Bonjour à tous,
Je me tourne vers vous et vos expériences / témoignages / avis, car je me questionne beaucoup sur ma relation de couple actuelle.
Et j'ai beau faire des recherches sur le sujet, notre cher ami Google ne m'apporte absolument aucune réponse ! ce qui est vraiment très rare !
Quand je fais des recherches sur la vie de couple et l'addiction, les seuls résultats qui ressortent sont "vivre avec une personne ayant une dépendance", "comment aider un toxicomane", "comment j'ai découvert que mon mec a un problème avec la drogue" etc ...
Les témoignages ne concernent que les personnes en couple avec quelqu'un qui rencontre des problématiques addictives.
Mais jamais l'inverse !
Et je me pose beaucoup de questions.
*
On parle souvent du déni, de la fuite de celui qui consomme.
De la difficulté à en parler, à aborder le sujet, l'inquiétude du conjoint etc ...
Mais ce n'est pas mon cas, et j'imagine que je ne suis pas la seule !
*
Je ressens actuellement un sentiment de colère, mêlée de tristesse, vis à vis de mon compagnon, et j'essaie d'identifier tout ca.
Je me demande si d'autres personnes sont dans le même cas.
Comment gérer sa vie de couple ?
Que dire à l'autre ?
Que peut on se permettre de "demander" ou "d'attendre" de l'autre comme soutien / aide ?
Qu'est ce qu'on est en mesure de refuser / d'imposer à l'autre, quand on sent qu'on en a besoin ? Sans pour autant l'étouffer ou être trop exigeant ? comment savoir si ça relève de l'évidence / du bon sens , ou si c'est "abusé" et "trop demander" ?
*
Je vais essayer de vous expliquer mon cas sans trop m'épancher, ce que j'ai du mal à faire quand je poste ici !
je tenterai d'être synthétique pour une fois :
Je rencontre des problèmes d'addictions depuis une dizaine d'années :
troubles alimentaires de 2008 à 2016, avec anorexie puis anorexie boulimie, sexualité excessive, mise en dangers, comportements borderline, conso excessive d'
alcool,
cigarettes, puis
cocaine de 2016 à aujourd'hui.
j'ai longtemps été dans le déni de ses problématiques, et je n'en parlais à personne. parce que j'arrivais aussi à le cacher, et malgré le fait que c'était très présent dans ma vie, j'arrivais à le gérer sans que ça ait trop de conséquences.
mais depuis 2016, suite à une dépression et une vraie
descente aux enfers, je suis sortie du silence et j'ai peu à peu commencé à en parler à mes proches.
séjour en
CSAPA, hospitalisation en HP ... ca a été très difficile, mais ça a eu le mérite de briser le tabou et de libérer la parole.
depuis 2 ans (été 2018), je vais beaucoup mieux.
j'ai souvent pensé et dit que je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis 10 ans, avant que tout ça commence.
les addictions sont toujours là mais j'arrive à mieux les gérer, et elles sont nettement moins envahissantes.
même s'il m'est arrivé de perdre le controle et de faire des "crises" elles se sont nettement espacées. ces "crises", en général surviennent après une grosse conso de
cocaine, une nuit blanche, une fatigue physique et mentale, un stress et culpabilité liés aux finances, suivie par une journée de conso excessive d'
alcool pour estomper la
descente. Journée pendant laquelle je gère très très mal la
descente, avec des pensées qui vont dans tous les sens, des crises de larmes incontrolables, un sentiment de perte de controle totale qui me donne le sentiment d'être complètement folle.
Enfin bref, une
descente quoi.
que je gère si mal que j'en viens souvent à appeler à l'aide, à téléphoner à une amie en pleurs, à créer une sorte de drame malgré moi.
