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Comme le Docteur Insel nous l'a dit ce matin, les troubles psychiatriques tels que l'autisme, la dépression ou la schizophrénie font des ravages terribles sur la souffrance humaine. On sait bien moins comment les traiter et comprendre leur mécanisme de base que pour les maladies du corps. Réfléchissez-y : En 2013, deuxième décennie du millénaire, si on s'inquiète d'avoir un cancer et qu'on va chez le médecin, on nous fait une scintigraphie osseuse, une biopsie et des tests sanguins. En 2013, si on pense faire une dépression, on va chez le médecin, et à quel examen on vous soumets ? Un questionnaire. En fait, on peut notamment expliquer cela en raison de notre vision simpliste et de plus en plus dépassée de l'origine biologique des troubles psychiatriques. Nous avons tendance à les considérer -- et la presse populaire aide et soutient ce point de vue -- comme un dérèglement chimique au niveau du cerveau comme si le cerveau était une espèce de bouillie de substances chimiques, pleine de dopamine, de sérotonine et de norépinephrine. Ce point de vue est conditionné par le fait que beaucoup des médicaments prescrits pour soigner ces troubles, tels que le Prozac, agissent en changeant complètement la chimie du cerveau, comme si le cerveau n'était en effet qu'une bouillie de substances chimiques. Mais cela ne peut être la solution, car ces médicaments ne marchent pas si bien que ça. Beaucoup vont refuser ou arrêter de les prendre à cause de leurs effets indésirables. Ces médicaments ont tant d'effets secondaires car les utiliser pour traiter un trouble psychiatrique complexe c'est un peu comme si on essayait de changer l'huile de votre moteur en ouvrant un bidon et en le déversant sur tout le moteur. Une petite quantité ira au bon endroit, mais le reste fera plus de mal que de bien.
Il y a actuellement un point de vue qui émerge, dont le Docteur Insel vous a également parlé ce matin, selon laquelle les troubles psychiatriques sont en réalité une perturbation des circuits neurologiques qui contrôlent les émotions, l'humeur et l'affect. Quand on pense aux sciences cognitives, on fait une analogie du cerveau avec un ordinateur. Ça n'est pas un problème. Et bien, il se trouve que l'analogie de l'ordinateur est tout aussi valide pour les émotions. C'est juste qu'on n'a pas l'habitude d'y penser ainsi. Mais on en sait bien moins sur les bases du circuit des troubles psychiatriques à cause de la prédominance écrasante de cette hypothèse du dérèglement chimique.
Ça n'est pas que les substances chimiques ne soient pas importantes dans les troubles psychiatriques. C'est juste que le cerveau ne flotte pas dans une bouillie chimique. En revanche, elles sont libérées à des emplacements spécifiques et elles agissent sur des synapses spécifiques afin de changer le flux d'informations dans le cerveau. Donc, si on veut vraiment comprendre les bases biologiques des troubles psychiatriques, il faut localiser ces emplacements dans le cerveau là où ces substances chimiques agissent. Sinon, nous allons continuer à verser de l'huile partout sur notre moteur mental et à en payer les conséquences.
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (19 janvier 2021 à 17:33)
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