Bonjour à tous,
Je viens à vous pour vous partager mon expérience et espérer trouver des témoignages/conseils par rapport ce que j'ai vécu et dont je ne suis pas sorti indemne.
Alors voilà,
Récemment, des potes que je ne connais depuis pas si longtemps (ça a sûrement son importance) m'ont proposé de prendre un carton. Je précise que je n'avais jamais pris ça de ma vie et que je fume le
cannabis de manière récréative depuis mes 18 ans (j'en ai 24). J'accepte, me rends chez l'un d'eux et ils me donnent un
buvard de 100ug que je mets sur ma langue. Je le garde et l'avale au bout d'un petit moment. Une petite heure plus tard on sort marcher. Je sens des tout petits effets une fois dehors : sentiment de calme/sérénitude profonde, rire très facile, moins de sensation au niveau de mes membres et l'impression que ces derniers ne m'appartiennent pas, fascination pour la nature, euphorie générale. Bref la découverte de petits effets très plaisants. On continue à marcher et on constate que les effets ne s'amplifient pas. Ils en viennent à la conclusion que les cartons avaient été gardés trop longtemps et avaient perdu de leur teneur en acide ou je ne sais quoi. Du coup ils décident de rouler un
joint. Je savais que le
joint était un "aggraveur" des effets mais je me suis moi-même dit que pour le peu d'effets que j'avais, ça n'allait rien me faire. Erreur...
Je fume sur le
joint comme si c'était une clope, chose qui ne m'arrive normalement jamais étant donné que j'y suis hyper sensible tant au niveau du mental (ça me défonce hyper vite et ça me rend très mou) que du physique (je veux dire au niveau de la gorge, normalement les
joints m'étouffent tellement ils me déchirent la gorge et me font tousser). Après avoir bien fumé sur le
joint, mon pouls s'accélère considérablement, je suis pris d'une grosse panique et je n'arrive plus à écouter ce que disent mes potes disent. J'ai l'impression que je vais m'évanouir, voire même que je vais mourir. Alors je suis pris d'une angoisse folle que j'essaye de toutes mes forces de canaliser. Mon coeur bat la chamade et je perds un peu l'équilibre (sans pour autant tomber). Je suis pris d'une peur infernale que j'essaye de cacher de toutes mes forces (je voulais pas paraître pour un faible). Finalement je "prends le dessus" et mon pouls se stabilise. Ouf. Là commencent les hallucinations, puissantes : couleurs qui m'apparaissent, étoiles noires devant les yeux, points noirs, les objets grandissent et se rétrécissent, les lumières me scintillent à la gueule et j'adore ça, certains paysages m'apparaissent comme des tableaux, le ciel m'apparaît comme une sorte de simulation 3D qui s'étend à l'infini, je vois mes amis en pixels... bref cette seconde étape me plaît et je me dis "ça y est, je vis les effets, j'ai passé le plus dur", jusqu'à ce qu'on décide de rentrer chez celui chez qui on a pris les cartons. Dès qu'on passe le seuil de sa chambre, l'angoisse me reprend. J'essaye toujours de la masquer. On décide de regarder un film. C'est un film gore avec beaucoup de morts et de tristesse. Il va sans dire que non seulement je ne voulais pas regarder ce film, mais en plus de ça je n'arrivais pas à me concentrer donc dans tous les cas il était hors de question que j'y prête attention. Seulement voilà, tout le long, je lutte de toutes mes forces pour "ne pas devenir fou". J'ai l'impression que je vais rester comme ça toute ma vie. Mon coeur s'emballe, je panique à tout va. J'ai eu plusieurs fois envie de pisser mais la simple idée de me rendre au toilettes me terrorisait car j'avais peur d'y faire un gros malaise et de m'évanouir. Je ferme souvent les yeux : des formes apparaissent, des structures multicolores s'emboitent les unes sur les autres, les images fusent sans que je ne puisse les contrôler. L'impression d'avoir envie de vomir me vient, mais je n'ai pas envie de vomir, j'en conclus irrationnellement que je vais rester dans cet état à vie. Je lutte, lutte et lutte, parfois le stress me quitte mais je reste dans un état de flou en croyant que j'apprécie mon moment, puis le stress revient en FORCE et je continue de lutter pour ne pas perdre la tête. Je bouge sans arrêt pour ne pas sombrer, je me concentre sur plein de choses pour pas que mon attention dérive sur des mauvaises idées, en bref je suis constamment en train de gigoter mentalement et physiquement.
