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pierre a écrit
Psychoactif s'associe à ce processus qui veut améliorer la participation des usagers dans les structures addicto, et a décidé de faire un appel à témoignage sur ces questions
pierre a écrit
Si vous souhaitez partager vos expériences, elles seront synthétisées et présentées par moi lors de la journée du 7 novembre à Lille !
super initiative, content que PA soit là, vraiment heureux d'avoir adhéré :)
merci Pierre
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Dernière modification par Stelli (30 octobre 2019 à 18:31)
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Stelli a écrit
Accompagner d’autres usagers m’a été extrêmement bénéfique. Pouvoir mettre à profit les connaissances acquises après des années de toxicomanie, d’intérêt pour les substances psychoactives, et pour la RdR (à laquelle j’ai été sensibilisée très tôt, merci le manuel du shoot à moindre risque et aux vidéos pour un shoot propre), développer de nouvelles compétences, vivre de nouvelles expériences, faire la connaissance de personnes très intéressantes, apprendre des usagers eux-mêmes, m’a permis de reprendre confiance en moi, et surtout de sublimer une expérience de vie que je me représentais jusque là comme négative, voire honteuse.
Ressenti complètement partagé!
C'est tellement un grand pas pour l'estime de soi quand tu parviens à "valoriser" / tirer du positif d'un parcours de vie que tout le monde conspue...
Qd j'ai exercé en CARRUD, je n'y était pas en tant que "pair" / (ex) usagère, au contraire je cherchais à lisser mon image au max par peur d'être mise de côté, ou pire vue comme un "danger", un "problème". Du coup c'est pas une "vraie" expérience type "auto-support".
Je me suis infligée bcp de "violence symbolique" au cours de ma vie, donc à cette époque je n'imaginais pas pouvoir bosser dans des structures type CARRUD / CSAPA à "découvert" / avec mon identité d'usagère.
Mais au fur et à mesure, je pense que les gens ne sont pas dupes : trop de connaissances spécifiques sur la RdR, les stups, la legislation, les TSO... pour que ce soit une "heureuse coincidence"
Ca restait dans le non dit, l'impalpable....
Au niveau de l'équipe, tant que tu ne fais pas de vagues, ne pose pas problème, c'est plutot la bienvenue. Bon j'ai ressenti parfois une sorte de mise en concurrence / agacement avec l'infirmière par ex ( je l'avais corrigé / repris 2 ou 3 fois sur des détails - elle maintenait aux usagers que la métha n'était pas classé stup, ce genre d'erreur...- je l'ai fait en toute bienveillance et pas devant les usagers, mais elle était un peu saoulée d'etre reprise par la petite nouvelle, je crois... Ou elle a cru que ça remettait en cause ses compétence, je sais pas... ). Mais qd on devait faire les maraudes ensemble, elle était pas mécontente : j'etais pas rebutée par la précarité ou la proximité avec des malades imprégnés de divers fluides corporels...
Avec les usagers / le public, la relation (éducative) se faisait simplement, c'était fluide, j'étais plutot appréciée et sollicitée. Pourtant j'étais pas laxiste, au contraire, je lachais rien sur le respect du cadre (par peur de verser dans la complaisance).
C'est un peu un numéro d'équilibriste : il faut tirer parti de ses connaissances, de son vécu, mais se positionner en professionnel (en gros ne pas voir l'usager comme un pote de défonce, en gros). Etre pair... mais pas trop qd même...
Savoir (se) mettre des barrières, pour l'usager et pour nous aussi...
A ma facon de parler, d'écouter, de comprendre, de conseiller, ça se ressentais forcément que j'avais cotoyé les mm milieux. Mais ça restait subtil. Je me servais pas de mon "dico de la street" pour amadouer les usagers, en mode clin d'oeil appuyé. Justement je faisais gaffe là dessus. Du coup c'était vraiment au fil de la relation, des échanges que ça pouvait se percevoir...
J'ai été surprise qu'aucun ne soit venu gratter, sonder, pour vérifier, mais il y avait une sorte de pudeur, de "je sais que tu sais que je sais... mais c'est pas le sujet"
Je m'étais pas mal investie sur l'accompagnement niveau administratif, projet pro, ré insertion pour ceux qui étaient demandeurs, et on me disais souvent que je me démenais "pour de vrai". C'etait pas juste un pretexte servant de support à la relation éducative, les demandes formulées je les prenais au sérieux et en compte. Et ça en valait la peine car il y a eu des réussites, parfois surprenantes.
Justement, même des mois, un an après avoir fini mon contrat, j'ai eu des usagers qui me remerciaient, ou qui étaient fiers de me montrer leur parcours et leur réussites... Et franchement ça fait plaisir, c'est même étonnant de voir à quel point on a marqué qqun ou eu un impact positif. Ca se compte sur les doigts d'une main, mais c'est un des meilleurs compliment. Ceux qui me remerciaient, je leur disait merci car ils m'ont apporté. Et je leur rappellais bien que la performance vient d'eux, je leur ai juste fourni les outils pour qu'ils y arrivent.