Mais ce genre de crise était devenue tellement rare, que je pensais naïvement que c'était terminé. que tout ca, c'était du passé, une vieille histoire qui ne me concernait plus. cette fille là, elle était loin.
et plus personne n'en entendrait plus parler.
pourtant, si je me penche sur la question, il y en avait eu une en juin dernier, et une en janvier. Mais ca me semblait déjà bien loin.
*
Et puis voilà. J'avais promis de faire court, mais je me laisse emporter malgré moi. comme toujours. Et me sens un peu bête, je vous prie d'excuser tous ces détails et ce plaisir introspectif narcissique.
J'en viens aux faits, enfin :
*
Je suis avec mon copain depuis un an.
On s'est mis ensemble lors d'une soirée, en juin 2019.
Ce soir là, j'ai été d'une sincérité totale.
alors qu'il me faisait la cours, qu'on était dans la séduction,
avant même le premier baiser,
je l'ai répété plusieurs fois, avec une légèreté alcoolisée et une certaine grâce désinvolte et titubante,
je lui ai dit :
"je suis pas un cadeau",
j'ai surtout dit "tu sais, j'ai des gros problème d'addictions",
et puis : "j'ai envie de t'embrasser, je t'aime bien et j'ai envie de toi, mais là je pense surtout à la
coke, et j'arrive pas à m'en empêcher. c'est plus fort que moi. Vraiment, tu sais, ca va pas être facile pour toi d'être avec une fille comme moi".
c'était un peu dit sur le ton de la blague,
mais c'était posé là,
il en faisait ce qu'il en voulait.
c'était assez clair
ca prêtait pas à confusion
on s'est mit ensemble
j'ai continué à gérer ma conso de
coke, en solitaire la plupart du temps
on en a reparlé une ou deux fois, en fin de soirée, un peu bourré
il ne posait pas vraiment de questions
j'ai quand même laché deux trois trucs, parfois, comme
" tu sais, il y a quatre ans, je faisais 20kg de moins"
"tu sais, il y a 2 ans, je prenais 3g tous les jours"
"tu sais, j'ai un trou dans la cloison nasale qui fait la taille d'une pièce"
c'était pas par impudeur ou volonté de le choquer,
mais lui faire comprendre que c'était sérieux, que j'avais eu un parcours difficile, que si j'en étais là aujourd'hui c'était que j'avais du me battre, que j'étais fière d'être celle que j'étais aujourd'hui, après tout ca.
je posais ça là,
et ça me semblait déjà assez lourd comme révélations.
je m'abstenais de dire comment j'avais payée ces 3g quotidiens, les bouteilles de vodka bues sur mon lieu de travail en pleine journée, mon hospitalisation en HP, le diagnostique bordeline, les médicaments.
Devant mes révélations,
de sa part,
jamais de jugement,
peu de questions,
pratiquement aucune réactions
même si ma volonté n'était pas de le choquer, j'étais un peu surprise tout de même qu'il ne cherche pas à aller plus loin, à en savoir plus
je me disais que c'était surement une attention bienveillante, de la délicatesse, qu'il ne voulait pas remuer de vieux souvenirs, et que c'était finalement assez sain de ne pas avoir de fascination morbide pour ces comportements autodestructeurs. Que cette absence de curiosité envers mes côtés sombres était une façon de me porter vers le haut, d.accorder plus d’importance à ma part lumineuse, ancrée dans la vie.
Durant 8 mois, on a finalement très peu parlé de tout ça.
J'ai continué à consommer régulièrement, environ 3g par mois, en solitaire.
Mais je gérais plutot bien.
Je me sentais bien, j'avais trouvé un équilibre.
Pour la première fois, je me sentais réconciliée avec moi.
Je ne me sentais plus en lutte contre moi même, avec le sentiment d’avoir quelqu’un de bon et quelQu’un de noir et mauvais en moi.
Je continuais à avoir des excès, mais je me sentais en paix avec tout ça. Ça faisait partie de moi. J’etais constituée de tout ça , et c’est tous ces côtés là différents qui faisaient de moi celle que j’etais, une belle personne je crois,
*
On s'est installé ensemble fin février, deux semaines avant le confinement.
