Première prise de MDMA – Trip reportContexteJe n’avais jusque-là aucune expérience avec la
MD, l’ecsta,
speed,
amphet, ni aucune substance synthétique. En revanche, j’ai une petite expérience avec les hallucinogènes : plusieurs prises lourdes de
Mescaline (extraite du cactus
San Pedro, pas du
PCP) et de très nombreuses prises de
Changa, incluant plusieurs pertes d’ego. J’ai toujours pris la
Mescaline accompagné et la
Changa seul. J’ai remarqué que cela influait beaucoup sur les trips, avec une possibilité d’entraide quand ça va mal ; mais une solitude qui permet d’aller beaucoup plus loin avec la
Changa. J’ai commencé à prendre ce genre de substances assez tardivement (passé mes 30ans).
Du point de vue de ma vie personnelle, je suis dans une instabilité émotionnelle depuis plus de deux ans, suite à une séparation, mais j’ai toujours eu à cœur de respecter l’adage du forum
DMT-nexus : s’assurer que les prises nourrissent notre vie « réelle » et qu’on ne vive pas dans l’attente d’une prise… Ainsi, il me semble que les hallucinogènes ont toujours été, jusqu’ici, une façon pour moi d’apprendre à me connaître. J’y ai retiré de l’humilité, l’impression de découvrir d’autres dimensions, une possibilité de relativiser ce qui se passe dans la vie réelle, tout en y étant investi avec toujours autant de passion. Ça n’a jamais été un obstacle à ma vie privée, ni professionnelle.
SettingCette première prise s’est déroulée ce samedi, à partir de minuit. J’étais accompagné d’une amie avec une bonne expérience de ce type de produit, en qui j’ai parfaitement confiance et avec qui je partage une intimité et une complicité qui me semblaient nécessaires pour une première expérience. Nous comptions prendre tous les deux ensembles. Nous sommes allés à une fête de psytrance oldschool (Goa). Des fêtes auxquelles j’ai déjà été de nombreuses fois, sobre. J’y ai toujours apprécié, outre la musique et les décors, l’atmosphère bon enfant, le public intergénérationnel et interculturel (France, Belgique bicommunautaire, NDL, etc.). C’est un endroit où je me sens bien et en sécurité.
Nous sommes arrivés un peu avant minuit et, avant la prise, nous avons pris connaissance des lieux pour nous assurer que nous nous y sentions bien. Nous avions aussi décidé de ne prendre ni
alcool, ni aucune autre substance. Pour ma part, je n’aime pas l’effet de l’alcool et ne fume pas (ou très exceptionnellement, deux ou trois fois par an, –
tabac ou
weed – et toujours en toute petite quantité). Nous savions par ailleurs que nous avions un Bob pour le retour, ce qui ajoutait à notre sérénité.
ProduitNous avons commencé par prendre une demi-P Tesla bleue. Le produit n’a pas été acheté sur place, mais avant, chez un revendeur en qui mon amie pouvait avoir confiance (même si, forcément, on n’est jamais sûr à 100%). Après 1h30, nous avons repris l’autre moitié. Vers 5h du matin, on a repris chacun une demi-P. Finalement, nous avons chacun pris une P et demi. Il semble que ce soit des P reconnues comme fortement dosées, raison pour laquelle nous avons pris par paliers.
TripIl a fallu attendre plus ou moins 45minutes avant de ressentir les premiers effets. Ceux-ci étaient légers, une sensibilité accrue, autant au niveau des couleurs que des sons. J’avais ainsi le sentiment de pouvoir facilement dissocier la musique (pourtant à un volume élevé) et les voix des danseurs en train de parler, de crier ou chanter. Une impression générale de sérénité encore légère s’installait. Il semble qu’un plafond ait été atteint assez rapidement et, vivant l’expérience apparemment de façon similaire, nous avons décidé avec mon amie, de reprendre l’autre moitié.
Comme je l’avais vécu avec ma première prise de
Mescaline, la seconde a agi comme « déclencheur » et, assez rapidement, nous avons vécu une grosse montée. Je ne me souviens plus bien de la chronologie des événements, parce que le temps semblait découpé en « segments de temps présent », dont l’ordre aurait pu être inversé. Un sentiment de plénitude m’a envahi, avec pour la première fois de ma vie, l’impression très claire que j’avais le droit de déposer les armes, le droit de cesser de penser et d’être constamment dans l’analyse. Je me souviens avoir dit à mon amie : « Je me rends compte que j’ai tendance à me faire du mal [à force de penser sans cesse]. » Quand nous étions high, nous avons passé beaucoup de temps dans les bras l’un de l’autre, à s’embrasser aussi. C’était la dimension affective qui était débordante. Le besoin de se donner et de prendre de l’affection, sans limite et sans contrainte, sans que ça ne soit sexualisé non plus.
