Catégorie : Actualités - 28 septembre 2024 à 21:03
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Merci pour la traduction !
Pour rappeler que toute consommation ne débouche pas sur une dépendance, et que toute dépendance n'est pas cause ni conséquence d'une souffrance psychique, 1000 fois oui !
Pour éviter que les PUDs se vivent comme des malades mentaux quand ils sont dépendants, ou bien quand ils souffrent de leur consommation, c'est encore 1000 fois oui !
Pour défendre les budgets spécifiques aux programmes de réductions des risques, et éviter que les PUDs se retrouvent mis en minorité au milieu d'une population de personnes psychiatrisées qui n'ont pas du tout les mêmes besoins matériels, c'est toujours 1000 fois oui !
Ensuite, c'est très perso, mais quelque chose brouille un peu mon interprétation du communiqué : l'utilisation répétée de l'expression "santé mentale" me pose question. Dire "la dépendance n'est pas un problème de santé mentale", et ce que ça n'est pas renforcer ce à quoi on veut s'opposer ?
Cette préoccupation de se distinguer de la santé mentale, ça peut aussi refléter une façon de se rassurer en se disant que les "malades", c'est les autres. Et inciter certains PUDs à revendiquer une "normalité" qu'ils refusent de reconnaître aux personnes psychiatrisées. On garde la frontière entre les "sains" (saints ?) et les "malades", mais on se place juste du bon côté de cette frontière.
Sur ce point, je pense que la drogologie est à un carrefour philosophique. Les PUDs ne sont pas des malades mentaux du seul fait de leur usage ou de leur dépendance, je suis bien d'accord. Mais ceux qui témoignent utiliser des drogues dans la recherche d'une "régulation des émotions" ou pour apaiser une souffrance psychique le sont-ils ? Est-ce que ce sont des malades mentaux qui se droguent pour se soigner ? J'ai l'impression que si on répond oui, on délégitimise leur façon de s'y prendre avec ce qui les fait souffrir, on les encourage à penser que leur rapport au produit à quelque chose de pathologique et de malsain, et on les pousse à s'en remettre à une logique médicale/psychiatrique qui leur ôtera toute souveraineté sur leur conso et sur leur conception du bien-être.
Pour moi, l'expression "santé mentale", ça évoque toujours un jugement sur le comportement de l'autre et sur son rapport au monde. Je lui préfère de loin la notion de "souffrance psychique", qui me semble moins stigmatisante, moins normative, et qui n'implique pas forcément une cause "médicale" avec tout l'imaginaire de dégénérescence biologique que ça convoque. Chacun est souverain pour dire s'il souffre ou non, ça n'est pas une affaire d'expert comme pour la santé mentale.
Et pour PA, c'est quoi la santé mentale ?
Les problèmes de santé mentale peuvent survenir parallèlement à la consommation de drogues ou à la dépendance aux drogues, mais cela ne signifie pas qu’ils sont toujours le résultat de la consommation de drogues ou qu’ils précèdent la consommation de drogues. Il est important de souligner que les problèmes de santé mentale et la dépendance aux drogues peuvent découler des mêmes facteurs structurels, comme la pauvreté, le manque d’accès aux soins de santé et à d’autres services, le sans-abrisme, la stigmatisation et la discrimination. Dans certains cas, mais pas dans tous, les personnes commencent ou continuent à consommer des drogues pour faire face à des problèmes de santé mentale, et dans certains cas, les drogues peuvent aider les personnes à gérer leurs symptômes de santé mentale, ainsi que les défis de la vie.
Bien sur que ce sont deux champs qui se recoupent, mais ce que nous ne voulons pas, y compris politiquement, c'est etre associé d'emblée à des problèmes de santé mentale. Combien de médecins que nous avons fréquentés pensent que nous avons des problèmes de santé mentale parce que nous consommons !
C'est quelque chose aussi de très concret sur PA, que l'équipe de modo doit gérer tout les jours, et que nous n'avons pas totalement trancher, surement a cause de ce qui est dit dessus. Mais c'est en intense réflexion entre nous, ne serait ce que pour avoir une vision plus claire à proposer. :
- Laisse t'on quelqu'un poser une questions médicales sur les AD ou les neuroleptiques (dosage, ajustement de traitement, changement de traitement....) ?