Le confinement a été compliqué.
Je n'avais jamais vécu en couple, lui non plus, et commencer sa vie à 2 24h sur 24 n'a pas été simple.
Ce que je redoutais a fini par arriver, j'ai consommé toute seule en cachette, dans l'appart.
des demis, toutes les 2 ou 3 semaines.
je l'ai bien géré, pas de tension incontrolable, pas de
descente douloureuse.
*
Le confinement m'a pesé par son "gout" pour les jeux vidéos.
J'étais en télétravail, lui chomage.
On avait pas du tout le même rythme.
J'essayais de garder un rythme normal, et lui était complètement décaler.
Je me levais vers 9h, coucher 00h; lui plutot 6h / 15h
Lui me reprochait parfois ma conso d’alcool, quelques soirées d’ivresses qui me rendaient triste et facilement irritable, à chercher les conflits
*
J'ai repris le travail en juin.
Et là, c'est devenu très compliqué.
J'ai fait 3 très grosses crises, comme ça ne m'était pas arrivé depuis 2 ans.
Même en consommant un demi g de
coke, je me suis mis dans des états pas possible.
descente avec conso d'
alcool excessive, qui m'ont rendu complètement hystérique, ingérable.
en dehors de ces moments de crise, je me sentais complètement épuisée, à bout de force.
j'étais au bord des larmes constamment, sur les nerfs, pour rien.
j'ai été en arrêt une semaine
*
et c'est là, que j'aborde enfin le sujet de mon post.
à ce moment là, je me suis rendue compte qu'il ne comprenait pas du tout ce qui se passait pour moi
comment lui en vouloir ?
évidemment je ne lui en veux pas, puisque je sais à quel point c'est difficile à comprendre, même pour moi
que c'est difficile de savoir comment réagir, quoi dire, comment faire face à tout ça
*
Mais au fond, quelque part,
oui je crois que je lui en veux un peu
car j'ai découvert qu'en dehors de ce sentiment d'impuissance inévitable et commun,
il y avait surtout un manque de curiosité, une méconnaissance du sujet que je ne soupçonnais pas
*
je pensais qu'il avait compris, que j'avais été claire depuis le début
mais je me suis rendue compte que non
au fond, je connais très bien le sujet, je sais très bien ce que j'attends de lui
j'ai très bien su quoi lui dire
Mais encore faut il qu’il m’écoute, qu’on se pose pour en parler, qu’on accorde un moment pour discuter
Je ne demandais que ça, je tentais de le provoquer ce moment, cette discussion
Mais quand ça commençait, ça durait jamais longtemps
Il ne cherchait jamais à approfondir.
Pas pour fuir, mais parce que je pense qu’il n’avait pas conscience de la nécessité de cette discussion. De ce dialogue sur le sujet. De l’importance de parler, pour que je puisse au moins lui donner quelques clefs.
Finalement, je savais quE cette discussion, c’etait surtout lui qui en avait besoin.
Que je devais lui dire des choses, et que tant qu’il n.aurait pas entendu ça, ça ne pourrait pas évoluer.
Et ça me pesait, tellement.
Elle a finit par arriver enfin.
Comme il le fallait, en dehors d’une crise.
Un peu trop tard, et avec un peu d’ivresse mais pas trop.
Assez pour délier la langue, mais assez peu pour garder les idées claires, un ton posé, une ecoute.
J.ai enfin pu dire tout ça
- oui, je suis consciente du problème
- non, je n'ai pas envie de ça dans ma vie
- mais ne t'inquiète pas, je prends les choses en main. même si ça allait mieux, je continue de me faire suivre. je vois un médecin addictologue, une psychiatre et une psychologue
- non, je n'attends pas de toi que tu sois mon psy
- en fait, je n'attends rien de spécial de toi
- oui, ça va aller mieux. moi j'ai envie, et je le sais. je n'ai plus peur comme avant. les rechutes, ça existe. ca m'attriste, mais ça ne m'inquiète pas. je sais que je suis en capacité de surmonter ça, d'aller de l'avant
- mais oui, je suis épuisée
- en fait, j'ai juste besoin de ton soutien. de ta présente.
