Changer son rapport à l'alcool ?

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Bitatchu69 homme
Nouveau Psycho
Belgique
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Bonjour.

J'étais dans l'idée d'une abstinence fixe et totale il y a peu de temps mais je trouve que c'est se mettre la pression pour pas grand chose. Enfin, si, quand même pour éviter de tomber à un point de presque non-retour si je tombe dans l'alcoolisme profond.

J'ai un profil addictif prononcé, j'ai longtemps été polytoxicomane et j'ai commencé en début d'adolescence. Tout ce qui a un potentiel addictif, que ce soient des comportements ou des produits, j'ai tendance à tomber dedans.

J'ai intégré pas mal de trajets de soin où ils préconisaient l'abstinence totale pour s'en sortir. Maintenant, il y a autant de formes d'addictions que d'individus et j'ai entendu parler de théories émergentes qui parlaient de changer son rapport au produit. En savez-vous quelque chose ?

Je ne suis pas encore tombé dans un alcoolisme profond durant toute ma vie, mais à une époque je buvais très souvent. Parfois même chaque jour pendant quelques semaines des quantités un peu grandes (un peu comparé à des gens très loins). Y a aussi le fait que, quand je commence, parfois, je ne parviens plus à m'arrêter. Sauf que je tente pas forcément d'arrêter, je laisse aller le truc.

Bref, que savez-vous de votre rapport à l'alcool ? Comment pensez-vous que ça peut changer ?

Je me dis que je dois m'épanouir, me fixer des objectifs, avoir une vie remplie de choses qui me "nourrissent" sainement, et là, la défonce deviendra secondaire que ce soit n'importe laquelle.

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Stelli femme
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champi vert19champijaune0cxhampi rouge0
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2161 messages
Je ne pourrai pas trop parler pour l’alcool, car j’ai un rapport assez distant avec. J’ai bien abusé vers 16-19 ans, mais après quel mésaventures (coma éthylique aux 18ans d’une amie proche et autres dérapages...), j’ai appris à connaître mes limites et à ne plus dépasser le « point de non-retour » où je ne suis plus capable de m’arrêter et où je fais de la merde!

Mais c’est surtout pour d’autres prods que je peux parler par expérience. Après des années d’abus en tout genre et d’auto-culpabilisation, petit à petit une autre manière de consommer a commencé à émerger. Moins régulière, plus maîtrisée, moins risquée... J’ai arrêté de vouloir arrêter, et je m’en porte bien mieux. Moins de pression, moins d’impact des attendus « extérieurs » (je les laisse parler et fais ce qui me chante en gros lol), moins de stress, et curieusement moins d’abus et de dérapages et moins d’envies! Comme si le fait de m’accorder ce droit rendait la consommation moins urgente, moins nécessaire.
Par ailleurs beaucoup de choses ont changé, ma vie est plus intéressante (même si tout n’est pas rose), et j’ai même fait de mon parcours d’addict et de consommatrice une force, une valeur ajoutée, dans ma vie personnelle comme professionnelle.
Mise à part le cannabis que je consomme quotidiennement dans des quantités variables, je consomme les autres produits de manière occasionnelle. Même les plus addictifs ou source de craving puissant. Moi qui m’injectais tous les jours c’est devenu pontuel, un plaisir que je garde pour quelques occasions, et ça n’a plus rien de systématique. Je m’adapte aussi au contexte.
Bref, tout ça pour dire que c’est possible. Ça demande une forme d’apprentissage, et dans mon cas l’exemple d’autres consommateurs m’a convaincue que c’était possible et que moi aussi j’en étais capable. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, ça a nécessité tout un cheminement, mais voilà, je suis passée en quelques années d’une consommation complètement incontrôlée à une véritable gestion de mes consommations.
On n’emprunte pas tous le même chemin, on n’en est pas tous au même point dans ce chemin, mais rien n’est figé, ni définitif.
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j'ai arrêté de vouloir arrêter ! c'est un "sevrage" qui en vaut la peine ;)

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Bitatchu69 homme
Nouveau Psycho
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champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
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61 messages
Stelli,

Peux-tu expliquer le cheminement que tu as parcouru pour en arriver là ? J'ai tendance à me dire que le problème n'est pas l'arrêt du produit, c'est plutôt la vie qu'on se construit à côté. Mais vaut être un drogué heureux qu'un abstinent malheureux.

