Je ne vais pas faire la fière aujourd'hui. J'ai passé la nuit dernière aux Urgences, entourée d'infirmiers en blouse blanche qui ne semblaient pas comprendre ce que je leur disais.
"Dimethocaine ? Camfetamine ? Synthacaine ? Mais c'est quoi ça ?"C'est l'abus de ces substances sur une trop longue période (décrite dans un post précédent) couplé à
un peu beaucoup trop de benzos et de
cannabis qui a fini par me précipiter dans un bad-trip aux allures de gouffre d'où l'on se sort pas vivant.
Vers 3heures du matin, alors que je n'avais pas dormi depuis deux jours, je décide de finir mon
joint, de me refaire quelques lignes et d'aller me coucher. J'étais déjà totalement high, collée au plafond, cérébralement défoncée par le
shit mais physiquement dopée par la synthacaine.
A ce stade, j'aurai dû m'arrêter, mais on ne peut pas entendre les signaux d'un corps muet dont les signaux d'alerte sont assourdis par la drogue. Il fallait que je dorme. Absolument. Hop un énième
Lexomil.
Dans le silence de la chambre aux murs blancs immaculés, je n'entends plus qu'un seul son : celui de mon coeur qui bat comme si j'avais couru des kilomètres, alors que je suis allongée et n'ai pas fait d'autres efforts de la soirée que de me courber au dessus de ma table basse pour me faire mener par le bout du nez par les lignes tracées sur mon cahier.
Je vomis, je paranoïde, je me mets à être très triste et très angoissée. J'ai l'impression que je vais crever, là maintenant, sur mon lit.
Je reprends un benzo. Puis un autre. Et toujours cette pression sur ma cage thoracique.
Mes mains tremblent tellement que j'ai l'impression que je convulse.
Je peine à expliquer au SAMU les raisons de mon appel, les produits que j'ai pris et en quelle quantité. Je finis par ne moi-même plus comprendre pourquoi deux individus sont accroupis près de moi, à me poser mille questions et à me regarder avec une sorte de pitié plutôt malvenue.
"Allez on l'embarque" Ah, bon... ben Ok...J'ai passé une nuit horrible aux urgences, sous surveillance médicale, perfusée, branchée, le coeur à 134 bpm en moyenne. Chaque rire, chaque discussion entendue dans le couloir semblaient être les bribes d'un complot ourdit contre moi.
Tout s'emmêlait dans ma tête, les visages défilaient : infirmiers, médecin de garde mutique, aide-soignant exténué, psychiatre aux sourcils froncés, psychologue pleine d'empathie, addictologue aux idées courtes qui m'a dit (entre autre, parce que je ne me souviens pas de tout) :
"continuez à ce rythme, vous êtes morte à 30 ans" et
"c'est du gâchis, vous n'avez pas le profil d'une junkie" (un profil Junkie ? Mais de quoi il parle ? Depuis quand il y a un profile junkie ?) Subtil. Il m'explique aussi que les addictions concernent les plus faibles d'entre nous, c'est une question de neurorécepteurs.
"C'est comme le chocolat, certains se contentent d'un carré, d'autres ne se satisfont même pas de la tablette entière". Je suis faible, donc, oui, je l'admets.
Je me suis crue plus forte que ce produit. Mais le Produit -peu importe lequel - a toujours raison et ne prête qu'avec intérêts. Rentrée chez moi, j'ai dormi toute la journée, et me suis réveillée ce matin avec une terrible envie d'en reprendre. Je me trouve toutes les excuses et les prétextes du monde pour justifier une
'rechute' :
"C'est à cause des mélanges", "j'en prendrais moins, cette fois" pour craquer sans trop de culpabilité.
J'ai repris deux lignes à 14h. Impossible de supporter la dépression, cette lourdeur de tous les membres, cette fatigue... On verra bien demain (ce que je me dis toujours, ce qu'on s'est tous dit une fois dans la vie en réitérant une erreur qu'on a déjà commis et dont on a pourtant payé très cher les conséquences). Terrible déni de la réalité.
En tout cas, faÎtes attention à vous et aux excès avec ces produits chelous. (On est au courant des risques si on traine un peu sur PsychoActif, ne les niez pas)Ceci est donc la fin de mon Trip report et j'espère aussi le début de la fin de ce Koh-Lanta de la came synthétique.