Bonjour à tous,
Cela fait plusieurs années maintenant que je lis vos différentes interventions sans jamais avoir franchi le pas de m'inscrire, je crois que je ne me sentais peut-être pas légitime d'y participer réellement.
J'ai lu ici des chemins de vie qui m'ont bouleversée et j'y ai aussi appris plein de trucs sur la
RDR qui m'ont vachement guidée quand j'ai mis mon nez, ma bouche et mes poumons dans des trucs.
Ce soir je franchis le pas d'écrire ici parce que je me fais un peu peur et que ça me rend super triste. Je vais essayer de résumer mon vécu avec la dépendance car bon, comme beaucoup ici, j'y glisse ponctuellement depuis l'adolescence. Parfois violemment, parfois de manière plus sournoise.
Et clairement, l'
alcool bon sang... est de loin l'addiction la plus sournoise à laquelle je suis confrontée, et je crois la seule dont je n'arrive pas à me débarrasser, avec le
tabac. Je me demande clairement si c'est la légalité de la vente de ce truc qui fait que je galère autant à ne plus picoler (probablement).
J'ai 35 ans et j'ai un bon niveau de vie aujourd'hui même si je suis passée par quelques galères. Rien de bien vénère (vive les copains qui dépannent à manger et un bout de canap quand t'as plus rien à te mettre sous la dent ni d'endroit pour dormir). Je viens d'une famille un peu bourge mais complètement pétée, plein de problèmes psys, de manipulations, de merdes dans ce genre qui font que tu réalises adulte que toutes tes angoisses et l'anxiété que tu vis au quotidien sont liées à ton enfance et à l'attitude que tes parents ont eu avec toi. Et puis il y a l'addiction aussi, c'est un truc de famille (mon père est cocaïnomane et puis on est plein à être alcooliques).
Je me suis barrée à 19 ans et quand je repense au moi de l'époque, je me dis que j'avais une vie quand même pas mal saine à part la clope, quelques soirées de beuverie, et quand même pas mal de pétards. J'avais pas trop le choix, je voulais faire des études sans vivre avec mes parents et ils m'ont rapidement dit "C'est soit tu restes avec nous, soit tu te démerdes".
Le jour où j'ai appelé les flics parce que mon père m'avait enfermée à clef dans une pièce après m'avoir balancé de la litière pour chat souillée sur la gueule et pété une guitare sur le dos, ce jour où j'ai eu honte de les voir faire les psys avec moi pour régler un différent qu'ils étaient incapables de gérer parce que c'est la police municipale en fait, j'ai décidé de m'en aller. Donc je suis partie avec mon paquet de clopes et quelques fringues. J'ai rejoint une coloc, et me suis inscrite à la fac puis j'ai travaillé en même temps pour payer mon loyer, de la bouffe et mes livres.
Ma mère me filait un peu de fric de temps en temps en douce, pour mon abonnement de téléphone et les transports en commun mais je m'en foutais d'être pauvre, j'étais étudiante... et on était quand même pas mal à être super pauvres et à bouffer du riz au riz, à se prendre des cuites au jaja à 2 balles de l'épicerie du quartier et à dépouiller nos mégots de clopes pour se rouler d'autres clopes avec.
Pendant ces années, j'ai fait la fête avec mes copains, on allait en teuf, on tapait des trucs mais c'était toujours récréatif et puis on avait vraiment zéro thunes donc on se cotisait pour se payer 1G de ce qui nous tombait sous la main à 5 ou 6.
Mon père m'avait raconté des histoires en lien avec la drogue quand j'étais gamine du genre " Ne prends jamais d'
héro, j'ai vomi comme jamais, ça rend malade", j'avais 12 ans je crois mais ça m'a pas mal marqué, alors j'avais une mauvaise image de tout ça et j'essayais vraiment de rester éloignée même si ça m'arrivait très occasionnellement de toucher à des prods un peu vénères. Puis j'ai été avec un mec pendant 11 ans, un mec plutôt stable mais dépendant au
cannabis donc je me suis mise à fumer tous les jours. Puis on s'est mis à boire, tous les deux. On réalisait pas trop qu'on avait un problème avec la picole, jusqu'à ce que quelqu'un de notre entourage nous dise que c'était un peu chelou qu'on se tape une bouteille de pinard à deux tous les soirs. Puis on s'est séparés. A 5000 kms de nos proches. Je suis rentrée en France et le premier truc que mon padre m'a donné quand je l'ai revu c'est du
shit.
Alors j'ai recommencé à fumer des
joints, beaucoup, mon père me fournissait. Et je fumais seule. Un truc que j'avais jamais fait. Puis j'ai décidé d'arrêter de fumer parce que ça me fatiguait, j'arrivais pas à me réveiller le matin et j'avais des pertes de mémoire et dans mon taff, ça devenait compliqué.
Alors j'ai commencé à boire. Seule encore. Je n'aurais jamais imaginé faire ça avant, pour moi l'
alcool c'était un truc social, un truc que tu fais pas tout seul. J'ai eu une période d'un an super sombre où je traînais solo dans les rades de ma ville jusqu'à 6h du matin en me mettant des races gigantesques et j'allais bosser à 8h le lendemain encore bourrée. J'ai arrêté de traîner dans les rades le jour où je me suis mise à pisser le sang du nez aux chiottes de mon taff à cause de la fatigue, je sais pas, ou d'autres trucs.
Puis j'ai découvert la C à 32 ans. J'en avais jamais vraiment trop pris avant parce que c'était trop cher puis on était trop pauvres quand on prenait des trucs 10 ans avant ça, bref. Je me suis retrouvée un soir avec 1G de C chez moi que j'ai soigneusement rationné pour que ça dure longtemps.
