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L\'astronaute a écrit
la bas on nous a bourre le crane que quelqu'un ne dependant qui maintenant est devenu propre ne peut se permettre d'utiliser des drogues par ci par la prck il n'en est pas capable et c'est une question de temps pour qu'il retombe dans ses anciennes habitudes, qqn a t-il des choses a dire sur ce sujet?
Salut,
je crois que c'est une vraie question de fonds que tu poses ici.
J'ai été confrontée à maintes reprises à des personnes qui avaient intégré le discours "ancien" de l'addictologie pour lequel seule l'abstinence à vie était valable. Elles étaient persuadées qu'en tant qu'anciens "alcoolos", c'était impossible de reboire "raisonnablement", c'est à dire de gérer sa propre conso. Les médecins leur avaient dit que c'était une maladie à vie et puis c'est tout. Et que si jamais ils auraient retouché à l'alcool ça serait encore pire (prophétie auto-réalisatrice à mes yeux : comment mettre en place des stratégies de conso si du haut de l'autorité médicale on nous dit que c'est vainement impossible d'y essayer ???!).
Pourtant, j'ai rencontré d'autres personnes qui s'étant sevrés hors du cadre médical et sans avoir été imprégnées de ce discours, arrivaient, après des périodes de conso problématiques avec l'alcool (8.6 quotidiennes dès le réveil etc), à se limiter à une conso raisonnée (parfois en basculant les comportements compulsifs sur d'autres molécules...attention, l'addiction ça ne se resoud pas qu'au sevrage d'un produit...).
Après voilà, je trouve que l'enjeu est là. Sur le forum il y a plusieurs témoignages de personnes qui ont changé des pratiques addictives (avec des prods réputés pour être accrocheurs style came, crack, alcool etc) en consos maitrisées...
Je crois que ça ne se fait pas tout seul, l'addiction n'est pas juste la dépendance à un produit, il y a plusieurs facteurs qui interviennent. Si juste on s'arrête de consommer en laissant tout comme avant (sans changer à niveau psy, social, etc), à mon avis (et de ce que j'ai vu) c'est assez facile de donner raison aux médecins et de reprendre les mêmes comportements qu'avant...
Mais s'il y a eu un changement à un moment sur les facteurs qui ont amené à la conso problématique, ça se peut qu'un nouveau rapport au produit soit possible. Parfois ça passe par un accompagnement médical (j'ai eu des retours positifs sur le Baclofène par exemple), psy etc, parfois avec des changements de vie...
Perso donc je ne peux que te dire les différentes expériences autour de moi, avec l'alcool je garde un rapport distancé : j'ai des périodes de consos intenses (mais qu'au soir) et quotidiennes mais je déteste tellement la gueule de bois que je finis toujours par me calmer sans me forcer (juste ça me dégoute). C'est pour ça qu'on me disait, "tu ne peux pas comprendre, tu n'es pas addicte"...sauf qu'avec d'autres prods j'ai bien des comportements addictifs (mais non compulsifs, c'est vrai), bref, je pense que les médecins devraient remettre en question leurs positions manichéennes et leurs catégorisations à vie des comportements qui ne laissent pas d'agentivité aux personnes d'agir sur leur propre parcours.
Voilà, j'espère que tu auras des témoignages directs qui pourront t'éclairer...
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Dernière modification par filousky (09 août 2023 à 11:03)
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Dernière modification par filousky (20 septembre 2023 à 09:32)
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Dernière modification par filousky (20 septembre 2023 à 09:33)
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L\'astronaute a écrit
je lui ai dis que jai vu des recherches sur le fait que la ritaline pourrait aider mais il ma dit meme pas en reve
je viens d'en avoir en prescription.... au pretexte de tdah. j'ai forcé juste un peu le trait pendant l'entretien diagnostic (devait y avoir un fond quand meme ), avec pour souhait de substituer aux amphets quand je conduis (controles salivaires routiers)
faut tomber sur l'addicto qui est pret à cela, et ca court pas les rues non plus. celui que je vois est un peu inhabituel, dans le sens ou il me prescris de la morphine en tso.
le mucomyst je trouve marche un peu, et en plus ca coute pas cher, en acces libre, et sans risque majeur lié à la consommation
plusieurs personnes ont témoigné de cela ici, certains de mes proches sont substitués avec la methadone (conso hero), qui a eu une action forte sur leur conso de crack, et c'etait leur souhait de baisser/stopper leur conso de crack.