Pour moi un des apports important du pair aidant, c'est le regard porté sur l'usager : pas dans le mépris, la charité, le misérabilisme... Les considérer en humains, en égaux.
Avoir un UD connu comme tel dans une équipe, ça permet je pense déjà à l'équipe de se questionner sur son rapport à l'usager,les préjugés, clichés que chacun a.
Ca oblige en quelques sorte à bein se comporter : pas de moqueries, de dédain, de discrimination... Enfin moins, je pense.
Et du coté du public, avoir une image valorisante de l'UD. Voir que la consommation n'est pas une fatalité qui mène forcément à la précarité. On mérite d'avoir des modèles, des exemples de vie positifs...
Bon il est tard (ou trop tôt!), c'est pas très construit tout ça, je viendrais peut etre compléter, reformuler plus tard...
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Dernière modification par ismael77 (07 novembre 2019 à 02:47)
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pierre a écrit
Les médiateurs pairs sont une rareté, les conseils de la vie sociale sont une blague, la parole des usagers n'est pas écoutée.... c'est ce que je vais dire en substance aujourd'hui et ça va jeté un froid...
courage alors .... heureusement qu'il y a quelqu'un pour le dire, ca ramene du réel dans des messes qui en sont parfois éloignées
bonne journée à toi et merci de porter cela
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pierre a écrit
Merci beaucoup pour vos réponses.
Je vais lire des passages de vos témoignages aujourd'hui au colloque à Lille.
C'est vrai que la participation des usagers dans les structures addictologie, le compte n y est pas !
Les médiateurs pairs sont une rareté, les conseils de la vie sociale sont une blague, la parole des usagers n'est pas écoutée.... c'est ce que je vais dire en substance aujourd'hui et ça va jeté un froid...
Pierre, tu nous feras un retour après ton intervention au colloque! Je suis curieuse de connaître la réaction des professionnels présents...
Dernière modification par Stelli (07 novembre 2019 à 16:48)
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Stelli a écrit
Pierre, tu nous feras un retour après ton intervention au colloque!
tout aussi curieux que Stelli :)
j'imagine (peut-etre a tort) que ca doit pas etre les moment de représentation les plus sympas... mais pu***n qu'est ce que c'est utile
merci Pierre
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pierre a écrit
groupe de chercheurs.
chanceux :)
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pierre a écrit
J ai lu les posts en entier de Stelli et Marla et j'ai commenté.
J'ai parlé de savoir experientielle, de stigmatisation, de violence symbolique, de l'absence de considération des usagers et de leur parole par les professionnels.
Discours plutôt bien reçu que ce soit par les pros, mais aussi par les usagers qui étaient là et qui sont venus me voir à la fin. Ca m'a fait plaisir car notre discours sur la stigmatisation et la violence symbolique est bien compris des usagers !
Je suis fier de vous ! De nous toustes.
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Pire, en ce qui me concerne, il y a eu un refus de faire un bilan et de fixer des objectifs. Pour eux je vais bien, tant que je prends des traitements qui sont lourds, et jamais remis en question malgré la non efficacité et puis l'aggravation et l'apparition de symptômes nouveaux, et effets secondaires m'empêchant de travailler.
17 ans à essayer tous les traitements et en vain. On a volé ma vie, mais c'est de ma faute, la passivité, et l'illégalité, enfin j'ai été diagnostiqué bipolaire, et puis l'état a pris des proportions terribles. Et si je n'avais eu des bulles formées aux chevilles à cause (prob) du lamictal, je serais encore sous lithium, à trembler et aller aux WC 200 fois par jour, et je vous épargne le détail.
Aucun monitoring et pire :
voulant faire le point, j'ai écrit au csapa et au psy, car je ne me sentais pas compris, entendu.
Ma psy m'a demandé si elle devait lire mon mail...Après 5 ans à lui confier mon intimité...
" S'il est calme même, si (il se croit/dit) désespéré et angoissé, ça va!" Et aussi speed et dépressif plus parfois, tout le temps. Mais ce serait pire sans, non?
Ce que je ressens ne compte pas comme leur impression, eux qui souvent ne connaissent pas mon nom!
Alors oui, on doit reconquérir notre place au sein du soin.
La psychiatrisation de l'addicto a un effet terrible sur le meilleur des traitements pour les "HQ" ou hauts potentiels, soi disant, en fait ceux qui pensent en arborescence : la stimulation et la réalisation de cette profusion d'idées et de boulimie passionnée de livres, de sport et de recentrage.
Après tout ça pourrait être pire.
C'est le seul argument auquel je me raccrochais, je pourrais être en rechute sévère, ou à l'hosto, et je suis chez moi au rebut, s'il n'y avait la lecture et l'écriture je serais devenu quoi. Qui?
Un légume qui ne ressent plus d'amour pour sa femme, ne connaît que la peur et un gouffre abyssal, que la came viendrait remplir à ravir, au moins six heures en dehors de la vie. Pour ne pas vivre de léthargie il faut réagir dès les premiers signes, il est anormal de ne plus avoir de sentiment pour ses enfants...Alors mieux vaut pleurer sa race que faire la limace..
