Un vieux retrait qui reste d'actualité: l'equanil

Bonjour,
Je me sens un peu bête, et surtout anachronique de revenir sur le retrait d'un médicament qui a eu lieu il y a dix ans: l'equanil.
Je mentirais si je n'avouais pas que ce médicament a été ma "came " pendant des années ...Il me fallait une boite en poche pour être rassurée et je faisais de petits mélanges entre cet anxiolytique et le guronsan . J'arrivais à cet équilibre : stimulant / calmant que d'autres obtiennent avec d'autres produits ....Un psychiatre m'a fait remarquer que ce mélange était comparable à la prise d'héroïne et de cocaïne....D'une certaine façon, il avait raison mais ces cette habitude de plus en plus fréquente de mettre tout sur le même plan et de faire des comparaisons déforme aussi la réalité....Les dangers de la cocaïne et de l'héroïne sont tout de même plus grands que mes mélanges médicamenteux.....Pour ce psychiatre c'était à mon avis une manière de dramatiser mon addiction qui était réelle et de me culpabiliser un peu plus ...mais je ne vais pas me lancer dans une réflexion sur les constats et les diagnostics des psychiatres ( j'ai "tout " entendu et je pourrais en écrire des pages ).....
A la suite d'un deuil douloureux, j'ai arrêté avant que l'equanil ne soit retiré du marché de consommer ce médicament.....Les premières années, je me suis sentie libérée....J'ai pleinement profité de la vie, ll faut dire que le contexte était favorable . Puis les ennuis sont arrivés, et c'est à nouveau cette molécule et aucune qui m'a manquée...Une amie alcoolique particulièrement perspicace m'avait confié qu'on finit par trouver "son " poison ....Evidemment, je prends en quantité raisonnable des benzos puisqu'on veut nous faire croire que tout est "remplaçable "...Me retrouvant dans une période d'angoisse intense et de grande dépression, je repense à l'equanil qui a fait certes de moi une toxicomane, pharmacodépendante mais qui était la seule substance qui pouvait m'apaiser et qui m'"a fait tenir " .....Je ne reviendrais pas non plus sur les raisons fallacieuses qui ont poussé l'agence du médicament à le retirer du marché ...On sait tous qu'elles n'étaient pas médicales mais mercantiles ( l'equanil, bon marché, ne rapportait rien aux industries pharmaceutiques ) ...Alors, voilà, je vis ce retrait ancien comme un manque encore insurmontable ...J'ai même failli me tourner vers les drogues dites "dures " et illicites ...Parfois, il m'arrive de rester des nuits devant mon ordinateur à chercher sur le web des "pharmacies " qui pourraient me procurer cette drogue ...Les prix sont faramineux ( quelle ironie lorsqu'on pense que ce médicament avait le défaut d'être trop bon marché ) et j'ai une fois commandé deux tablettes qui n'avaient rien à voir avec ce que je consommais .....Bien sûr, j'ai essayé de me connecter au "dark web " .....Il faut avoir de sérieuses connaissances en anglais et une intelligence informatique que je n'ai pas y parvenir lorsqu'on est seule.....Voilà, mon expérience ne trouvera peut-être aucun écho....Je ne sais pas si il y a beaucoup de personnes qui comme moi, ne se relève pas du retrait de l'equanil....Je voudrais tout de même aborder un autre sujet qui va au delà du retrait de ce médicament et qui a sans doute été débattu dans d'autres forums.....De manière assez hypocrite et soi disant pour "notre bien " on a retiré de nombreux médicaments du marché pharmaceutique .....D'une certaine manière, je peux le comprendre : les médecins comme les pharmaciens n'ont pas à être en concurrence avec les dealers ...On a retiré le néocodion de la vente, il faut à présent une ordonnance pour avoir des médicaments à base de codeine....Et les hautes autorités médicales se donnent bonne conscience .....Or, de nombreux psychiatres, des médecins de ville et des pharmaciens déplorent cette politique "d'épuration " ...Lorsque je prenais de l'equanil, j'étais tout de même "suivie "sur le plan médical ( prises de sang régulières ) et la pharmacienne qui me connaissait savait ce qu'elle me donnait .....A présent, on nous "lâche  dans la nature " sachant pertinemment que ce n'est pas en nous interdisant les ordonnances que nous serons apaisés et clean ....Certains ont dû avoir recours à des labos clandestins à des dealers spécialisés dans la vente de médicaments prohibés, ce qui les met beaucoup plus en danger ......Dans tous les domaines, c'est la même chose: le prix d'un paquet de cigarette étant prohibitif, ceux qui ne peuvent se permettre d'en acheter sont obligés d'acheter des cigarettes de contrebande beaucoup plus nocives pour la santé ......Evidemment que les différents ministères de la santé le savent et derrière leur volonté moralisante affichée de vouloir notre bien, se cache un cynisme assez répugnant .....
Voilà, je suis désolée d'avoir abordé tant de sujets à la fois...Pour en revenir à l'equanil, j'aimerais savoir si je suis la seule ....Suis-je un dinosaure en manque ? et d'une manière plus générale, suis-je la seule à m'indigner de cette politique puritaine vis à vis de l'addiction dans laquelle les pouvoirs publics se dédouanent de toute responsabilité, en commettant une faute morale et médicale de nous laisser seuls avec ce qui reste de licite : l'alcool par exemple ......On condamne, on abandonne les toxicomanes et l'on prétend que c'est pour leur bien ! Oui, je suis clean , mais plusieurs fois par jour, je pense au suicide et ma santé physique se détériore de pus en plus .....

Dernière modification par pierre (15 février 2021 à  11:56)