Six mois après avoir légalisé la vente de
cannabis, le Maine envisage de dépénaliser l’usage de toutes les drogues, y compris la
cocaïne et l’héroïne. Cette proposition démocrate – surnommée LD 967 – a été votée par la Chambre des Représentants, à 77 voix pour contre 62. Elle doit maintenant recevoir l’aval du Sénat, à majorité démocrate, puis être signée par la gouverneure.
Ce texte intervient au milieu d’une grave crise de santé publique. Dans cet État américain d’1,3 millions d’habitants, 502 personnes sont mortes d’une overdose en 2020. Un triste record, notamment dû au
Fentanyl, un
opioïde cent fois plus fort que la
morphine.
« Dans mon travail d’infirmière, cela fait plus de vingt ans que je travaille dans une communauté dévastée par les overdoses. Je suis en premier ligne pour comprendre que traiter les drogues comme un crime a créé une souffrance qui s’étend de génération en génération. J’ai vu beaucoup de personnes noyées dans le système judiciaire, plutôt que de recevoir des soins médicaux dont ils ont désespérément besoin », déplore la députée démocrate Anne Perry, à l’origine de ce texte.
Amende de 100 dollars ou obligation de traitement
Si le LD 967 entre en vigueur, les habitants du Maine arrêtés en possession de drogue devront payer une amende de 100 dollars. Ou bien, si leur état le réclame, ils pourront être obligés de suivre un traitement dans le mois qui suit leur arrestation. L’État du nord-est suivrait l’exemple de l’Oregon, devenu le premier État à dépénaliser les drogues en 2020.
Mais le projet de loi fait face à de nombreuses oppositions. D’abord, la gouverneure démocrate, Janet Mills est contre. Et son approbation est indispensable puisque sa signature est nécessaire pour qu’un texte devienne une loi. Autres oppositions : les représentants des forces de l’ordre, les parlementaires républicains (minoritaires), et le procureur général du Maine.
Ce dernier a même pris la plume pour s’opposer au texte. « La
dépénalisation de toutes les drogues est une étape qui va trop loin, à l’heure actuelle, estime Aaron Frey dans un courrier adressé aux parlementaires. Ceci étant dit, je ne crois pas que la prison ou les amendes traitent la dépendance aux drogues. Nous devons travailler pour réduire le rôle accordé au système judiciaire dans les drogues. »
Source :
newsweed.fr