Bonjour le forum, je vous écrit car durant les vacances j'ai mené un gros travail de recherche en neuropharmacologie et je suis tombé sur un paquet de nouveaux articles assez inquiétants sur les
cathinones substituées du genre
3-MMC,
4-MMC, pentylone,
a-PVP etc.
Rassurez vous c'est pas du genre "oui des jeunes sont morts ils avaient bu 3999 litres d'
alcool et pris 250 mg de
3-MMC la drogue des zombies blablabla"
Mais plutôt quelque chose d'assez troublant dans la pharmacologie des stims.
En gros, il existe une famille de récepteurs que l'on appelle les
TAAR (pour Trace Amine Associated
Receptors) qui ont été découvert il y a une quinzaine d'année et dont on commence juste à comprendre le rôle. Le principal sous-type s'appelle TAAR1 et est impliqué dans la schizophrénie, la régulation de la masse corporelle, du taux de sucre, de l'humeur, du système immunitaire mais aussi de l'
auto-inhibition, c'est à dire la capacité à se contraindre, à s'empêcher de faire des trucs.
Il n'y a qu'un pas à mettre ça en relation avec le
craving, et rassurez vous, ce pas a été franchis.
En gros, dans l'état actuel de la recherche ce recepteur a l'air de ouf impliqué dans le
craving, et des traitements contre l'addiction aux psychostimulants sont déjà à l'étude qui cibleraient TAAR1 (Achat-Mendes et al., 2012).
D'ailleurs la clonidine (catapressan) que certains ici doivent connaître est un puissant agoniste TAAR1 et pourrait donc être utilisée contre l'addiction à la
cocaine, aux
amphétamines et analogues (et pas aux
opiacés, TAAR n'est pas impliqué pour les opis)
Le truc, et c'est la que ça se complique, c'est que plus on substitue une
amphétamine ou une
cathinone en lui rajoutant des chaines carbonées du genre méthyl-machin truc, éthyl-machin chose, 4-méthyl N méthyl bidule ben moins bien la molécule va se fixer sur TAAR1, et donc va moins bien activer ce système d'auto contrainte, et donc plus il y a aura de
craving. (Berry et al. 2017, lire en ligne
étude en question)
Tout cela a été mesuré, et on trouve que la
méthamphétamine a par exemple beaucoup plus d'affinité avec TAAR que l'
amphétamine, ce qui est TRES cohérent avec le fait que la
meth accroche beaucoup plus (je me trompe ? ) ou que la MC beaucoup plus que la
cathinone.
C'est pas fini, cette particularité augmenterait la neurotoxicité de manière assez drastique !
Donc si les vendeurs de
RC continuent dans cette voie déjà bien entamée de rajouter à la pelle des groupements alkyles pour échapper au contrôle les usagers vont se retrouver encore plus accrochés et encore plus soumis aux effets délétères de ces substances.
Attention, je ne juge pas, tout le monde est libre de prendre ce qu'il veut, mais je pense qu'en terme de
RdR il faut penser à ça avant de commander des
RCs stimulants, à moins de trop kiffer le
craving atroce des MMC que je peux lire être décrit sur psychoactif.
Je mets ici quelques informations sur la
3-MMC et ses différences avec les autres molécules apparentées, si vous voulez de plus amples informations, demandez moi j'ai un abonnement à ces études je peux y accéder en intégralité, ce n'est malheureusement pas légal de partager ça (droit d'auteurs)
La
3-MMC se lie préférentiellement aux récepteurs alpha 1 adrénergiques, mais moins que la
4-MMC donc elle est moins vasoconstrictrice que la
4-MMC pour une même dose. et tout ça et beaucoup plus compliqué
Elle va inhiber la recapture de la noradrénaline presque exclusivement, au contraire de la
4-MMC qui elle va plutôt jouer sur la
dopamine et séroto. Donc la
3-MMC a théoriquement un potentiel anxiogène et stimulant supérieur !
La
3-MMC ne se fixe pas non plus efficacement sur les récepteurs à la
sérotonine 5-HT2A au contraire de la
4-MMC donc aura un potentiel psychédélique bien moindre
Les amoindanes (2-AI,etc. )sont bien moins vénères dans le genre, jouant beaucoup plus sur un mode
amphétamine-like
Je vous rappelle que toutes ces informations, bien que de plus en plus documentées ne sont que des données provisoires, et que la pharmacologie des
RCs nouveaux est extrêmement diverse, très compliquée et encore méconnues ! ça a le mérite de documenter encore un peu plus les
bases neurochimiques du
craving et de l'addiction, et l'idée d'un déterminisme robuste fait son nid dans la communauté scientifique, c'est peut être un pas de plus dans la lutte contre les jugements moralisateurs envers les Usagers de Drogues, et peut être dans la compréhension. En tout cas les lois ne suivent pas et on va au devant d'une catastrophe sanitaire majeure si on ne mets pas un terme tout de suite à cette guerre stupide contre la drogue qui fait fleurir les stims à la con (entre autres).
On lit souvent ici qu'il n'y a pas de "mauvais produit", c'est pas tout le temps vrai, il y a tout de même des molécules sacrément sales, dangereuses, et pour lesquels le profil de sécurité est sombre, c'est le cas des
cathinones substituées
Donc take care, don't judge
sources en vrac (via la plateforme d'elsevier science direct)
https://www.sciencedirect.com/science/a … 991530090Xhttps://www.sciencedirect.com/science/a … 5817301626https://www.sciencedirect.com/science/a … 381831048Xhttps://www.sciencedirect.com/science/a … 081730357X