Nous avons décider que non (et depuis longtemps), justement pour ne pas être confondu avec la santé mentale. Pour les AD et les neuroleptiques, les noms des forums ont été changés en "Interaction entre drogues et AD" et "Interaction entre drogues et neuroleptiques"
Mais alors laisse t'on une question sur les TDAH et la ritaline ? A priori c'est de la santé mentale aussi. Mais ils se trouve que la ritaline est aussi utilisée comme drogue, et que quand on lit les témoignages d'usage de ritaline pour les TDAH, ils peuvent raconter les memes choses que les PUD sur les effets notamment. Pour l'instant, nous avons décidé de laisser ce genre de questions ou témoignages.
Work in progress ! Et ce document nous a pas mal aider dans notre reflexion.
pierre a écrit
ce que nous ne voulons pas, y compris politiquement, c'est etre associé d'emblée à des problèmes de santé mentale. Combien de médecins que nous avons fréquentés pensent que nous avons des problèmes de santé mentale parce que nous consommons !
Pour être parfaitement clair : je suis entièrement d'accord avec ça !
C'est même extrêmement courant dans les milieux psy de penser que toute consommation est révélatrice d'une souffrance cachée, qu'elle est l'expression d'un mal-être, ou le symptôme de quelque chose d'enfoui, qu'il faudrait éradiquer.
Il y a même une idée courante qui veut que "le toxicomane" ne peut et ne doit pas être écouté comme les autres personnes, car il court-circuiterait la parole et l'élaboration par la consommation du produit. Un psy qui te dit ça, tu peux lui retourner le compliment, tu peux lui répondre qu'en fait il parle de lui, que c'est lui qui court-circuite la parole des personnes en pensant lire le fond de leurs âmes dans leur comportement de consommation. Tu peux lui répondre qu'il pense à leur place, et que ce qu'il raconte ne reflète que ses propres fantasmes sur les consommateurs ! Un psy qui s'appuie sur ce genre de conviction pour priver, restreindre, culpabiliser ou infantiliser les PUDs dans leur accès au produit, tu peux lui répondre que c'est pour soulager ses propres angoisses à propos de leur consommation qu'il les brutalise, tu peux lui dire que l'acting-out est de son côté !
Je n'ai jamais mis les pieds dans un CSAPA, mais quand je lis les témoignages du forum, ça m'inspire que les institutions de l'addictologie sont une sous branche de celles de la psychiatrie, que par contre je connais bien. Oui, officiellement ce sont des institutions séparées, les bâtiments ne sont pas les mêmes, et c'est pas la même étiquette sur la blouse du docteur, mais en fait, on fait face à la même idéologie et aux mêmes méthodes dans les deux cas. En ce sens, c'est parfaitement cohérent de trouver des "troubles de l'usage d'une substance" dans le DSM.
Ce qui me paraîtrait une erreur, aussi bien sur le plan stratégique que sur le plan humain, ça serait de laisser la question des souffrances et des symptômes psychiques des PUDs (quand il y en a) au "sentémentalisme" de la psychiatrie, c'est-à-dire en fin de compte, à l'opposition (c'est un raccourci à peine exagéré).
Ca serait une erreur parce que la psychiatrie nous rattrapera toujours. Je ne prends pas beaucoup de risque si je prophétise la biologisation toujours plus radicale de nos différents états psychiques, et l'extension toujours plus grande de la psychiatrisation de nos existences (je rejoins les propos de Prescripteur sur ce point, ainsi que le texte mis en lien par Psychodi). Même si on arrive un jour à faire retirer les "troubles de l'usage" du DSM (ce qui serait une victoire symbolique immense !), tant qu'il y aura des PUDs qui déclarent souffrir de leur consommation, la santé mentale sera là pour naturaliser leur souffrance, et prescrire/proscrire certaines molécules et certains comportements.
La santé mentale contemporaine porte en elle le fantasme qu'elle suppose systématiquement aux PUDs qui viennent lui adresser leur plainte, et qu'elle accuse de lâcheté face aux défis de la vie : l'idée que toute souffrance psychique peut et doit être soulagée par un psychotrope. Or, c'est bien la santé mentale qui diffuse cette idée dans notre société, avec tous les moyens colossaux que les labos et les pouvoirs publics mettent à sa disposition. C'est un pompier pyromane qui se pose en remède du poison qu'elle diffuse. La seule différence avec la supposée "intolérance à la frustration" qu'elle prête aux "toxicomanes", c'est qu'elle prétend être capable de déterminer les molécules qui conviennent à chacun, mieux que les personnes elles-mêmes, à partir de critères objectifs et scientifiquement établis.
