Après réflexion, me disant qu'il y avait encore assez peu de
TR francophones sur cette nouvelle molécule, et que le forum était plus fréquenté que les blogs où j'ai posté ce
TR initialement, j'ai pensé que ça pouvait être une bonne idée de le publier ici aussi. Si vous pensez que c'est inutile ou redondant, n'hésitez pas à modérer la publication
Sujet : homme, 45 ans, 1.84m, 95kg, déjà bon routier des psychédéliques et autres enthéogènes et
empathogènes.
Dose : 100 microgrammes en deux drops.
Set : un peu incertain, un passage un peu délicat dans ma vie perso et pro on va dire, gros besoin de décompresser en tout cas.
Setting : plutôt cool si on aime tripper en milieu festif, un petit club tenu par des potes, du rock psychédélique sur les platines, des copains un peu partout.
Pour commencer je dois dire que j'ai un petit problème avec le
LSD et ses dérivés. Et ce problème, ce n'est ni le
LSD, ni aucun de ses dérivés : ce problème c'est l'
alcool.
Je m'explique : j'ai théoriquement une approche très raisonnée des psychédéliques, en tant qu'expérience puissante, à ne pas accomplir dans n'importe quel contexte, potentiellement capable de révéler beaucoup de choses et de changer la vie d'une personne, une expérience à respecter, donc.
Ça c'est pour la théorie. Dans la pratique, et bien que je me soigne (réellement : je suis suivi en addictologie pour ça), j'ai un rapport assez conflictuel à l'
alcool, qui fait que je peux rester sobre pendant de longues périodes, et puis d'un coup, "lâcher les chiens" et me mettre des cuites d'anthologie durant lesquelles je fais un peu n'importe quoi, quitte à me mettre en danger ou à avoir des comportements que je vais regretter ensuite.
Un des aspect de ce problème, c'est que lorsque je suis dans une de ces phases "grosse cuite" et que j'ai du
LSD ou une lysergamide chez moi, il y a toujours un moment où ça me paraît une super bonne idée d'en prendre, alors que clairement là ça n'est pas raisonné du tout.
C'est donc ce qui s'est passé samedi, puisqu'après une tournée des bars en bonne et dûe forme, je suis repassé par chez moi, j'ai chopé au frigo le 1CP-LSD récemment commandé chez un fameux labo allemand, et j'ai filé en club où j'ai commencé par partager un carton dosé à 100µg avec un pote pas vu depuis longtemps et avec qui je m'étais embrouillé (réconciliation lysergique donc !), une moitié chacun, puis une fois que le premier plateau a été atteint, nous avons redroppé une seconde moitié.
En ce qui concerne le trip en lui-même : je vous rassure tout de suite, en dépit de mon état d'ivresse relativement avancé, tout s'est passé tellement bien que je crois pouvoir dire sans trop hésiter qu'il s'agit d'un des meilleurs trips de ma vie.
Mon seul petit regret c'est probablement que le fait d'avoir été alcoolisé a un peu atténué ma sensibilité, ce qui fait que mon souvenir de l'ensemble du trip n'est pas aussi net que je l'aurais souhaité. D'un autre côté, l'aspect anxiolytique de l'ivresse éthylique a sûrement atténué l'angoisse éventuelle que j'aurais pu ressentir vu que j'avais passé une semaine assez hard au boulot (je bosse dans le social et parfois on en voit de rudes...) et que je suis un peu en remise en question sur pas mal de trucs en ce moment, professionnels, addictologiques....
Que dire sur le produit lui-même ? Franchement, de mon point de vue, c'est une lysergamide exceptionnelle. J'avais entendu dire que l'ALD-52, que je n'ai jamais testé, avait tous les bons côtés du
LSD, sans le délire parfois un peu trop mindfucké/angoissant...Hé bien c'est exactement ce que j'ai ressenti sous 1CP-LSD. Comment décrire la montée ? Une fantastique explosion de joie, de lumière, de bien-être, de rire, irradiant depuis le plexus solaire et se répandant dans tout mon corps avant de rayonner dans tout mon esprit et dans l'univers autour de moi, comme si une étoile bienheureuse se réveillait dans mon coeur, une souveraine sensation de "mais en fait pourquoi on passe notre temps dans la vie à se prendre la tête et à se tordre le mental avec des trucs compliqués et moches et tristes, alors que tout est là, devant nous, sous nos yeux, pour nous, et qu'il n'y a qu'à jouir de tout ?"...Un bonheur de voir tous mes potes et même des gens que je ne connaissais pas spécialement mais avec qui je sentais plein de jolies connexions, fugaces mais importantes, une joie pas possible de tripper avec mon pote et de vivre une réconciliation avec lui dans ce cadre là, et enfin, cette espèce d'évangélisme du
LSD que, je pense, tous les acid-heads connaissent, et qui donne envie de hurler à la Terre entière : "Mais prenez-en putain, prenez-en, le monde irait tellement mieux si tout le monde en prenait au moins une fois, ça devrait même être obligatoire bordel !!!", enfin je pense que vous me captez
En tout cas, une nouvelle fois (ça m'arrive souvent sous trip), la prise de conscience du fait que je suis en réalité une personne assez heureuse et pas si compliquée, et que ça me permet de faire des trips qui se passent en général vraiment bien, malgré mes grandes questions métaphysiques
Aspect visuel : en fait je ne sais pas trop. Ça peut paraître étonnant mais j'étais tellement dans ce big-bang de bonheur, à rire, à danser comme un ouf, à serrer mes potes dans mes bras, que je n'y ai même pas spécialement fait gaffe...Sûrement, les murs valsaient un peu, sûrement les couleurs étaient vives et chaleureuses, sûrement le sol tanguait légèrement, mais ça ne me semblait pas si important...L'important c'était l'intensité de joie que j'étais en train de vivre.