Monsieur Grossier a écrit
Y a pas vraiment besoin de médicament pour arrêter la beuh.
vite dit. (et hyper normatif... faut imaginer l'effet de cette phrase sur quelqu'un qui arrive pas, de quoi se sentir un peu comme une merde. bref...) je pense que ca depend surtout des personnes, de la fonction que tu lui as construite. on tisse des relations très différentes avec les produits psychoactifs, et la ou pour certains l'arret est sans difficultés pour d'autres c'est moins simple voir pas réalisable. dans mon experience, le cbd est un subtitut qui marche, à ma grande surprise, puisque que j'ai fais ce switch après 25 années à fumer plusieurs grammes de canna par jour
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Monsieur Grossier a écrit
Je pense d'ailleurs que c'est pour ça que le discours "seule l'abstinence fonctionne" est encore aussi présent : il faut un discours simple, qui ne laisse pas de place à l'interprétation ou à la demi-mesure.
je crois pas que ce soit pour ca.... ou en tout cas c'est sur que ce n'est pas la raison principale, le fond de stigmatisation est bien là. faut pas oublier quelle est notre culture des substances psychoactives
pourtant des etudes de suivis de personnes consommant de la cocaine montrent que de nombreuses personnes arrive à reconsommer des quantités raisonnables (qui leur conviennent) après des périodes de difficultés avec des consommations très importantes (qui ne leur convenaient pas)
"seule l'abstinence fonctionne": cette phrase et cette idée, encore très présente dans nos sociétés, sert à donner la norme, à dire de quel côté de la ligne qui separe les etres humains en deux groupes tu vas te trouver. Ceux qui peuvent faire sans... et ceux qui peuvent pas. Elle sert ainsi à étiqueter ceux qui ne peuvent pas, pour qui alors on a un terme special pour les designer: les alcooliques/toxicomanes/addict/dépendants/etc
répétée comme une sorte de proverbe/mantra, elle participe à nous éduquer à cette réalité normative, nous l'inculquer: on se la refile d'humains en humains, ainsi chacun connait la norme, et sait de quel coté de celle ci il se trouve. elle permet de savoir qui il ne faut pas etre. bref, c'est un "rouage" du processus de stigmatisation. car bien sur, si tu es du mauvais coté de la ligne (tu sais que c'est le mauvais coté quand c'est ceux qui sont du bon coté qui ont un terme pour te designer, alors que toi tu n'en as pas pour les designer: ils sont juste normaux. sic), il existe tout un tas de stéréotypes négatifs qui vont s'appliquer à toi, et cela se fait à la fois par les autres (normaux) qui te réduisent souvent aux stereotypes négatifs qu'ils connaissent, qu'ils ont appris (grace à des petits proverbes du genre de celui ci).
le plus fourbe, c'est que quelque part, comme on les connait aussi ces stereotypes négatifs car on les a appris, quand tu es du mauvais côté de la ligne, tu te mets à croire que tu vas devenir comme ces stéréotypes.... et ca se produit. c'est l'autostigmatisation. en bref, on a tendance a devenir ce qu'on a appris qu'il fallait devenir. les voies se referment, et ta trajectoire tend à se rapprocher de celle stéréotypé par ta propre action. c'est pour ca que c'est compliqué à déconstruire, car tu te retrouves à être le premier acteur de ce renfermement vers la trajectoire d'usage stéréotypée négativement malgré toi, juste parce que tu l'as appris et que toute la société te le réapprend en permanence. c'est un effet culturel... mais qui créé des prophéties autoréalisatrices.
imaginer d'autres trajectoires et les éprouver, ca m'a demandé un enorme travail de prise de conscience de tout ca, de réussir à refuser les poncifs du genre "seule l'abstinence fonctionne" et son message normatif implicite "tu ne dois pas consommer". Déconstruire les stéréotypes négatifs, comprendre leur fonction repoussoir, s'en échapper et suivre d'autres trajectoires d'usages et de vie. et en même temps etre en plein dedans. c'est un long chemin jamais fini de se repenser avec tout cela pour faire autrement
donc la premiere fonction de cette petite phrase est normative: elle permet d'identifier et de séparer ceux qu'il faut être de ceux qu'il ne faut pas être, elle fixe une norme et permet par sa transmission de personne à personne son apprentissage et son intégration par toutes les personnes qui composent la société: "tu ne dois pas consommer: et pour cela tu ne dois pas consommer car toi tu n'es pas capable de consommer"... tu es dépendant donc tu ne dois pas consommer: la violence du principe, tu as besoin de quelque chose donc il ne faut pas que tu y accèdes
ouaip, un rouage normatif essentiel de la stigmatisation ... je rentre pas dans le fond judéo-chrétien "le plaisir est coupable", ca deviendrait trop lourd AMHA
Dernière modification par Plotchiplocth (20 septembre 2023 à 10:33)
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Dernière modification par prescripteur (20 septembre 2023 à 11:17)
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Plotchiplocth a écrit
Monsieur Grossier a écrit
Y a pas vraiment besoin de médicament pour arrêter la beuh.
