Dans une tribune que publie le JDD, le député En marche de la Creuse Jean-Baptiste Moreau réclame la légalisation du cannabis thérapeutique.
Jean-Baptiste Moreau est député La République en marche de la Creuse. (Sipa)
Jean-Baptiste Moreau, député En marche de la Creuse, présidera mercredi à l’Assemblée nationale un colloque sur le
cannabis thérapeutique. L’élu souhaite une
légalisation plus rapide alors qu’un million de malades pourraient être soulagés par l’usage de cette substance. « En France, il est temps que la législation évolue », explique-t-il dans son texte, défendant une « démarche transpartisane » et « inédite au niveau du Parlement ». Le député avait d’ailleurs déjà participé à une réunion de travail sur le sujet le 26 septembre dernier à Matignon.
La tribune de Jean-Baptiste Moreau :« 1 million. C’est le nombre de malades qui pourraient être soulagés par l’usage du
cannabis thérapeutique en France. Pour les 900.000 patients atteints de maladies d’Alzheimer, de glaucomes, d’hyperactivités, d’anorexies, pour les 500.000 épileptiques, les 400.000 nouveaux cas de cancers détectés en 2017, les 150.000 personnes atteintes du VIH ou encore les 100.000 cas de maladies de Crohn, le
cannabis thérapeutique pourrait être la solution à leur souffrance qu’aucun autre traitement ne sait apaiser efficacement. 82% des Français interrogés plébiscitent sa
légalisation.
Les demandes des citoyens, des associations de patients et des professionnels de santé sont fortes.
Alors qu’un comité scientifique a été créé au sein de l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament pour évaluer la pertinence et la faisabilité de la mise à disposition du
cannabis thérapeutique, nous avons décidé avec des parlementaires de tous bords politiques, des élus locaux, des scientifiques, des universitaires, des patients, des agriculteurs et des citoyens de nous réunir lors d’un colloque à l’Assemblée nationale pour échanger sur les opportunités de légaliser le
cannabis thérapeutique en France.
Cette légalisation relève d’un double enjeu : d’abord la santé de millions de malades en souffrance et l’économise de nos territoires.Au niveau européen, la commission de l’environnement vient d’adopter à une large majorité la résolution portée par Guillaume Balas en faveur de l’autorisation du
cannabis à usage médicinal, laissant entrevoir une possible législation européenne sur le sujet. Mais face aux demandes urgentes des malades, la plupart de nos voisins européens n’ont pas attendu pour avancer.
21 pays de l’Union Européenne et 12 pays hors de l’UE autorisent déjà l’usage thérapeutique du
cannabis. Ainsi plus d’une trentaine de pays ont entendu les souffrances de millions de malades qui sont désormais apaisés sereinement, en tout légalité. En France, il est temps que la législation évolue.
Notre démarche transpartisane est inédite au niveau du Parlement, elle s’inscrit dans le sens de cette histoire qui s’écrit au niveau mondial.
Nos agriculteurs français sont déjà prêts à investir pour développer cette nouvelle filière de production de chanvre à usage thérapeutique.Aujourd’hui, la nécessité est de produire sain, sûr, durable et accessible à tous. Cette filière répondrait donc à nos attentes sociétales et environnementales : sa production ne nécessite pas de produits phytopharmaceutiques, ni d’OGM. Résistante à la sécheresse, elle valorise notre écosystème et concourt à améliorer le revenu de nos agriculteurs, qui pour 1/3 d’entre eux peinent à vivre avec moins de 350 euros par mois.
1 ha de chanvre absorbe autant de CO2 qu’1 ha de forêt et peut apporter jusqu’à 2500 euros de rendements aux paysans contre 300 euros pour 1ha de blé.
L’expérimentation de la production de
cannabis thérapeutique est une des propositions du « Plan particulier pour la Creuse » que nous portons avec les élus du département et soutenue par la région Nouvelle Aquitaine. Dans son dernier avis, le Comité éthique et cancer n’a pu identifier d’effet néfaste assez sérieux pour s’opposer à la consommation de
cannabis à usage thérapeutique.
Qu’attendons-nous pour soulager nos proches atteint de maladies incurables?Qu’attendons-nous pour soutenir les start-up françaises qui travaillent aujourd’hui pour développer une offre diversifiée aux besoins spécifiques des malades et qui vont s’installer aux Etats-Unis, en Allemagne et ailleurs? Devons-nous rester impuissants devant le désespoir de nos paysans et le cri de colère que poussent nos territoires ruraux?
Nous sommes à l’heure d’un choix : un choix de santé publique pour nos malades, un choix économique pour nos territoires ruraux. »
Source :
lejdd.fr