Le gouvernement ne veut pas entendre parler de légalisation éventuelle du cannabis récréatif et les différentes initiatives en ce sens, de personnalités comme d'élus, ne le feront pas varier.En témoignaient, ce jeudi, les propos d'Élisabeth Borne, ministre des Transports, sur LCI : « La position du gouvernement est claire :
nous sommes contre la légalisation à usage ludique. »
Une posture renforcée par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, sur Public Sénat. Cette clarification survient à la suite de plusieurs initiatives simultanées, alors que fait son chemin l'hypothèse d'une autorisation des usages thérapeutiques du
cannabis. D'une part, menés par François-Michel Lambert, une vingtaine de députés ont présenté une proposition de
légalisation pure et simple dans un texte de loi déposé jeudi.
De l'autre, une cinquantaine de médecins et de personnalités politiques, tels que l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, l'ex-ministre de la Santé Bernard Kouchner et le député La République en marche Pierre Person, ont proposé de légaliser complètement le
cannabis afin de sortir d'une « impasse », comme ils l'écrivent dans une tribune publiée jeudi dans L'Obs.
Lutte inefficace Cette impasse est celle de la répression. Et les défenseurs de la
légalisation ont trouvé un relais influent auprès du gouvernement avec le Conseil d'analyse économique, think tank rattaché à Matignon, qui a publié un rapport allant dans le même sens. Les deux chercheurs auteurs de l'étude, Emmanuelle Auriol et Pierre-Yves Geoffard, observent qu'en « dépit d'une des politiques les plus répressives d'Europe, les Français, et en particulier les mineurs, figurent parmi les plus gros consommateurs de
cannabis de l'Union européenne. Le système de prohibition promu par la France depuis cinquante ans est un échec : non seulement il est inapte à protéger les plus fragiles, notamment les jeunes, mais, de surcroît, il pèse lourdement sur les dépenses publiques et profite aux organisations criminelles. »
Les deux économistes évaluent la consommation française à environ 500 t par an. Selon eux, serait pertinent un système encadré de commercialisation du
cannabis récréatif via un « monopole de production et de distribution, placé sous l'égide d'une autorité de régulation indépendante ». À raison de 9 euros le gramme, prix du "marché" souterrain actuel, cela rapporterait environ deux 2
Md euros par an à l'État.
Projet médical prêt Il n'en sera donc rien. Si
légalisation il y a, elle sera réduite aux emplois médicaux. La ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est montrée plutôt ouverte à la faculté d'autoriser « cette molécule, qui peut être intéressante dans le traitement de certaines douleurs », et l'Agence nationale de sécurité du médicament, favorable à une licence thérapeutique, a publié mercredi un projet d'expérimentation, qui pourrait devenir réalité dès 2020 si le gouvernement donne son aval. Le
cannabis pourrait trouver des applications thérapeutiques. Pas davantage.
VINCENT PEREIRA
Source :
l'indépendant
Dernière modification par filousky (22 juin 2019 à 09:46)