Trip report n•2
19 décembre 2021
Environ 90ug de
LSD +
THC00:00
Deux potes (que j’appellerais N et A) et moi-même décidons de tripper sur un coup de tête. On se dit qu’il vaut mieux se contenter d’une “petite” dose, au vu d’un trip prévu deux semaines plus tard. On bouffe nos cartons dans un train qui nous amène en teuf, et on le fait tous à la légère, ou en tout cas sans grandes attentes car nous pensons tous ne pas ressentir grand chose lors de cette prise. Tous nos trips précédents étaient à 150ug, ce qui a grandement contribué à nous faire croire que ce qu’on avait pris n’était qu’une faible dose.
00:30
Un autre ami vient nous chercher à la gare en van, et le
LSD commence gentiment à monter pendant le trajet jusqu’à la teuf. L’ambiance est super cool et on sent qu’on va passer une bonne soirée.
01:00
Nous nous rendons vite compte que l’intérêt de cette teuf ne sera pas la musique : le mix ne nous plait pas et le mur est très peu puissant. La déception est de courte durée car le trip commence. Les premiers effets distincts (à part le bodyload) sont auditifs. Les sons que je perçois semblent résonner directement dans mon crâne. Je m’amuse beaucoup, et la musique commence presque à me plaire, ce qui n’aurait certainement pas été le cas sobre. Je me sens partir de plus en plus loin, mais je ne suis pas encore complètement entré dans l’autre monde.
01:30
On se rend compte qu’à l’intérieur de la tente où se trouve la teuf, on a tous un peu de mal à vraiment se lancer dans notre trip. On sort, et dès qu’on met les pieds dehors, l’ambiance change totalement. On passe de la techno et des flashs lumineux à la forêt lugubre et silencieuse.
Des motifs géométriques (fractales) commencent à prendre place dans mon champ de vision. Le sol en est couvert, et les branches des arbres en suivent la forme. Un épais brouillard nous entoure, rendant l’atmosphère mystérieuse au possible. Le ciel de nuit est éclairé par une lune parfaitement ronde et lorsque je le regarde, je peux y apercevoir une sorte de grand dôme de verre coloré.
02:00
Après s’être baladés un moment, on décide de retourner dans la teuf. Dès qu’on rentre dans la tente, la majorité de mes effets visuels s’en vont et se concentrent sur mon audition et mon toucher. Lorsque je ferme les yeux, j’ai l’impression que toute la foule se rassemble autour de moi, ce que je trouve très perturbant mais heureusement peu inquiétant.
Les yeux ouverts, je commence à remarquer la présence d’une multitude de petits carrés rouges sur ma vision. Je dois me concentrer pour les voir, ils ne sont donc pas dérangeants. Immédiatement, je les associe à des pixels.
02:30
On décide d’aller se poser dans le van de notre pote pour écouter un peu de rock psychédélique et pour discuter. Tout le monde s’accorde à dire que le trip est bien plus puissant que prévu et on en est très satisfaits.
En écoutant Maggot Brain de Funkadelic, je nous sens voyager et lorsque je regarde par la fenêtre, j’ai l’impression qu’un paysage défile malgré l’immobilité totale du véhicule. Je sens le van flotter dans l’espace et s’enfoncer dans les profondeurs cosmiques. Je perds de plus en plus la notion de temps et une minute peut me sembler en durer 15, tout comme l’inverse.
03:00
De retour dans la teuf, mes effets visuels s’envolent à nouveau. La musique devient légèrement lassante et j’ai vite envie de ressortir. Notre pote nous annonce son départ et on l’accompagne jusqu’à son van pour lui dire au revoir.
Nous décidons de rouler un
joint et N se rend compte qu’il a perdu sa
weed. On retourne alors dans la teuf où une bonne âme nous vend un 20 de
shit.
J’ai une bonne expérience avec le roulage de
joints et j’ai déjà souvent roulé sous
LSD, mais ce
joint en particulier me fait presque péter un câble. J’ai beau me concentrer, il m’est impossible d’estimer la quantité de
shit présente dans ma paume. Ma main se déforme et le mélange semble s’y faire absorber. Je suis dans un grand état de confusion et mes amis me demandent si j’ai besoin d’aide. Je VEUX terminer de rouler le
joint par moi même, et après de gros efforts, mentaux comme physiques, je parviens finalement à le refermer.