Quelque temps plus tard ça descend doucement et je n'ai plus les angoisses, mais j'entre dans un état confusionnel duquel j'ai l'impression une fois de plus que je ne vais jamais sortir. Je rentre à la maison dans cet état (pour info, la prise avait eu lieu 8 heures avant) et ne trouve le sommeil que longtemps plus tard. Lorsque je me réveille, j'ai changé. Je perçois les gens autour de moi différemment : ma copine, ma famille, je ne sais pas comment dire, mais je les vois différemment. Le soir je suis pris d'une crise d'angoisse avant de dormir. Ma copine me calme (elle a joué un grand rôle dans le combat contre l'angoisse "post-LSD"). Ce stress s'auto-alimente et croît. Le lendemain, au travail, ça va mieux, je refais une petite crise d'angoisse avant de dormir mais ça va. La nuit d'après ça va déjà beaucoup mieux et les crises d'angoisse n'existent quasiment plus. Mais je fais l'erreur de fumer du
cannabis la nuit d'encore après (donc 4 jours plus tard) et les effets suivants me reviennent : désorganisation mentale totale, petite perte de la conscience, désorganisation psychomotrice, impression que mes membres ne m'appartiennent pas, tachycardie, angoisse. La nuit-même, je fais un cauchemar horrible et je fais un cri d'effroi étouffé mais bien sonore qui donne l'impression que je suis possédé, ce qui réveille ma copine qui se jette sur moi tant elle a peur (mon père fait ce genre de cris pendant qu'il dort, et croyez-moi je sais de quoi je parle, ces cris sont glaçants). J'ai vu sur internet que ce n'était pas une terreur nocturne mais un cauchemar. En tout cas c'est la première fois de ma vie que je fais les mêmes cris que mon père et ça m'inquiète. Aujourd'hui, j'ai été assez tranquille mais l'idée de repenser à cette nuit me faisait peur malgré tout et, arrivé au lit (donc j'en arrive enfin à maintenant), j'angoisse un petit peu.
J'ai terminé l'histoire. Maintenant j'aimerais juste expliquer les "séquelles" qui me sont restées suite à la prise de
LSD.
J'ai l'impression de voir tout le monde autour de moi différemment, comme si je m'en détachais. Je suis plus sensible à la tristesse sous tous les aspects (scène de fiction, événement triste, ...). J'ai l'impression de + dépendre de ma copine qu'avant (je me sens vite seul si elle n'est pas là et l'idée qu'elle me laisse seul me fait peur). Je ne veux plus voir mes potes, et surtout ceux avec qui j'ai pris le L.
Maintenant j'aimerais juste mentionner plusieurs facteurs qui pourraient m'avoir mené à cette sorte de
bad trip :
- La relation que j'entretiens avec mon père est très bizarre depuis un moment. Je sens qu'il montre plusieurs symptômes de pathologie mentale et cela m'affecte énormément sans que je prenne la peine d'y penser ou de lui en parler. J'en fais un déni.
- J'ai une situation compliquée au niveau travail/études qui fait qu'il est fortement possible que je doive bientôt rembourser une grosse somme d'argent à l'organisme qui me délivre ma bourse d'études, et ça me stresse. J'y pense tous les jours.
- Lors du trip, j'étais en embrouille avec ma copine, qui ne savait pas du tout que j'avais pris du L. Je ne lui répondais pas au téléphone et ça m'angoissait.
- Aussi lors du trip, j'étais avec des personnes certes expérimentées mais qui prônent le "si t'es fort mentalement tu sombres pas". Donc j'ai tout donné pour montrer que j'étais "fort". Je mentais à tout le monde y compris à moi-même.
- Je suis, à mon âge, encore dans une phase de ma vie où je ne sais pas ce que je veux devenir. Je n'ai aucun but concret et j'ai l'impression de plus en plus d'être un être inutile à cette société.
Voilà, alors je sais qu'on est pas sur doctissimo, mais il m'a semblé important de mentionner ces 5 points personnels, parce que je sais que les effets de prods peuvent être hautement influencés par des facteurs personnels.
J'ai terminé. Merci à ceux qui m'ont lu. Je vous laisse maintenant commenter mon expérience et peut-être répondre à ces questions : est-il recommandé que j'arrête définitivement de consommer du
cannabis ? ai-je été victime d'un mauvais trip ? mes angoisses vont-elles disparaître (même si elles se sont assez estompées elles reviennent quand même) ? Quelle(s) impression(s) vous donne(nt) mon récit ? Faites-moi part de tout.
Merci à ceux qui vont me répondre.