Arrêter les consommations juste pour arrêter les consommations, ce n'est pas confortable à mon sens. Une vie épanouie permettrait peut-être de considérer les psychotropes comme un bonus sans chercher à couvrir des émotions désagréables ou sans chercher à combler l'ennui ?

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Stelli femme
Modératrice - Dinosaure de PA
France
champi vert19champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 06 Nov 2006
2161 messages

Bitatchu69 a écrit

Ça risque d’être long, je reviendrai t’expliquer quand j’aurai un peu de temps devant moi.

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Rick
Adhérent Psychoactif
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Inscrit le 18 Sep 2018
4572 messages
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Bitatchu69 a écrit

Bref, que savez-vous de votre rapport à l'alcool ? Comment pensez-vous que ça peut changer ?

Mon avis :


-> via l'habitude (voir les travaux de pavlov) le rituel, etc. Espacer les prises de quelques minutes de plus chaque semaine, diminuer de quelques millilitres chaque jour etc. Changer de voie d'administration. Bref, le changement et l'espacement des prises..
-> via le circuit du plaisir, de récompense etc. tu habitues ton corps à mon stimuler ce circuit et tes besoins diminues ensuites par ex.
-> via le manque ; la plupart des alcooliques diminuent trop vite les doses / ressentent le manque et du coup ils font des rechutes. Alors qu'un arrêt doux et progressif permet de bons résultats. Craquer / l'envie sont les signes du manques psy , et l'inconfort physique pour le coté somatique. La déprime et les souffrances psy sont un mélange des deux.
-> via la désendoctrinement autour de l'obnubilation autour de la sobriété, du sevrage (des concepts à double tranchant en addicto) et le fait que ce n'est pas qu'une histoire de volonté mais aussi de craving. De pharmaco. De synapses (neuro). Et qu'il est possible de se sevrer de tous les gabaergiques de manière indolore voir imperceptible (alcool, benzo , ghb etc) si on suit une méthode progressive.

-> via l'arrêt du mythe du 'chaque tentative de sevrage est un plus pour les usagers!" C'est parfois faux. Les tentatives de sevrages rapides sont autant d'expériences traumatisantes, aliénantes, improbables (plus de 9 personnes sur 10 rechutes lors des sevrages rapides) qui vont parfois tirer vers le bas les alcooliques.
-> Le mythe qu'on replonge tous avec une goutte etc. C'est culturel. Comme le mythe du crack/hero/meth addicte dès la première prise mdr.
-> via la violence symbolique , alias "l'autoviolence chez les usagers de drogues " ; qui manquent d'estime de soi, etc. Plus de la moitié des sondés dans un sondage récent se voient négativement car ils consomment. Chez psychoactif, les usagers les plus au fait sur la violence symbolique etc. voir le topic de

morning glory a écrit

sur le sujet
qui ont des troubles de l'amour propre a la moindre rechute. Etc. La rechute est sur le chemin de la sobriété ; C'est limite atypique l'absence de rechute lors de la phase de sevrage (qui devrait être amorcé lorsqu'on a une consommation minime)
-> via des objectifs qui viennent du patient et pas des autres personnes (famille, entreprise, société etc)  ; vivre dans l'abstinence est aussi un ennui profond pour beaucoup d'humanoïdes et envisager une vie sans drogue c'est parfois une perspective déprimante.
-> via le mythe de la substitution qui voudrait qu'on ne substitut que par des molécules qui agissent par les mêmes récepteurs. Tu peux très bien arrêter l'alcool, le crack et le cannabis avec de la méthadone par exemple. Si l'usager est défoncé et heureux, il pourra se passer d'une autre substance. Cela ne fait que déplacer le problème?! ce n'est pas le cas. Parfois il faut arrêter vite à cause de l'inflammation du foie etc. Et la méthadone est très peu toxique par exemple.

liste non exhaustive
mais ça fait quelques pistes déjà

Dernière modification par Rick (26 octobre 2021 à  08:52)

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synthétique, concis, limpide ...merci Rick !! - psychodi

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