L'imaginaire de la santé mentale est entièrement biologique, mais sa pratique est exclusivement comportementale. C'est-à-dire que sa pratique est un démenti permanent de ses prémisses théoriques : le patient souffre de la chimie de son cerveau, mais on le considérera guéri si il adopte le comportement prescrit. La biologie ne sert que de justification à la naturalisation des comportements qu'elle défend. Les supposées anomalies ne sont jamais démontrées biologiquement. Mais les preuves scientifiques sont toujours imminentes, elle les pressent, elle est sur leur piste, il y a de plus en plus de preuves, c'est pour demain. Sauf que ça fait déjà 150 ans qu'on attend, et qu'en pratique, la santé mentale ressemble de plus en en plus à une science de la régulation des comportements qu'à une médecine au sens noble du terme.
Les PUDs qui déclarent souffrir de leur consommation ne sont pas forcément plus nombreux que ceux qui la vivent bien, mais ils sont forcément plus visibles sur le forum. Car ils se démènent, ils cherchent de l'aide où ils peuvent et comme ils peuvent, et le discours moralisateur et normatif de l'univers médical les pousse à venir la trouver par ici. Alors que les drogués heureux, ceux qui vivent bien leur conso et qui n'ont pas de problèmes particuliers avec ça, ils ont moins de motivations impérieuses pour venir écrire sur le forum. Et pour ceux qui n'ont pas de TSO, ils passent carrément sous les radars du monde médical. Les drogués heureux, c'est souvent les drogués invisibles. Et ça, faut reconnaître que c'est bien emmerdant pour nous.
Je pense que ça crée un biais important, qui n'en finit pas de mettre la ligne éditoriale du forum en difficulté. PA veut porter la parole des drogués heureux dans l'espace public et exploser les stigmatisations dont les PUDs sont victimes. Pour ça, l'asso tente de montrer qu'il est possible de consommer, y compris avec dépendance, tout en étant bien dans sa peau, responsable, et bien inséré dans la société. Je ne peux qu'applaudir cette démarche. Mais du coup, j'ai l'impression que l'abondance des messages de détresse sur le forum est parfois vécue comme un démenti, que ça donne un sentiment de solitude politique à l'équipe, et que ça peut alimenter la tentation de considérer qu'il s'agit de problèmes de santé mentale qui sortent du champ d'action PA.
PA est déjà largement convaincu qu'il faut se réapproprier notre plaisir, et apprendre à savoir l'accepter sans en avoir honte, mais j'ai l'impression qu'il reste encore quelques doutes quant à la nécessité de se réapproprier aussi notre souffrance de la même manière. Il a des doutes parce qu'évidemment, on ne veut surtout pas alimenter ce lien systématique entre conso et souffrance.
Mais si la drogologie n'ose rien dire sur la souffrance psychique, si elle se déclare incompétente sur le sujet et qu'elle laisse ça à d'autres par peur d'être confondue avec la santé mentale, ben elle abandonne le terrain à l'opposition, qui ne manquera pas de s'en servir pour nous clouer le bec. Nous aurons nos témoignages de drogués heureux pour faire la démonstration clinique que c'est possible de consommer et d'être bien dans sa peau, et eux, ils auront toute la souffrance du monde pour faire la démonstration inverse, et présenter nos vies comme des exceptions insignifiantes statistiquement. Dans ces conditions, c'est pas difficile de deviner qui va l'emporter dans l'opinion !
Se poser en drogué heureux et assumer nos consos, ça a un intérêt politique indiscutable. Mais il y a un effet de bord dont il faut tenir compte : les personnes en détresse ont souvent l'impression d'un fossé immense entre elles et celui ou celle qui leur répond, et pour qui "tout va bien" (supposément). Faudrait pas que le désir de ne pas être confondu avec la santé mentale pousse chacun de nous à avoir honte des parts d'ombre de son parcours et des passages tortueux de son vécu. Si chacun commence à vouloir paraître plus inséré et plus équilibré que les autres, on creuse le fossé. On fossoie. On faux soit. (désolé, ce genre de truc c'est plus fort que moi^^).
pierre a écrit
Mais alors laisse t'on une question sur les TDAH et la ritaline ? A priori c'est de la santé mentale aussi. Mais ils se trouve que la ritaline est aussi utilisée comme drogue, et que quand on lit les témoignages d'usage de ritaline pour les TDAH, ils peuvent raconter les memes choses que les PUD sur les effets notamment. Pour l'instant, nous avons décidé de laisser ce genre de questions ou témoignages.
