Source :
https://www.espaceinfirmier.fr/actualit … rails.htmlCannabis thérapeutique : l’expérimentation sur les railsLe ministre de la Santé Olivier Véran a lancé, le 26 mars, l’expérimentation de l’usage du cannabis thérapeutique. 3 000 patients devraient être inclus et suivis au sein de 215 établissements de santé.La première prescription de
cannabis thérapeutique a eu lieu le 26 mars par le Pr Nicolas Authier, qui avait présidé le comité scientifique temporaire en charge d'évaluer la pertinence et la faisabilité de la mise à disposition du
cannabis thérapeutique en France. L’expérimentation, lancée ce même jour après avoir été repoussée en raison de la crise sanitaire, vise à recueillir les premières données françaises sur l’efficacité et la sécurité du
cannabis à des fins thérapeutiques, ainsi qu’à préparer les circuits de sa mise à disposition.
Un traitement personnalisé L’expérimentation prévoit une personnalisation du traitement pour chaque patient, avec un ajustement des doses des deux principes actifs, le tétrahydrocannabinol (THC) et le
cannabidiol (CBD), jusqu'à obtenir l'effet thérapeutique sans effet indésirable. Jusqu'à 3 000 patients maximum vont être inclus dans l'expérimentation, pour cinq types d’indications : douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies accessibles, certaines formes d'épilepsie pharmacorésistantes, certains symptômes rebelles en oncologie liés au cancer ou au traitement anticancéreux, certaines situations palliatives et la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques (SEP) ou des autres pathologies du système nerveux central.
La Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD) a participé au groupe de travail de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour la mise en œuvre de cette expérimentation, qu’elle soutient sans pour autant prendre position sur la prescription du
cannabis thérapeutique. « Nous gardons un point de vue neutre sur le sujet dans l’attente de l’analyse des données récoltées lors de l’expérimentation », fait savoir Karine Constans, membre du conseil d’administration de la SFETD, et coresponsable de la commission professionnelle infirmière. La SFETD travaille en parallèle à la mise en ligne, sur son site Internet, d’un onglet spécifique permettant un accès aux données déjà publiées dans le domaine pour que tout un chacun puisse se faire un avis éclairé sur la question.
Informer les infirmièresTraités pour une durée maximale de 24 mois, les patients vont être inclus par 215 structures de référence, principalement des établissements de santé, sélectionnées par l’ANSM. Ils seront identifiés soit par ces centres de référence, soit orientés vers ces structures par leur médecin traitant après la vérification des critères d’inclusion. Les médecins et pharmaciens impliqués dans le projet ont déjà suivi une formation. Ils sont environ 150 et d'autres se sont enregistrés. « Même si elles n’ont pas un rôle actif dans l’expérimentation, il pourrait être intéressant d’informer les infirmières sur l’expérimentation ainsi que les psychologues amenés à rencontrer ces patients, soutient Karine Constans. Cela pourrait prendre la forme d’un webinaire. »
La sélection et la sécurisation des produitsLes produits prescrits sont mis à disposition gracieusement pendant deux ans par les fournisseurs. Le
cannabis sera proposé en première intention par voie orale, sous forme d'huile, et en cas d'accès paroxystique, sous forme de fleurs séchées par inhalation avec un
vaporisateur. La sécurisation des médicaments a été notamment assurée par la sélection des producteurs selon un cahier des charges précis et des distributeurs en France, qui sont des laboratoires pharmaceutiques.
Le registre national électronique, validé par la Cnil et mis en place par l'ANSM, permet d'assurer le suivi de l'expérimentation, des patients, ainsi que la sécurisation du circuit des produits distribués, la pharmacovigilance et l'addictovigilance. Les données enregistrées serviront à une évaluation du rapport bénéfice/risque du
cannabis dans les différentes indications choisies et apporteront aussi des précisions, notamment sur les risques d'interactions médicamenteuses dont certaines sont connues avec des spécialités pharmaceutiques à
base de
cannabis.
Laure Martin