Au petit matin, je suis rentré chez moi, j'ai eu une super belle discussion avec un pote sur messenger, un super copain qui a peur de reprendre du
LSD depuis un bad, alors je lui ai juste dit que je ne voulais pas le pousser mais que si un jour il voulait y revenir, en fait il n'y avait aucune raison réelle d'avoir peur, que c'était justement la peur qui générait les bads, et que s'il avait besoin d'un sitter, je serais là.
J'ai constaté là en regardant par la fenêtre le petit jour qu'effectivement les hallus étaient bien présentes, les arbres hivernaux, sans leurs feuilles, par ma fenêtre, dessinaient une sorte de réseau de mosaïque compliquée en mouvement, avec des traits et des points qui traçaient comme une écriture extra-terrestre, et le ciel avait pris une drôle de couleur orange pas explicable uniquement par l'aube. J'ai pensé à cette chanson de Jefferson Airplane où on entend "doesn't the sky look green today", bon bah là le sky lookait orange vif...Mais au final ça ne m'intéressait pas tant que ça. Je crois que plus ça va, plus les hallucinations me semblent hyper secondaires sous acide, c'est d'ailleurs pour ça que je ne suis pas fan des gros dosages où on perd le contact avec la réalité et où on est enterré sous les visuels, moi ce que j'aime c'est l'intensité de bonheur, tellement plus pure et pleine qu'avec la
MDMA par exemple (à mon goût en tout cas...).
Et puis c'est là que les problèmes ont commencés :
Parce que soudain je me suis rendu compte que je ne trouvais plus l'Iphone que mon mec, rentré se coucher après la tournée des bars, m'avait confié, et en fouillant partout, mes poches, le salon, etc, j'ai compris que je l'avais égaré pendant la soirée, et ça a commencé à me faire bader, parce que je savais que mon homme allait être furax, et ça me semblait tellement dérisoire et absurde comparé à l'expérience magnifique que je venais de vivre, que j'ai préféré aller le réveiller et lui annoncer tout de suite la mauvaise nouvelle, et ça n'a pas manqué, je me suis fait engueuler, je l'ai mal pris, je lui ai dit des choses pas gentilles, alors que j'étais complètement dans mon tort, bref tout a commencé à virer au bad d'un coup...
Et là, comme l'acide commençait à refluer et à descendre, je me suis rendu compte que j'étais aussi sacrément alcoolisé, et j'ai commencé à ressentir la gueule de bois, et comme j'ai dit à un pote le lendemain :
descente de trip + gueule de bois, je ne souhaite pas ça même à mon pire ennemi, ou alors si, mais vraiment à mon pire ennemi...
Et là j'ai ouvert Facebook, et je suis tombé sur le message de la femme d'un de mes amis, qui m'annonçait que son mari était décédé la veille d'un arrêt cardiaque.
Et là je me suis aperçu que, comme je n'avais pas planifié un minimum mon trip, je n'avais pas de
benzodiazépine sous la main, et qu'il allait falloir vivre ce retour cauchemardesque à la réalité, à la dure, sans rien pour amortir.
Résultat : dans l'après-midi, après avoir essayé en vain de faire venir SOS-Médecin pour une prescription de
Xanax, j'ai finalement dû appeler ma soeur, qui comme je le savais en avait chez elle, pour qu'elle vienne me sauver la mise, ce qu'elle a fait sans trop me taper la morale, ce dont je ne la remercierai jamais assez vu le contexte....
Deux jours plus tard : reposé, évidemment redescendu, mais toujours un joli afterglow et une stimulation intellectuelle et esthétique qui comme toujours chez moi après un trip dure quelques jours...Aucun regret concernant l'expérience, qui a été merveilleuse dans son ensemble. Mon seul remord : le côté compulsif, qui m'a fait prendre un psychédélique vraiment puissant dans un contexte où ça aurait pu vraiment mal finir. Une grosse envie du coup de reprendre et approfondir mon travail sur mon addiction à l'
alcool, pour éviter de reproduire ces circonstances, et pouvoir jouir tellement plus entièrement de mon voyage, jusqu'au bout.
Epilogue : les gars du club on finalement retrouvé l'Iphone. Par contre, mon pote n'est pas encore ressuscité.
Je dédie, humblement, ce report à sa mémoire.
Dernière modification par Cub3000 (08 février 2020 à 12:46)