03:30
On marche un moment pour trouver un endroit où fumer, et on décide finalement de l’allumer en marchant vu qu’on galère à trouver un spot bien. Chaque inhalation fait l’effet d’un boost au trip, et une fois qu’on a fini, une certaine intensité se fait ressentir. On trip tous bien fort, et on se redirige une fois de plus vers la teuf.
Une fois à l’intérieur commence une autre étape de mon trip, une étape se caractérisant par une grande prise de distance avec le monde réel. Lorsque je ferme les yeux, je peux observer des formes kaléidoscopiques se former. Une onde vient les briser, et elles deviennent des sortes de fragments cristallins. Je m’aventure de plus en plus profondément dans mes visions, et je me rends compte que je me trouve dans une sorte de gigantesque château, semblant constitué de ces cristaux kaléidoscopiques. J’ouvre brusquement les yeux car je perds l’équilibre et je parviens par chance à me maintenir debout.
Je clos à nouveau mes paupières. Je me cogne légèrement contre l’épaule de quelqu’un, puis à nouveau, puis à nouveau… Je me retrouve coincé dans un mouvement perpétuel. Il semble s’effectuer de plus en plus vite jusqu’à atteindre une vitesse me faisant ressentir les chocs comme une onde. J’ouvre les yeux.
La troisième fois que je les ferme, je sens mon ego prendre un volume occupant tout mon corps. Je le sens se faire tordre, comme si l’on me tordait moi. C’est une expérience très particulière, et j’ouvre les yeux par surprise. Je les clos immédiatement pour essayer de laisser mon ego se faire manipuler. Les formes qu’il prend sont de plus en plus étranges. Il se plie sur lui même, puis se retrouve en 4D. Je me fais plier en toutes sortes de figures géométriques non cartésiennes durant une bonne demie heure.
04:30
Je m’écarte des caissons pour m’assoir un moment car je commence à avoir trop mal au dos et aux oreilles pour profiter du moment. On roule un deuxième
joint et on sort pour le fumer, au même endroit que le précédent.
De vives discussions se lancent et on se retrouve une fois de plus à presque en oublier qu’on fume sous
LSD. Je réalise d’un coup que quelque chose de puissant pourrait survenir à tout instant.
Une tension monte en moi, et le monde se fige subitement. Ma vision m’apparaît comme un plan en 2D, et une vague de panique parcourt mon corps. Je ne me sens plus du tout dans le monde réel, et le temps n’existe plus. Une forme d’étoile se détache du plan et commence à s’approcher de moi. Ce moment semble infiniment long et infiniment court à la fois. Lorsqu’elle me touche, je reviens à la normale et me calme rapidement.
Je suis secoué par l’expérience et le bodyload est très particulier. Malgré ce léger stress, le moment reste très drôle. Les visages de mes amis prennent tout types de formes : A devient un gobelin et un elfe, et le visage de N prend une forme parfaite de losange.
05:30
Au bout d’un moment, on commence tous à avoir froid dans la forêt, et c’est une partie relativement rude du trip pour moi. Je ne suis pas dans le meilleur des états pour continuer à teufer. Je ne peux pas me tenir debout et j’ai de puissants acouphènes. Je ressens une forme de solitude mais ce sentiment se fait rapidement souffler par de puissants kicks de mentalcore surgissants des bois. Je regagne immédiatement une motivation pour retourner dans la tente. Comme par magie, mes douleurs dorsales s’atténuent, ainsi que mes acouphènes. On retourne en vitesse profiter du mix, qui ne suit plus du tout la lineup initiale. Après 5 heures passées à la teuf, le son nous fait enfin kiffer.
J’ai l’impression d’être dans la teuf magique, toutes les couleurs m’apparaissent néon et le sol semble tourner autour du mur de son. Je ressens une forme de puissance tribale s’échapper de la foule, et j’ai l’impression de faire partie d’un grand village de fêtards perdus dans les bois.