vite dit. (et hyper normatif... faut imaginer l'effet de cette phrase sur quelqu'un qui arrive pas, de quoi se sentir un peu comme une merde. bref...) je pense que ca depend surtout des personnes, de la fonction que tu lui as construite. on tisse des relations très différentes avec les produits psychoactifs, et la ou pour certains l'arret est sans difficultés pour d'autres c'est moins simple voir pas réalisable. dans mon experience, le cbd est un subtitut qui marche, à ma grande surprise, puisque que j'ai fais ce switch après 25 années à fumer plusieurs grammes de canna par jour
Moui, on parle juste d'une des drogues les plus faciles à arrêter pour l'immense majorité des gens.
Pas de danger à l'arrêt brutal comme peut y avoir avec l'alcool, les benzos, les opiacés... De l'avis général le sevrage est moins difficile qu'avec la clope.
J'ai connu des gens qui pensaient ne jamais pouvoir arrêter la weed, qui pensaient avoir impérativement besoin d'un truc pour calmer leurs angoisses/insomnies à l'arrêt, qui l'ont pas eu et se sont rendus compte assez rapidement que c'était quelques jours/nuits un peu difficiles à passer. D'autres ont plongé dans les benzos assez rapidement, et ont ensuite estimé qu'il aurait été préférable de faire sans.
Bref, je vais pas nier qu'il existe des cas hardcore de dépendance au cannabis, qui nécessitent une prise en charge spécifique (à mon sens plus dans le sens d'une aide psychologique et d'une mise à l'écart provisoire du milieu social, éventuellement une aide médicamenteuse mais bien encadrée pour éviter de basculer dans une dépendance plus grave encore), mais de mon expérience et de l'avis de pas mal, le sevrage du cannabis c'est du pipi de chat.
Après je conçois tout à fait que pour quelqu'un qui ne connaît que la dépendance au cannabis, l'arrêt fasse peur, voire très peur.
Quant à ton long message sur l'abstinence, y a certes l'idée sous-jacente de (certains) médecins que "rien consommer c'est mieux". Mais je le vois surtout comme la nécessité pour le corps médical de porter un message simple. Parce que ce serait mentir que de dire que c'est pas casse-gueule pour un ancien addict de reconsommer (faut que ça aille bien dans la vie etc). Y en a qui arrivent, d'autres qui replongent (après, l'addiction peut être bien vécue par l'usager, ça existe aussi).
C'est comme les messages comme quoi la femme enceinte doit pas boire. Dans les faits c'est pas un demi de temps à autre pendant la grossesse qui va faire accoucher d'un débile. Mais si on commence à dire que boire un peu c'est ok, faut préciser les quantités, la fréquence, préciser que ça dépend de la tolérance de chacune, partir du principe que certaines femmes enceintes vont avoir une interprétation assez extensive du message donc... conclusion : c'est plus simple de dire "pas consommer".
Ben pour les toxs c'est pareil : y aura toujours le contre-exemple parfait du gars qui gère correctement sa conso de coke/crack/héro, mais quand tu portes un message large faut qu'il soit simple, sans interprétation possible.
Dernière modification par Plotchiplocth (20 septembre 2023 à 13:36)
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C'est comme les messages comme quoi la femme enceinte doit pas boire. Dans les faits c'est pas un demi de temps à autre pendant la grossesse qui va faire accoucher d'un débile. Mais si on commence à dire que boire un peu c'est ok, faut préciser les quantités, la fréquence, préciser que ça dépend de la tolérance de chacune, partir du principe que certaines femmes enceintes vont avoir une interprétation assez extensive du message donc... conclusion : c'est plus simple de dire "pas consommer".
Ben pour les toxs c'est pareil : y aura toujours le contre-exemple parfait du gars qui gère correctement sa conso de coke/crack/héro, mais quand tu portes un message large faut qu'il soit simple, sans interprétation possible.
