« Family Business » : un ratage made in FranceReprenant le thème, désormais familier, voire usé, de la reconversion forcée dans le commerce de
cannabis, la série de Netflix ne parvient pas à le transcender.
Par Renaud Machart Publié hier à 18h31
Apprenant la prochaine
légalisation du
cannabis en France par une source amie – qui n’est autre que la fille du ministre chargé du dossier –, Joseph Hazan (Jonathan Cohen), fils d’un boucher cacher parisien (Gérard Darmon), veut convaincre son père de transformer l’activité déclinante de son échoppe en fumerie renommée « la Beuhcherie ».
Pour ce faire, il parvient à persuader Enrico Macias – que M. Hazan père idolâtre – de jouer les influenceurs qui, en retour de son entremise, bénéficiera de quelques retombées sonnantes et trébuchantes. Après un voyage à Amsterdam afin d’y faire quelques emplettes agricoles, la famille se lance dans l’aventure qui, on s’en doute, connaîtra quelques déboires.
On a regardé les six épisodes de cette série (qui pourrait en cas de succès, rien n’est impossible, connaître une suite, ainsi que sa conclusion le laisse penser) et l’on s’est trouvé grandement consterné par ce scénario balourd et ces dialogues lourdingues qui multiplient les « djeunismes » et les vulgarités scatologiques dignes d’une cour de récréation d’école primaire.
La thématique de la diversité est traitée caricaturalement, le copinage de la fille lesbienne (Julia Piaton) avec « l’ennemi » (en la personne d’une policière), est piquée au modèle d’Andrea et Colette dans la série Dix pour cent. Pour le reste, on a tellement vu et revu cette thématique de la reconversion dans la «
beuh » dans diverses séries nord-américaines et françaises que seul un traitement fin et enlevé de ce lieu commun aurait pu nous délasser.
Mais Family Business fait jouer ses acteurs en semelles de plomb. Certes il y a Liliane Rovère, dont Dix pour cent (encore…) a relancé la carrière, mais qu’on distribue ici à nouveau dans un rôle de mémé à grande gueule et au grand cœur. Lina El Arabi, décidément abonnée aux navets sériels, n’est pas meilleure que dans la catastrophique Philharmonia de France 2.
Les fans de Jonathan Cohen seront ravis de retrouver l’acteur de pastilles fameuses sur Canal + et sur la Toile, dont celles de Serge le Mytho, mais il ne parvient pas à relever le niveau. Quant à Enrico Macias et Valérie Damido, qui surjouent pataudement leurs propres rôles, on les préfère nettement au naturel.
Source :
https://www.lemonde.fr/culture/article/ … _3246.html