Arrêter « l’absurde guerre contre la drogue"

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Trois anciens chefs d’Etat appellent à arrêter « l’absurde guerre contre la drogue »
Dans une tribune au « Monde », trois anciens chefs d’Etat plaident pour une régulation légale de la production et de la distribution de drogues par les gouvernements.

Par César Gaviria, Olusegun Obasanjo et José Ramos-Horta Publié hier à 06h00, mis à jour hier à 06h00


       
Tribune. De plus en plus de ressources, actuellement plus de 100 milliards de dollars (88,5 milliards d’euros) par an, sont consacrées à la répression des délits et crimes liés aux drogues dans le monde. Or, le marché illégal des drogues ne cesse de s’accroître et pèse aujourd’hui entre 425 et 650 milliards de dollars. Au mieux, les autorités ne parviennent à provoquer que des perturbations temporaires, localisées et marginales dans la production et l’approvisionnement en stupéfiants. Les coûts humains sont, en revanche, incalculables, la répression engendrant corruption, violations des droits humains, incarcérations de masse, violence et morts.

En tant qu’anciens chefs d’Etat, nous avons été en première ligne dans cette « guerre aux drogues » et nous savons pertinemment que c’est une guerre perdue, même d’avance. Nous avons combattu des chefs de cartel notoires tels que Pablo Escobar en Colombie. Nous avons vu des personnes incarcérées pour des délits mineurs liés aux drogues devenir des criminels endurcis. Nous avons vu la Guinée-Bissau minée par les trafiquants pour devenir le premier « narco-Etat » d’Afrique.

La demande pour des produits psychoactifs a toujours existé. Lorsque le marché pour la satisfaire opère dans l’illégalité et dans un contexte de violence criminelle et de répression légale, il produit de tels profits qu’il attire tous ceux qui sont laissés de côté dans l’économie légale. Alors que les marges sur le café peuvent aller du simple au quadruple entre le prix à la production et celui à la consommation, celles sur l’héroïne ou la cocaïne atteignent plus 15 000 % ! Lorsque la demande existe malgré ces prix de vente exorbitants, il y a toujours des personnes pour la satisfaire. C’est la loi du marché.

[b]Oser changer de cap
[/b]

Nous appelons donc les gouvernements et leurs représentants dans les institutions multilatérales à reconnaître ce qui est maintenant évident : nous ne pouvons éradiquer les drogues de la société ; chercher à le faire par une « guerre » ne provoquera que plus de douleurs pour nos populations déjà fragilisées, et affaiblira nos économies et nos institutions.

Alors que cette « guerre » est effectivement en accord avec les conventions internationales relatives au contrôle des drogues, elle est absolument contraire aux valeurs qui doivent nous guider comme communauté internationale. Nous devons nous rappeler que nous avons construit le multilatéralisme pour la paix, non pour légitimer des guerres absurdes comme celle contre les drogues.

La régulation et la gestion des produits et des comportements à risques sont une fonction-clé des autorités gouvernementales

Il y a d’ailleurs, comme souvent, une meilleure solution. Nous devons oser changer de cap, accepter la réalité des marchés des drogues et examiner des voies plus pragmatiques qui permettent de réduire les risques potentiels associés à leur présence dans la société et à leur consommation. Nous devons reconnaître que, si la prohibition empire la situation, la production et la distribution de drogues légalement régulées par le gouvernement constituent certainement une meilleure alternative.

Par ailleurs, la régulation et la gestion des produits et des comportements à risques sont une fonction-clé des autorités gouvernementales à travers le monde. C’est la norme autant pour le tabac et les médicaments que pour les voitures et les appareils électriques. Et si la prohibition enrichit le crime organisé, reprendre le contrôle des marchés des drogues l’affaiblira.
Décider quels produits seront vendus
Mettre en place une réglementation stricte pour gérer les risques sociaux et de santé publique que présentent les drogues et leurs marchés est tout simplement la conséquence d’une approche responsable, fondée sur des faits, qui accepte le monde tel qu’il est plutôt que chercher à imposer une vision idéologique et illusoire d’un « monde sans drogues ».

Effectuer la transition vers des marchés régulés implique, bien entendu, de relever un certain nombre de défis. Chaque Etat est confronté à une série de questions et de circonstances spécifiques. Nos propositions ne négligent aucunement les défis particuliers que représente la transition vers des marchés légaux dans des économies en développement ou lorsque les institutions sont fragiles.

En choisissant de réguler légalement, les gouvernements peuvent décider quels produits seront vendus, par qui et dans quelles conditions, et par qui et où ils peuvent être achetés et consommés. Ils reprennent le contrôle de tous les aspects du marché, protégeant ainsi mieux leurs populations, notamment les jeunes, des risques liés à la consommation de drogues et de la violence inhérente aux marchés illégaux.

Responsabilité politique envers les citoyensNous ne suggérons pas que la régulation légale des drogues fera disparaître le crime organisé ou éliminera complètement le marché illégal. Il ne s’agit pas d’un remède miracle. Mais la transition vers la régulation réduira de manière spectaculaire la taille des marchés illégaux, l’étendue des activités criminelles et les catastrophes humaines et sociales que cela provoque, ainsi que la puissance et l’influence du crime organisé.

Les résultats positifs d’un contrôle légal et réglementé des drogues seront
certainement progressifs, comme pour toute nouvelle réforme. Mais il est largement temps d’entamer le processus et de réparer les échecs monumentaux du passé. Il est de la responsabilité des politiques envers leurs citoyens d’explorer ces alternatives.

Nous devons réguler légalement les drogues, non pas parce que ce sont des produits inoffensifs, mais justement parce que ce sont des produits à risque.
Cette tribune a été publiée le 15 novembre en espagnol sur le site d’« El País ».
César Gaviria, Olusegun Obasanjo et José Ramos-Horta sont membres de la Commission globale de politique en matière de drogues.
César Gaviria (ancien président de la Colombie) , Olusegun Obasanjo (ancien président du Nigeria) et José Ramos-Horta (ancien président de la République du Timor oriental et ancien chef du Bureau intégré des Nations unies en Guinée-Bissau)

Source : lemonde.fr

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Mister No homme
Pussy time
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Inscrit le 04 Aug 2014
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Ces Présidents sont des pays producteurs ou utilisent dans la logistique comme plaques tournantes.
Les dégâts de la prohibition sont plus violents dans ces pays.

Just say no prohibition !

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ramtha homme
Nouveau Psycho
France
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Inscrit le 03 May 2018
182 messages
Merci pour le partage.

" L'Univers conspire à ton bien, Tout est divin, À toi d'entendre. "

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