J’aimais régulièrement me détacher d’elle et danser seul, plongé dans la musique, les yeux fermés. C’est ainsi que mes prises d’hallucinogènes précédentes se sont mêlées à mon expérience à la
MD, puisque j’ai commencé à percevoir des visuels. Peut-être est-ce dû au caractère synthétique du produit et au fait que je le sache, mais ces visions n’étaient pas du tout organiques comme elles le sont parfois avec la
changa. Le style était plutôt pop-art, à
base de répétitions de motifs à l’infini, dans de constantes transformations. Moins immersives que sous
changa et sous
mescaline, je pouvais en partie les contrôler, décider de ce que je voulais voir, tout en ayant la possibilité de porter très précisément mon attention à celles-ci : par exemple en observant une bille s’enfoncer dans une eau sombre et en voyant l’eau progressivement la recouvrir. Je sais que les hallus sous
MD ne sont pas fréquentes et paraissent illogiques, mais je suis très sensible aux visuels. C’est peut-être une explication.
Lorsque je sortais de cet état de danse/trance, c’était avec plaisir que je croisais les regards des autres danseurs. Pour la première fois, j’ai eu la sensation de « comprendre » le trip dans lequel étaient plongés les autres. Je n’étais plus « un » à côté des autres, je faisais partie de cet ensemble. J’ai ainsi pu nouer quelques contacts, même fugaces. De façon générale, c’est le sentiment de plénitude qui était le plus fort, l’acceptation de l’état présent comme étant « suffisant et entier ».
Nous avons fait de nombreux passages à la voiture, pour s’y reposer un peu et boire de l’eau. J’étais étonné de ce que le caractère excitant ne soit pas empreint de nervosité (comme quand on abuse avec du café), mais une excitation « en douceur » permettant de danser toute la nuit sans ressentir ni fatigue, ni ennui.
La dernière prise vers 5h n’a pas permis de « remonter » très haut (je ne vois pas bien comment le dire autrement) mais a « stabilisé » notre état jusqu’à la fin de la nuit (la soirée s’arrêtait un peu après 8h).
L’après-coupDe retour à la maison, nous avons dormi quelques heures – heures entrecoupées de passages aux toilettes, la vessie se libérant petit à petit. Après avoir dormi, je sentais des effets encore bien présents. J’ai l’impression que d’avoir espacé plusieurs petites prises a diminué le trip en termes de puissance, mais l’a allongé dans le temps. Pendant toute la journée, je me suis senti encore sous influence, légèrement à côté du monde. Ce n’était pas agréable, mais pas désagréable non plus. C’était, simplement. La mâchoire était un peu douloureuse, il semble que j’aie malgré tout fort serré les dents pendant la nuit.
Difficile aussi de distinguer ce qui relevait de la fatigue et/ou de l’effet de la
MD. Ce matin, j’avais fort mal à la tête. Je l’attribue à la fatigue, mais aussi à l’énergie exigée par la
MD – comme si elle s’était « nourrie » et avait vidé une bonne part de mes ressources. En revanche, je n’ai pas eu de sentiment comparable à une gueule de bois, et je peux encore ressentir positivement les effets de « distance et de lâcher prise » que m’a fait vivre le produit.
Je n’ai pas vécu de vilaine «
descente » comme certains ont pu les décrire. Je suis presque sûr que c’est grâce à la présence de mon amie, au setting, la qualité du produit, les paliers par lesquels on est passé, mon expérience avec les hallucinogènes et la certitude de ne pas en prendre pour « compenser » des manques dans ma vie « réelle ».
À refaire ?Je le referais sans hésitation, en prenant soin de m’assurer un setting tout aussi serein. La prochaine fois, je m’arrangerai pour n’avoir aucune obligation le lendemain – ce qui n’était pas le cas cette fois-ci puisque je récupérais mes enfants le soir. J’ai trouvé l’expérience plus éprouvante pour le corps que la
Mescaline (qui pourtant implique jusqu’à 12h de trip) ou la
changa (45minutes de trip et frais comme une rose rapidement après).
Je me rends compte avec effarement qu'il y a contre-indication en cas de conso d'
IMAO les trois semaines précédentes. Par chance, ça n'a pas été le cas, mais vu ma conso de
changa, ça aurait pu. Je prends conscience que même si je pensais que c'était le cas, ma
RDR n'était pas encore optimale.
J’espère que ce
TR pourra servir à quelqu’un