Il y a une semaine, jour pour jour...
Jeudi matin
Je sors d'une nuit de boulot, un peu paumée.
J'ai passé la nuit à cogiter, beaucoup plus qu'à bosser.
Dans la même soirée, j'ai eu une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle.
La mauvaise m'a fait remettre en question tout mon plan de carrière (si carrière il y a).
Vannée d'avoir l'impression de toujours me faire blousé, quoique je fasse.
C'était la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
9h du mat, je quitte le boulot, avec mon sourire de façade.
Je lui souhaite bon courage. Il part pour trois mois de rééducation.
Devant lui je ne peux pas perdre la face. Ce mec se bat tous les jours, je serais qui pour tirer la gueule.
Je suis contente pour lui. Cette place il l'a tant attendu, j'espère qu'il ne sera pas déçu. Il espère tant de gros changements. Et si ...
9h05, je monte dans ma voiture.
Je veux rentrer chez moi, mais au dernier moment je change de cap.
J'en ai marre. Tout ça, pour ça.
Toute ces années à me tenir à carreaux, essayer d'être clean. De faire les chose bien.
Et pourquoi???
C'est quant même la merde dans ma vie.
Ma vie personnelle est un désastre.
Ma vie professionnelle n'avance pas. Un pas en avant trois en arrière.Et ce temps complet ???
Ma vie sociale elle n'existe presque plus. Quelques rares amis, à qui, par la force des choses, j'ai fini par tourner le dos.
9h10, ca y est je suis en route pour la ville.
Je ne réfléchis plus. J'envoie chier le peu de personnes qui essayent de m'aider.
Je ne connais plus rien, plus personnes. J'ai plus envi.
Sur la route je ne pense plus qu'à ça.
D'abord un bon rail pour le chemin retour. Il me remettra d'aplombs, puis un bon pète une fois à la maison. Retrouver mes petites habitudes, celles qu'on oublie jamais.
Je m'y vois déjà ...
9h45, je rentre dans la ville, le quartier n'est plus très loin.
Mon quartier de prédilection, bon dealers, bon matos, ici je connais tous les anciens.
J'ai un nœud dans l'estomac. Du stress mélangé à de l'impatience.
Ca y est je traverse la voie du tram et vois enfin le panneau du quartier tant convoité.
9h55. J'arrive lentement près du quartier.
Les choses ont bien changé. Le quartier est presque méconnaissable.
Ca y est le chantier du tram est fini! Les nouvelles baraques aussi!
Je ne vois plus le camp... Ca fait si longtemps....
Putain ça fait si longtemps. Mais qu'est ce que je fais là .
Tiens, j'ai reçu un message...
J'en ai le souffle coupé, je n'arrive plus à respirer. Il faut que je m'arrête.
Mais où? Mais quoi? Putain mais qu'est ce que je fais là ?
Ce n'est pas ma place, pas ce que je veux!
Il faut que je sorte de là . Que je rentre chez moi. Je veux voir mes enfants.
Je fais demi tour au premier carrefour, j'ai toujours le souffle coupé.
En pleure, j'ai du mal à distinguer la route. Mais je dois tracer.
Pourquoi je pleure d'ailleurs? N'importe quoi?
Mais je n'arrive pas à me calmer...
Je quitte le quartier, la ville.
Aussi vite arrivée encore plus vite repartie.
10h15 je retrouve ma campagne.
Mon impression de suffoquer se calme.
Petit chemin de campagne il faut que je m'isole.
Je suis au milieu de nul part, rien autour de moi.
Je peux enfin me calmer. Mais qu'est ce qui m'a pris ?
Ca fait au moins 7ans que je n'y avais pas remis les pieds.
Je blâme le père de mes enfants pour ce qu'il fait et j'étais à deux doigt de ne pas faire mieux.
C'est un peu l'hôpital qui se fout de la gueule de la charité.
Pourtant je ne culpabilise pas, je n'ai rein fais.
Je me sens plutôt ridicule.
Tout ça n'aurait servis à rien, juste à m'enfoncer un peu plus.
La solution n'est pas dans la
came.
Fuir encore une fois, à quoi cela me servira?
Pourtant depuis je suis encore plus torturée.
J'ai du mal à rassembler mes idées.
Mes raisonnements sont incohérents.
J'ai l'impression de devenir tarée.
Bien sûre que par moment j'ai envie de taper de pouvoir m'évader.
Mais je sais que la solution n'est pas dans la défonce.
Que mon bien être ne sera qu'éphémère.
Que la
came n'arrange rien bien au contraire.
Que le réveil n'en sera que plus difficile.
Jamais je ne prendrais le risque de tout perdre.
Même si j'étais à deux doigts de le faire.
L'essentiel c'est de ne pas l'avoir fait.
J'aimerais tant ne plus être torturée....
Enfin trouver la paix...