Que veux-tu dire exactement quand tu écris "la ritaline est aussi utilisée comme drogue" ? Je vais partir de l'idée que tu veux dire "comme drogue récréative, et non pas comme traitement", mais dis moi si j'ai mal compris.
Pour moi, utiliser un psychotrope pour en tirer des bénéfices "fonctionnel", ça reste un usage de drogue, et ça fait partie des pratiques des drogués heureux. Je suis pas sûr de bien comprendre ce que tu veux dire, parce qu'à te lire par ailleurs, je doute fort que tu partages vraiment cette morale d'état civil qui consiste à baptiser un psychotrope "drogue" ou "médicament" selon l'avis du médecin et l'inscription sur telle ou telle liste, qui changent au fil des époques, des pays, et des retournements politiques.
J'ai la conviction intime que désanitariser la rdr, ça implique nécessairement de rejeter cette distinction, et je reste persuadé qu'il est possible d'éviter la stigmatisation et la mise en minorité des PUDs parmi les personnes psychiatrisées sans tomber dans cet écueil.
A mes yeux, la vraie différence entre "drogue" et "traitement/médicament", c'est pas l'opposition entre le récréatif et le fonctionnel, dont la frontière est souvent assez floue (se faire plaisir et s'amuser, ça a plein d'avantages fonctionnels, c'est pas pour rien qu'à l'école, il y a régulièrement des recréations !).
Pour moi, la vraie différence, c'est la souveraineté de la personne sur sa conso.
Dire que c'est un traitement, c'est se reconnaître dans l'idéologie de la santé mentale et demander sa part, c'est valider la naturalisation des comportements jugés déviants par le DSM et s'identifier à ses diagnostics, c'est accepter et trouver normal de devoir en passer par le médecin pour avoir le produit, c'est troquer sa liberté et son autonomie contre la bonne conscience de ne pas être un drogué, mais un bon patient qui respecte sa prescription.
Dire que c'est une drogue, ça veut dire que c'est moi qui suis la seule personne légitime à décider quelle molécule, à quelle fréquence, à quelle heure, et à quelle dose. C'est comme pour ma sexualité, ça fait partie de mon intimité, ça ne regarde que moi, et les seules limites acceptables sont celles imposées par le respect de la liberté des autres.
Dire que c'est une drogue, c'est revendiquer une liberté fondamentale qui nous est refusée, c'est se réapproprier notre rapport au monde et nos symptômes (quand il y en a), et ça, la santé mentale ne peut pas l'accepter, car pour elle les psychotropes n'ont de raison d'être qu'en tant qu'outil de normalisation sociale.
J'invite l'équipe à ne rien lâcher sur la Ritaline, et à continuer d'accepter les questions et témoignages à son sujet. Perso, il me semble plus pertinent de travailler sur "comment on y répond sans accréditer l'idée que les PUDs ont des problèmes de santé mentale", plutôt que de les interdire. Pour moi, il ne faut pas laisser la santé mentale nous prendre la Ritaline, ni les nombreuses autres substances (MD, Keta, LSD, Psilocybine, et j'en oublie...) qu'elle expérimente pour en faire des outils psychothérapeutiques. Si on lui lâche les molécule les unes après les autres, on va finir à poil.
Amicalement.
PS : j'aurai bien aimé répondre aux posts très intéressant d'Acid Test et de Prescripteur, mais ça m'aurait éloigné un peu du thème "PUD vs santé mentale", et c'est déjà tellement long ce que j'ai écrit...
Pesteux a écrit
Dire que c'est une drogue, c'est revendiquer une liberté fondamentale qui nous est refusée, c'est se réapproprier notre rapport au monde et nos symptômes (quand il y en a), et ça, la santé mentale ne peut pas l'accepter, car pour elle les psychotropes n'ont de raison d'être qu'en tant qu'outil de normalisation sociale.
