Hier, discussion au téléphone avec mon amie d'Avignon, celle qui m'initia à ma drogue préférée. Ce samedi soir, en compagnie de son partenaire sexuel, elle s'est poudrée le nez et elle est "bien chaude", pardon pour cette expression très vulgaire. Nous parlons de nos différents fantasmes, et de son problème récurrent : quand elle reçoit son amant, elle lui offre le Champagne, et lui apporte des substances qui vont démultiplier leur plaisir et leur perversité. Le cercle vicieux par excellence.
Seule chez moi,
sniff, passé minuit-une heure, j'ai de fortes envies de débauche. Non, ce n'est pas ce que vous pensez, sincèrement. La drogue me manque, voilà tout. Un mois et dix jours que je tiens bon. Je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin, cueillir avant maturité le fruit de mes efforts et les anéantir (rappel : mon objectif, au moins un trimestre sans rien consommer, avec l'espoir de retrouver une certaine naïveté aux produits). De toutes façons, pas de risque, je ne garde plus rien chez moi. J'ai été lente à comprendre, sur ce coup-là, mais quand même !
Je me rappelle que des comprimés d'
alprazolam se trouvent en haut de l'armoire de ma cuisine. Dosés à 0,5 mg. Bon, pas question de m'amuser à en prendre des tonnes, j'ai (dé)passé l'âge de ces conneries, et pour cause, je suis encore de ce monde. Deux comprimés, 1 mg au total, suffiront amplement. En plus, je dors mal en ce moment, j'ai de fréquentes insomnies. Demain, c'est dimanche. Au moins, je profiterai d'une bonne nuit, et d'un sommeil réparateur. Usage ponctuel et tout à fait exceptionnel. Pas du tout envie de me retrouver dépendante de ce genre de saloperies dont le
sevrage semble si difficile. L'exemple de ma défunte mère me revient en mémoire : triste pacte conclu avec le diable (les médicaments qu'elle prenait en échange d'une tranquillité factice)...
J'ai lu sur le forum qu'il était stupide et inefficace de sniffer des benzos; du moins en théorie. Qu'à cela ne tienne, ce rituel, cette liturgie, j'y tiens énormément. J'écrase les deux comprimés, de plus en plus finement, à l'aide du plat d'un couteau. Puis je peaufine avec le dos d'une cuillère à café. La poudre est ultra-fine, délicate comme une farine de riz, rose saumon à cause de l'enrobage; on dirait un mystérieux
RC, pas encore nomenclaturé !
Quatre mignonnes petites lignes - putain, qu'est-ce que ça me manquait de ressentir la fébrilité de ce geste, le dessin artistique de ces traits - une paille en carton, j'y vais. Chronomètre "on", on va voir si ça agit vite ou pas, en
sniff, malgré ce qu'on en dit.
Effet placebo ou réelle efficacité, en dix minutes, je me retrouve sur un nuage cotonneux, super-détendue, désangoissée, et avec une grosse envie de dormir. Je plane grave. Mais c'est agréable, aucune nausée, aucun malaise, je me sens juste partir. Le pays des rêves veut m'engloutir, je ne vais pas pouvoir lutter longtemps. Cela me rappelle ma dernière anesthésie lors d'une intervention chirurgicale, j'avais dit à l'anesthésiste "vous me prévenez, quand vous m'injectez, hein ?", et je m'amusais à rester concentrée, en éveil, afin de vivre l'endormissement, la perte de conscience.
La suite ? Elle fait partie intégrante du trip. Un bon gros dodo, de nombreux songes, et au réveil, le sentiment d'avoir voyagé loin. Un peu comparable à mon aventure avec le
datura, j'ai l'impression de me répéter. Peu de souvenirs. Et cependant, la certitude qu'il s'est passé "quelque chose".
Dernière modification par Anonyme Acculée (17 novembre 2019 à 16:44)