Au bout d’un moment, le mix perd de nouveau en qualité et je recommence à me sentir mal. Je signale à mes potes mon désir de quitter la teuf au plus vite.
06:30
On part enfin , et on commence à marcher dans les bois. On se roule un
joint pour la ballade et mes amis, qui étaient tout d’abord récitants à l’idée de partir de la teuf, ne semblent finalement pas trop déçus.
Les paysages s’offrants à nous sont magnifiques, les arbres semblent gigantesques et de simples collines m’apparaissent comme de glorieuses montagnes. Marcher avec ses potes sous
LSD est une expérience si unique. J’ai l’impression d’explorer des dimensions m’ayant été cachées durant toute ma vie malgré leur indéniables existences. Les pixels augmentent en nombre, et des fractales apparaissent en leur centres, mais je décide toujours si je désire les voir ou pas.
07:00
Nous nous trouvons dorénavant dans un des moment que je préfère durant les trips, celui où je commence en quelque sorte à “adopter” le
LSD et où les possibles semblent infinis et contrôlables.
Je décide d’imiter d’un coup un bruit de voiture de course et de taper un sprint sans prévenir mes amis. Je traverse l’espace-temps à une vitesse ridicule et j’entends mes amis rire au loin. A réitère ma blague et a l’air d’être propulsé par de puissants moteurs. Une traînée lumineuse est laissée sur son passage et il semble véritablement posséder une sorte de super pouvoir. Je regarde immédiatement N et nous hurlons de rire à nous en déchirer les poumons.
Tout le trajet jusqu’à l’arrêt de bus est rempli d’hallucinations marrantes et de discussions animées, et c’est sûrement ma partie préférée du trip.
Les pixels augmentent tellement en nombre et en précision qu’il me devient impossible de les discerner. Chaque point infinitésimal de ma vision se voit remplacé par une microscopique fractale, ceci ayant pour effet de me donner une vision semblant extrêmement définie et précise.
On passe à côté d’un champ vide, et j’y vois soudain apparaitre des milliers de petits animaux, tous statiques et semblant droit sortis d’un jeu vidéo de mauvaise qualité.
08:00
On doit prendre un train dont le trajet dure à peu près une heure, mais moi et A n’avons pas de billets, et on est encore complètement perchés. Les contrôleurs seront là, nous le savons. Lorsque le train arrive en gare, nous ne réfléchissons pas. On monte à bord. Je sens un profond sentiment de malaise s’installer en moi lorsque le train démarre et que je me rends compte de ma situation précaire. Je me sens réellement angoissé par la situation et j’ai de puissants regrets concernant mon entrée dans le train.
Je parviens à légèrement me calmer et je décide de me placer de façon stratégique afin de surveiller la potentielle apparition d’un contrôleur. Nous nous trouvons tout au fond d’un train à deux étages, ce qui augmente considérablement nos chances de réussite en cas de nécessité de fuite.
08:30
La porte au bout de notre wagon s’ouvre et la contrôleuse commence à vérifier les abonnements. Je préviens A et on se précipite à l’étage inférieur pour s’échapper. Une fois qu’on a traversé le wagon, on se rend compte que la contrôleuse est juste au dessus de nous. Elle ne va pas tarder à avoir fait le tour et risque de nous tomber dessus si on ne se déplace pas. Un instinct préhistorique monte en nous, et on décide qu’il nous faut cesser d’être chassés, mais bel et bien se mettre chasser si l’on veut s’en sortir. Nous suivons la contrôleuse à distance et arrivons à nos places sains et saufs.
Ce stratagème est appliqué 2 fois de plus durant le trajet. Dès la première fuite, la situation est devenue drôle plus qu’autre chose et le côté mission impossible de la chose a largement pris l’avantage sur l’angoisse.
09:30
La grande majorité des effets se sont dissipés, et on arrive enfin chez N pour dormir. J’écoute Echoes de Pink Floyd aux écouteurs, et jamais de la musique ne m’a semblé aussi juste. Durant mon écoute, Echoes est pour moi une représentation fidèle d’un trip sous
lsd, et rien d’autre. Je me laisse porter par la douce mélodie puis je m’endors.
Voilà voilà !