Je me faisais des mini traces seule, le matin avant d'aller taffer par exemple ou le soir avant de voir des gens, ça me donnait du courage parce que j'étais clairement en pleine dépression et que j'avais envie de voir personne. Comme je suis un peu une merde socialement et que j'ai un rapport à la drogue un peu compliqué (genre je ne contacte jamais les dealos moi-même parce que j'ai peur), ça n'a pas duré longtemps. J'ai chopé quelques grammes à droite à gauche par des potes, et je me suis fait des mini traces toute seule le matin et le soir pendant 6 mois à peu près. Puis ça s'est arrêté. Ça s'est surtout arrêté parce que je me suis rendue compte que j'aimais ça et que j'ai eu peur de devenir dépendante d'un truc qui coûte cher. Personne n'a jamais su que je faisais ça, je le raconte pour la première fois.
Maintenant, je crois que je suis alcoolique. Avant le confinement, je sortais pas mal en sortant du boulot retrouver des copains pour boire des coups presque tous les soirs à rentrer défoncée et je me posais la question un peu mais ça passait. "Oui mais on est plusieurs donc ça va". Puis le confinement. Puis j'en suis à une bouteille de pif toute seule tous les soirs. Et j'ai pas envie de la partager. Et puis une bouteille de pif, ben à force, ça me suffit plus donc je bois d'autres trucs. Et quand je suis avec d'autres, j'ai peur qu'on ait pas assez d'
alcool pour que je sois défoncée, je surveille le niveau des bouteilles pour être sûre qu'il en restera assez pour que je puisse dormir tranquille.
La seule exception, c'est quand je fume des pétards, j'arrive pas à mélanger les deux parce que ça me fait vomir. Mais comme je suis super nulle avec les dealos, je n'en ai que rarement donc je chope de la fume par d'autres, même si la fume ça m'handicape quand même pas mal sur la motivation (je fais masse de sport - j'en suis aussi dépendante - et quand je fume j'en fais plus du tout même si mon corps a besoin d'en faire)
A côté de ça, j'ai des plaquettes de
Xanax que ma mère m'a filé quand elle a vu que je filais pas droit mais je n'y touche pas, parce que je me méfie des médicaments depuis que je me suis vautrée dans un escalier parce que j'étais trop défoncée à cause d'un machin à la
codéine que mon dentiste m'avait filé. Je sais que j'ai ces plaquettes qui traînent dans un tiroir mais comme je me défonce tous les soirs au pinard, j'ai peur de mélanger et de crever comme une merde toute seule, dans mon salon. Faut dire que j'ai eu du bol, j'ai été guidée par des gens vachement mieux informés que moi quand je prenais des prods à 20 ans. Fallait pas mélanger avec rien à part de l'eau.
Foncièrement, quitte à choisir, je préférerais fumer des pétards, taper de la C en soirée comme avant et être toujours motivée pour la vie sociale et le sport... Mais tout ça c'est incompatible, je peux pas faire en même temps alors qu'avec l'
alcool c'est possible. Et facile. D'en trouver.
Je peux pas arrêter mon taff, c'est le seul truc qui me maintient en vie, ma carrière. J'ai grimpé les échelons de tout en bas et j'en ai vachement chié parce que je suis une meuf et que clairement, on est pas avantagées quand on est meufs et cadres supérieures (encore que, j'ai du bol, je suis blanche). Il faut toujours prouver sa valeur mais quelque part, c'est vraiment un truc qui m'a motivé pendant super longtemps. C'est plus trop le cas aujourd'hui, j'ai envie de faire un truc avec plus de sens mais je suis toute seule depuis 4 ans maintenant et je me sens pas de refaire une autre vie sans quelqu'un à mes côtés. Donc je continue.
Je fume du
CBD quand même et je fais de la
méditation pour pas trop péter les plombs, tous les jours depuis 2 ans, mais ma dépendance à l'
alcool fait que juste ça c'est pas assez.
Je crois que mon corps commence à galérer un peu, j'ai les reins fragiles, le foie qui pique et je suis hyper déprimée. La déprime n'est peut-être pas liée à l'
alcool, c'est sans doute l'
alcool qui est lié à la déprime. Mais la personne que je suis aujourd'hui me dégoûte un peu et ce besoin de me mettre des races tous les soirs avec ce truc qui me tue à petit feu me fait me dire que le serpent se mord la queue et qu'heureusement que ma phobie sociale m'empêche de prendre moi-même contact avec des dealos parce que sinon, j'aurais sombré dans d'autres trucs. Mon moi d'il y a 3 ans qui rationnait la C n'existe plus.
Je sais qu'aujourd'hui j'en serai incapable.
Ça fait quelque temps que je sais que j'ai un problème avec l'
alcool quand même alors j'ai essayé de voir les alcooliques anonymes il y a un an mais ça s'est pas très bien passé, parce que le groupe que j'ai contacté avait vachement d'aprioris sur les drogues autres que l'
alcool, que mon parcours fait que je suis obligée d'en parler et que je pense que j'en reprendrai à un moment ou à un autre.
En vous lisant, je vois que plein d'entre vous vivent bien avec leurs addictions et j'aimerais bien pouvoir dire la même chose, mais ça me rend malheureuse je crois.
J'ai déjà descendu une bouteille rien qu'en écrivant ça, je sais que je vais en boire une autre avant d'aller me coucher et ce constat c'est pfffff...
Voilà, désolée du pavé. J'avais besoin d'extérioriser tout ça, je ne suis même pas sûre d'attendre des réponses même si je pense qu'en avoir me rassurerait peut-être d'une certaine manière.
Pour en revenir au sujet de mon message... je pensais que j'étais capable de surmonter l'addiction, moi, contrairement aux autres membres de ma famille. Mais en fait non.
Dernière modification par MiousMious (12 juin 2020 à 01:39)