Article dans RTS le 28/04/20
https://www.rts.ch/info/regions/vaud/11 … icile.html"
Le CHUV livre désormais de l'héroïne pharmaceutique à domicileEnviron vingt personnes dépendantes reçoivent désormais notamment de l'
héroïne pharmaceutique à domicile. Des équipes du Centre hospitalier universitaire vaudois leur en distribuent, une première pour l’établissement qui est liée à la pandémie de
Covid-19, a appris la RTS.
C’est une démarche qui n’a pas été médiatisée, mais dont la RTS a eu connaissance en cours d’enquête: le CHUV a mis en place un système de livraison de diacétylmorphine – aussi appelée
héroïne pharmaceutique – à domicile.
Des équipes rattachées au Service de médecine des addictions se rendent ainsi chez des usagers qui étaient déjà en traitement auprès du centre universitaire avant la pandémie de coronavirus et leur donnent des produits de
substitution.
Dépendantes et vulnérablesLa réflexion du CHUV est la suivante: les personnes dépendantes sont souvent vulnérables et elles courent ainsi des risques d’attraper le coronavirus si elles sortent dans la rue pour se rendre dans les locaux de la Polyclinique d’addictologie, là où elles bénéficient en principe des traitements.
Le CHUV a donc créé ce système de livraison à domicile. Stéphane (prénom d’emprunt) bénéficie de cette offre. Il a plus de cinquante ans et il prend de l’héroïne pharmaceutique depuis environ un an. Chaque matin, du lundi au vendredi, pendant environ quinze minutes, il reçoit la visite d’une équipe du CHUV composée de deux personnes, parfois un infirmier et un éducateur. Il s’injecte la diacétylmorphine devant eux. Le soir, il prend les pilules qui lui ont été remises le matin.
"J'aurais trop peur d'attraper le coronavirus en sortant""Je suis séropositif depuis l’adolescence, confie Stéphane. Alors depuis que le coronavirus est là, je ne sors presque plus, je n’ose plus. Si l’équipe soignante ne venait pas chez moi, je ne pense pas que j’oserais me rendre à la polyclinique. J’aurais trop peur d’attraper le coronavirus en sortant. Et si je ne me rends pas à la polyclinique, je serai en manque et je risquerai de replonger." Stéphane est donc "rassuré et soulagé" que le CHUV vienne chez lui.
Si le CHUV n’avait jamais proposé une telle offre, c’est aussi parce qu’il ne prescrit pas l’héroïne pharmaceutique depuis longtemps. Cela remonte au 1er juin 2018. Dans un communiqué diffusé à l’époque, le médecin cantonal Karim Boubaker expliquait que "les effets bénéfiques de tels programmes ne sont plus à démontrer. Ils s’adressent aux personnes présentant un syndrome de dépendance aux
opioïdes sévère. Les essais cliniques réalisés dans sept pays et portant sur près de 2000 personnes ont montré une amélioration de la santé, de la qualité de vie et de l’insertion sociale des patients".
"Solutions pragmatiques"La démarche du CHUV, déjà entreprise par les Hôpitaux universitaires de Genève dans le passé, fait écho à la volonté de l'Office fédéral de la santé publique de faciliter l’accès aux traitements de
substitution en cette période de pandémie. Dans un courrier du 13 mars adressé aux responsables des centres pouvant prescrire l’héroïne pharmaceutique, Markus Jann, responsable de la section
Bases politiques et exécution au sein de la division Prévention des maladies non transmissibles à l’OFSP, écrivait que, "compte tenu de la situation actuelle, des solutions pragmatiques sont nécessaires".
Dans son courrier, Markus Jann rappelait ainsi que l’Ordonnance relative à l’addiction aux stupéfiants stipule que, "exceptionnellement, dans des cas indiqués, la diacétylmorphine peut être administrée à domicile sous contrôle visuel du médecin responsable ou d’une personne mandatée par ses soins".
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Fabiano Citroni/boi"
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Dernière modification par Plotchiplocth (29 avril 2020 à 13:43)