Dépendance manque

l'addiction est insidieuse et n'épargne personne ce n'est pas parce que l'on consomme de temps en temps qu'il n'y a pas une attache qui se crée  faut faire attention tu à entrouvert  une porte le jour de la découverte que tu ne pourras plus refermer car sceller dans la mémoire et donc
petit à petit la porte s'ouvre......
ca ne vaut pas pas le coups .

Salut,

naturellement chacun est différent et réagit différement aux produits...

À mon avis déjà il ne faut pas confondre addiction et dépendance (et dépendece physique et psychologique)....pourquoi je te dis ça ?

Parce que si je regarde ma propre conso et expérience, et ça fait à peu près une bonnne dizaine d'années que je consomme des opiacés, ça m'aide à m'y dépatouiller, comprendre sans noircir le tableau, mais évitant de l'embellir.

Je crois que c'est important dans une conso vraiment RdR ne pas se voiler la face (oui le manque existe putain, les problèmes socios liés aux consos aussi) mais sans diaboliser les produits et les comportements des UD.

Depuis à peu près deux ans je prends plus régulierement de la came, souvent avec un schéma proche de celui que tu décris (conso un week-end sur deux/week-end+codéine pour descendre/week-end long). Avec quelques pauses (un mois en 2018 et en 2019), avec des changements de molécules certaines semaines (came/op/sken/tramadol).

Ce que je peux remarquer, pour moi, c'est que :

- nivéau dépendance PHYSIQUE, selon l'échelle "Clinical Opiate Withdrawal Scale" (echelle du manque opiacé, utilisé en médecine aux USA pour établir la dureté de la dépendance physique [1]), j'en suis au pire (après des sessions de quelques jours) à 11. Ce qu'on définirait un manque léger, avec quelques symptomes. Mais, bien que leger, il est quand même là. C'est bien loin d'être invivable, mais je me rends bien compte que ça ne va pas en s'ameliorant ! Et qu'avant ça ne m'arrivait pas comme ça. Cela dit, vu les doses que je prends, ça reste proportionnel...

- niveau dépendance PSY, ahi ahi ahi, je crois que j'y suis bien dedans. Je n'arrive pas à concevoir ma vie sans, j'en ai envie, regulièrement, ça m'aide à travailler, ça m'aide à m'exprimer, ça m'aide à être mieux...et tout ça...ça augmente la conso, qui à son tour va augmenter la dépéndance physique...

- niveau addiction, je crois que je n'ai pas trop de comportements addictifs avec la came pour l'instant comme je pouvais avoir avec la bouffe (incapacité à m'arrêter alors que je savais que ça me faisait du mal, balance effets négatif/positifs vers le bas, conso et culpabilisation). J'arrive à ne pas en prendre, même si ce n'est pas toujours évident...et le plus dur c'est de me décider à ne pas en prendre (--> dépendance psy), quand je consomme je suis contente de le faire (sauf quand c'est de la merde à la caféine qui tape sur la tête et le coeur), ça ne me met pas dans la merde financeraiment, ni socialement...

Du coup, j'aurais tendance à penser que si tu te pose la question du manque c'est parce que tu commence à te questionner sur ta conso...ce qui est une très bonne chose...mais qui pourrait aussi dire que ça commence à te poser problème (c'est une question, c'est que toi qui as les réponses...).

À mon avis, mais ça reste personnel, pour profiter au mieux de ta conso, éviter que ça se enracine trop dans tes habitudes, une pause pourrait ralentir la survenue  d'une vraie dépéndence psy et du manque. Car, même s'il n'ya pas des regles mathematiques, en général, plus on consomme (en durée, fréquence et quantité) plus le manque arrive vite et fort.

Après, je vois bien comment c'est facile de donner de conseils aux autres, alors qu'une pause ne me ferait pas de mal, non plus au contraire !!!

Bref, j'espère quand même que mon expérience te permette d'y voir plus clair, avec des nuances...

Prends soin de toi et profite bien


[1] https://www.thecalculator.co/health/Cli … r-871.html

Je voulais aussi vous demandez à quel moment devient-on maigre , et qu’on a la jaunisse ?

Les opiacés peuvent entrainer des problèmes de santé comme tous les produits et médicaments mais ils ne rendent pas maigres et jaunes du jour au lendemain.
Lis le psychowiki

https://www.psychoactif.org/psychowiki/ … 9moignages

ou ce que tu peux trouver sur Internet et tu verras quels sont les risques réels.

Souvent le grand public a une image du "toxicomane" qui correspond en fait à des situations cliniques extrêmes, et heureusement rares,  de consommateurs qui  ne pensent plus qu'à consommer, et négligent de manger, de se laver etc... Ces situations sont le plus souvent liées à des problématiques psychiatriques ou sociales graves.
Elles ne représentent qu'une petite proportion des consommateurs d'opiacés.
Et cette consommation totalement non contrôlée peut entrainer divers problèmes de santé, y compris un amaigrissement (lié au manque d'alimentation ou à un SIDA post injection) ou une jaunisse (hépatite C, là encore après injection sans précaution).
Le SIDA et l'hépatite C peuvent survenir chez des consommateurs "avisés" s'ils s'injectent et s'ils ne prennent pas de précaution.
Et les consommateurs de produits psychoactifs ne sont pas immunisés contre toutes les maladies (cancer, maladies cardiaques,tuberculose etc..).

Les études épidémiologiques montrent en général une mortalité augmentée  chez les consommateurs mais avec beaucoup de variations selon l'âge, le pays, le sexe etc...  Et surtout la plupart des études ne concernent que les populations "à risque" et pas les consommateurs respectueux de la RdR.

http://www.emcdda.europa.eu/system/file … NN_PDF.pdf

Data suggest that high-risk drug users have a three to 20 times higher mortality risk than their peers of the same age and gender in the general population

High-risk drug use: injecting drug use or long-duration/regular use of opioids, cocaine and/or amphetamines

C'est comme si on évaluait la sur-mortalité des consommateurs de vin (y compris les buveurs occasionnels) en ne retenant que celle des gros buveurs.

https://feditobxl.be/site/wp-content/up … Baelen.pdf

(Dans les études il faut noter que la mortalité par overdose est beaucoup plus élevée dans plusieurs pays aux USA, Canada et UK + certains pays de l'Est de l'Europe qu'en France (jusqu' à 10 fois plus) , donc il faut savoir lire les chiffres.)

https://www.who.int/bulletin/volumes/91/2/12-108282/en/

Bonne nouvelle, la mortalité est réduite par les TSO.

http://www.infos-psychotropes.fr/pdf/bmjTSO.pdf

Une augmentation de la mortalité (toutes causes confondues)   est couramment observée chez toutes les personnes en état de stress (deuil, chômage, dépression, maladies mentales etc..) donc là encore il faut savoir lire les chiffres.

http://ar2005.emcdda.europa.eu/fr/page072-fr.html
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articl … 023465.pdf

Donc tu as raison de te pré-occuper de ta santé et de craindre des conséquences de ton éventuelle consommation  mais il sera plus efficace de connaitre les dangers dans leur réalité que dans le fantasme.

Lis les references tu auras une idée plus "épidémiologique" des risques, même s'il y a encore beaucoup de confusions dans les statistiques.
La lecture la plus conseillée (courte mais essentielle) est celle ci

http://ar2005.emcdda.europa.eu/fr/page072-fr.html

Amicalement

Dernière modification par prescripteur (20 novembre 2019 à  16:00)