Interessant cette notion de drogue par rapport au traitement. C'est au fond tres "psychanalytique" mais c'est peut etre pour cela que nous n'avons pas voulu enlever "drogue" dans la définition d'un consommateurs de substance psychoactives que nous appelons ici sur PA : PUD (Personne utilisatrice de DrogueS)
Pesteux a écrit
L'imaginaire de la santé mentale est entièrement biologique, mais sa pratique est exclusivement comportementale. C'est-à-dire que sa pratique est un démenti permanent de ses prémisses théoriques : le patient souffre de la chimie de son cerveau, mais on le considérera guéri si il adopte le comportement prescrit. La biologie ne sert que de justification à la naturalisation des comportements qu'elle défend. Les supposées anomalies ne sont jamais démontrées biologiquement. Mais les preuves scientifiques sont toujours imminentes, elle les pressent, elle est sur leur piste, il y a de plus en plus de preuves, c'est pour demain.
Oh lala. je te mets un article tres éclairant d'un neuroscientifique Serge Ahmed sur les concepts d'addiction (comme perte de controle) et les concepts d'addiction-maladie chronique du cerveau, qui dit exactement la meme chose :
https://lejournal.cnrs.fr/articles/ladd … re-cerveau
1) Si l'addiction est une perte de controle, la recherche en neurosciences ne sait toujours pas définir les mécanismes et dysfonctions cérébrales responsables de cette perte des capacités de contrôle et de régulation. Mais on nous bassine depuis 30 ans que le problème vient du cerveau, tout en définissant l'addiction sur des critères comportementaux (Cf DSM5)....
2) Si l'addiction est une maladie du cerveau, on ne sait toujours pas dire en examinant le cerveau d’une personne si elle souffre ou non d’une addiction... donc c'est vraiment un concept foireux !
Au fond à PA, nous ne croyons pas à ce concept d'addiction ! Qu'elle soit maladie du cerveau ou bio-psycho-social. Et plus on creuse, plus on voit que c'est du bullshit, pour donner le pouvoir aux médecins et stigmatiser des pratiques.
Ce qui nous gène, ce n'est pas tant les souffrances des personnes qui viennent sur PA, que la désignation de l'addiction (et donc des drogues) comme source de souffrance. Ce qui cause les souffrances, c'est un ensemble qui va bien au dela de "l'addiction" (perte de controle ou maladie du cerveau), et les drogues sont d'abord un moyen d'apaiser ses souffrances.
Mais nous n'avons pas de concepts pour traduire cela pour le moment sur PA. Dans la partie non publique du forum, nous avons un débat intense en ce moment pour essayer de penser d'autres concepts. Nous sommes plutôt finalement sur le concept de dépendance (physique ou psychologique). Mais sans en etre totalement satisfait.
Pesteux a écrit
ça donne un sentiment de solitude politique à l'équipe
Notre solitude politique, vient plutôt que nous recevons en permanence de la violence symbolique de la part de nos pairs : des PUD qui s'autostigmatisent et se considèrent comme de la merde parce qu'ils consomment, mais qui stigmatisent aussi les autres PUD.... Ce flot permanent de stigmatisation omniprésente sur le forum est de loin le plus dur à gérer. Et nous pouvons le gérer parce que nous sommes une équipe et que nous avons des sas de décompression, mais aussi parce que nous faisons une pause du forum de temps en temps.
kaneda a écrit
Salut,
Merci pour le partage de ce magnifique texte, très bien écrit.
Il relate bien la stigmatisation que certaines Personnes Utilisatrice de Drogues peuvent rencontrer lors d'un passage au CSAPA par exemple, en tous cas, moi, j'ai déjà vécu cette stigmatisation : mon médecin addictologues n'arrivait pas a concevoir que l'on puisse consommer sans avoir de problème psy ! C'est quand même dingue comme point de vu, bonjour la stigmatisation !!!
kaneda
Perso j'ai laissé tomber les CSAPA, je sais qu'il y en a des biens mais je n'ai pas trouvé et pourtant j'ai cherché. Le dernier je parlais de la créativité sous l'emprise de substances et l'addicto m'a dit que c'était impossible, que drogues et création étaient incompatibles en me citant l'exemple de l'écrivain Simenon qui se donnait des plages horaires pour boire et d'autres pour écrire. Je lui ai parlé des (célèbres) solos de Thelonious Monk sous morphine, ça ne lui a pas plu du tout, il faut penser comme eux... Dommage.
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