Oui c'est simple et ça ne touche qu'une minorité deja peu ou prou prête à arrêter. Pour l'alcool , comme le souligne le texte cité plus haut de la MILDECA ça permet de toucher et de prendre en charge beaucoup plus de personnes avec un trouble de l'usage d'alcool. Et chacun sait qu'en France ils sont nombreux (estimé à 10% de la population adulte environ). C'est donc un progrès qu'on ne se contente pas de se satisfaire de quelques milliers de nouveaux abstinents mais qu'on essaie de reduire les risques et les dommages pour des millions !
D'après cet article de 2008 (qui montre la pensée à cette epoque) il y aurait par an 100 000 nouveaux consultants en alcoologie avec une efficacité de l'ordre de 30%, soit 30 000 personnes abstinentes à 1 an.
https://www.cite-sciences.fr/archives/s … index.html
Alors que Santé Publique France estime le nombre d'adultes depassant les chiffres "de sécurité" à 23% soit environ 8 millions.
https://www.santepubliquefrance.fr/les- … -etes-vous
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (20 septembre 2023 à 11:46)
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Monsieur Grossier a écrit
mais quand tu portes un message large faut qu'il soit simple, sans interprétation possible.
c'est bien le problème, cette "fiction"... si mon explication n'était pas claire, je te propose celle d'un chercheur sur laquelle elle s'appuyait, qui le sera peut-etre (surement) plus
https://www.cairn.info/se-doper-pour-tr … cas%20peut
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Monsieur Grossier a écrit
Ben pour les toxs c'est pareil : y aura toujours le contre-exemple parfait du gars qui gère correctement sa conso de coke/crack/héro, mais quand tu portes un message large faut qu'il soit simple, sans interprétation possible.
Et en passant, merci pour le morceau de stéréotype stigmatisant
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Plotchiplocth a écrit
Monsieur Grossier a écrit
Ben pour les toxs c'est pareil : y aura toujours le contre-exemple parfait du gars qui gère correctement sa conso de coke/crack/héro, mais quand tu portes un message large faut qu'il soit simple, sans interprétation possible.
Et en passant, merci pour le morceau de stéréotype stigmatisant
C'est le terme "tox" qui te gêne ? Je me définis moi-même comme tox. Un peu comme des homos se qualifieraient eux-mêmes de pédés. Navré que ça te fasse chier, mais je continuerai.
Prescripteur, merci pour les liens et la vidéo, j'irai lire/regarder tout ça.
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Plotchiplocth a écrit
Monsieur Grossier a écrit
Ben pour les toxs c'est pareil : y aura toujours le contre-exemple parfait du gars qui gère correctement sa conso de coke/crack/héro, mais quand tu portes un message large faut qu'il soit simple, sans interprétation possible.
Et en passant, merci pour le morceau de stéréotype stigmatisant
Si c'est le terme tox qui te gêne, sache que je me définis moi-même comme tox. Si c'est le fait qu'il est difficile pour un tox de retrouver une relation apaisée avec un prod, alors ouvre les yeux.
Prescripteur, merci pour les liens et la vidéo, j'irai voir ça.
Et si je comprends le caractère excluant qu'a pu et peut encore avoir l'invitation à l'abstinence... Ben sachez que mon géniteur a été au début de sa prise en charge pour alcoolisme, été "rassuré" par un addicto qui lui a dit qu'il n'avait pas besoin d'être abstinent. Donc après chaque cure, il a replongé. Pas grave me direz-vous, ça fait partie du processus.
Sauf que lui n'en a jamais rien tiré, et à la fin il avait l'impression de faire le job en prenant quelques anxios, son AD, son baclofène et ses bouteilles en retour de cure. Jusqu'à devenir le parfait hybride entre un tas de merde et un ectoplasme ne méritant pas le nom de père.
J'aurais aimé que cet addicto lui parle d'abord d'abstinence, puis dans un second temps, si les choses allaient bien, de reprise de conso, "en conscience".
Donc ouais, l'alcool et l'abstinence, c'est assez touchy chez moi.
Le coup du tox qu'on doit sacrifier sur l'autel du bien-être de la société, c'est une belle saloperie. Mais le coup du tox pauvre victime dont seule l'expérience vaut, au détriment de ses proches et de la société, c'en est une autre.
Dernière modification par Monsieur Grossier (20 septembre 2023 à 20:37)
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