Vite et de façon confuse, on a besoin d'un lien intime à soi, pour créer.
Et si les anti-psychotiques sont indiqués pour certains, ils tuent la créativité, salvatrice et dynamique.
Si arrêter la dope consiste à devenir un mec normal,
un gars posé, lobotomisé sur les bords, alors je préfère souffrir,
que ne rien ressentir, que de la peur et de la solitude.
Alors que les ressources sont en nous, il faut que le soigné, soit acteur plein, c'est ma vie, j'ai enterré docteurs, et pris tous ces puissants neuroleptiques, antidépresseurs, anti-psychotiques, et certains anxiolytiques (le dogme anti benzo oublie la primaire indication des valium et "calmants" le remède indispensable aux réelles et incontrôlables crises de panique et d'angoisse, terribles; qu'on dénigre aujourd'hui.
A l'époque on avait pas le choix. Maintenant si. Mais si,
un Psychiatre décide de couper le benzo ou de toucher au TSO sans méthadonimie (17 ans pour apprendre l'existence de ce test, qui a révélé un sous dosage dingue, 160 mg de métha, demie vie : 2 heures). Les séances de psy, m'ont amené à réalisé que les thérapeutes n'étaient pas forcément qualifiés, en fait j'en ai jamais eu qui ait lu Freud, sans être lacanien...Mais qu'importe puisque le xéroquel et le tercian, le lithium, le dépakote sont là...
C'est à nous, d'avoir de l'ambition pour nous mêmes, l'abstinence n'est pas un but, je déconseillerais même l'arrêt de ses habitudes, sans passion de substitution.
En tout cas, moi je n'ai jamais autant souffert qu'en traitement neuroleptique.
Et je vais m'orienter vers un CMP, et en ville pour ne pas devenir amer, car il est clair, que l'on ne fait pas confiance au patient pour savoir ce qu'il lui arrive, et qu'une HdT est vite arrivée sur un malentendu. Sans parler des usagers que je ne croise que là, et qui n'aident pas à sortir de ça.
Le suicide en HP forcé, est tabou, mais répandu. Et pourtant on continue...Pour protéger le "malade" de lui même.
De même pour les traitements, c'est au feeling du prescripteur. Heureusement on peut choisir. Mais le recul ne prouve pas l'efficacité des médicaments pour les patients "normaux" juste déprimés. Et pour les pathologies lourdes c'est encore pire; malgré la profusion de cliniques spécialisées dans les troubles de l'humeur.
Pourquoi, le fait de comprendre mieux les mécanismes du cerveau et de l'addiction, a t-il contribué à nous déposséder de notre exclusive expertise?
C'est un jeune infirmier de 24 ans, fort compètent qui va me faire la morale!
Non il y a de la bienveillance, mais par dessus notre propre existence sociale, dont la vision pathologique, aliène notre intégrité politique, au sens d'acteur de la société et de personne en pleine faculté, et mieux, ayant acquis une expertise et une connaissance de soi, rare.
Après avoir passé un an sans dire un mot, j'ai essayé de donner le plus d'infos mais, croire qu'ils allaient ainsi, pouvoir m'aider, fut d'une amère naïveté. C'est maintenant une grosse machine (qui peut prendre fin dans deux ans...ne crachons pas dedans, en plus on est parfois dépendant, même si plus addict), avec ses avantages et ses inconvénients.
Allons là où l'on est considéré, et n'attendons surtout pas de l'extérieur, ce qui doit (re) jaillir de l'intérieur.
Car c'est la même faille apprivoisable, qui donne manque et plenitude. L'un, le malaise, ne va pas sans l'autre, la recherche de la réalisation de soi, sinon il n'y aurait pas d'aventuriers!
Et d'histoires à raconter!
merci
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MonkeyBoy a écrit
Qu elle dommage, je viens de lire votre message, j aurais été très heureux de vous donnez/ partager de mon ressentit en temps qu'usagé pair dans un CAARUD ou du jour au lendemain, due au faite d une collègue malade, j étais tout les jours avec les usagés , mais cette fois ci comme médiateur santé pair et salarié. J ai appris si beaucoup, trop tard pour s éternisé, mais des le début les problème que j ai eu son venu de certain membres du personnelles, jamais des usagés,de plus je travaille toujours dans ce CAARUD, imaginez la position, la direction m avait prévenu ce serait dur et sans être vulgaire, j avais le cul entre deux chaises, ayant été moi même un ancien usagé suivit dans ce même caarud!, juste sur le faite que plus de 50 % des usagés était des proches avec qui j ai consommé, cela fait 5 ans que je me suis sevré. Dommage j ai vraiment trop de choses a faire, je reviendrais pour expliquer en profondeur mon expérience, et je pense que j aurais beaucoup de choses qui vous surprendront , je l expère all the best .
OUI ! Explique nous !
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