- je n'ai pas besoin que tu me fasses la morale, que tu me dises comment résoudre ça. je n'attends pas ça de toi.
- je veux juste que tu me prennes dans les bras, que tu me dises que ca va aller mieux
- oui, je comprends que tu sois en colère, que tu ne comprennes pas, je ne t'en veux pas pour ça, mais je n'ai pas besoin qu'on me fasse culpabiliser davantage
- oui, j'ai conscience de tout ça, j'ai honte et je culpabilise assez toute seule
- oui, je comprends que ce soit compliqué pour toi. mais dis toi que c'est encore plus douloureux pour moi. et que la personne qui souffre là dedans, c'est moi en fait.
*
tout ça, je sais que c'était nécessaire
mais je ne trouve aucun réconfort, et finalement c'est moi qui passe mon temps à rassurer l'autre, à comprendre et pardonner ses sentiments et réactions.
avec finalement, aucun questionnement sur ce que je peux ressentir, sur mes émotions.
juste des constats sur l'état dans lequel je me suis mis, sur le fait que "j'ai merdé", "j'ai pas su me mettre des limites".
*
Je suis en colère, car je m'efforce de trouver un cadre, me donner un rythme de vie, une hygiène de vie, prendre soin de moi.
j'ai de nombreuses tentations, mais je tente de résister.
j'ai eu beau le dire et le redire, mon copain se couche tous les jours entre 4h et 6h du matin, se lève entre 13 et 15h. ne participe pas beaucoup à la vie quotidienne de l'appartement. n'est pas actif. ramène des copains qui prennent de la
coke chez nous...
et je sens que ca me perturbe, que ca ne me fait pas du bien.
mais face à mes propres dérives, je ne me sens pas à l'aise avec ca
je sens que ça ne m'aide pas, mais est ce être trop exigeante de lui demander de se conformer à mon rythme de vie ?
lui faire comprendre que ce cadre, j'en ai besoin pour limiter mes addictions, être plus sereine, moins anxieuse dans ma vie quotidienne ?
comment lui faire comprendre que ces crises et ces abus ne sont pas des caprices ?
que mes consommations n'ont rien à voir avec les demi grames qu'ils se partagent avec ses 5 copains, une fois de temps en temps ?
que c'est quelque chose qui me dépasse, que j'essaie de controler mais que je n'y arrive pas toujours ?
que oui, il m'arrivera encore de consommer toute seule , mais non, je ne veux pas que ses copains en ramène chez moi en soirée ?
que oui, ca me dérange qu'il passe 10h par jour devant les jeux vidéos, sans rien faire d’autre ?
et que ces jeux vidéos, cette procrastination, cette inaction, bah c'est peut être aussi un problème ?
Car toujours, le problème
c'est mes crises, mes conso excessives,
mais le reste, quand moi je pointe des choses qui ne me conviennent pas, qui me pose pb
c'est juste moi qui suis chiante, qui "pète des cables"
mais lui « non, il n'a aucun problème ... «
bon voilà, je me suis beaucoup trop laissée aller.
je voulais être brève, j'ai pas réussie, pardon.
malgré tout ça, il m'apporte beaucoup, et je me sens très amoureuse, bien avec lui malgré tout
mais toutes ces problématiques me prennent la tête et j'aimerai bien savoir comment faire pour gérer ca ...
à vous maintenant, si vous n'avez pas été découragé par mon pavé
bonne nuit, et merci pour ceux qui sont allé jusque là
Dernière modification par IsadoraD (03 juillet 2020 à 05:22)