y serais bien allé voir la mer....
Tout ça pour dire, que les vrais aventuriers sont peut être ceux qui ont les "couilles" d'avoir ce que nous avons dans la tête et d'arriver malgré tout, à vivre au milieu des "moutons" sans avoir besoin d'aucun artifice pour le supporter et être heureux malgré tout...