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L’usage de drogues étant une infraction pénale sans victime (Devresse, 2003, 143), sa criminalisation au niveau national a nécessité une construction politique, légale et médiatique qui fasse de l’usager un outsider porteur de maux contraires aux valeurs de la société
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D’autres chercheurs ont démontré que la frontière entre usage contrôlé et incotrôlé est ténue, c’est-à-dire que l’addiction ne mène pas nécessairement à unusage incontrôlé du produit.
C’est le cas de Bill Hanson et ses collègues (1985) qui ont mené une recherche auprès de 124 consommateurs quotidiens d’héroïne
n’ayant pas eu de contacts avec des services médicaux ou policiers ( untreated,black, inner-city, male heroin users).
L’intérêt de la recherche est de s’intéresser à une population addict (consom-mation régulière, sensation de manque, etc.) mais qui refuse de tomber dans le stéréotype du junkie.
Les résultats de cette recherche mettent l’emphase sur la dimension contrôlée de l’usage : les usagers limitent leurs prises journalières (pas plus de 25 dollars), limitent
leurs prises quotidiennes à une ou deux injections et essayent de ne pas tomber dans la délinquance en s’assurant les moyens financiers pour l’achat de la drogue via un travail légal, par exemple.
Bien que ce contrôle ne soit pas aisé, il est essentiel dans la construction de l’image que l’usager a de lui-même, puisqu’en maintenant des apparences qui l’écartent du harcèlement policier et du recours au traitement, l’individu se perçoit comme un individu autonome.
« Dans cette perspective, se soigner apparaît alors comme la fin de l’indépendance , comme la reconnaissance de ce qu’il refuse : la perte de la maîtrise de sa vie ».
Le premier chapitre cité note la "necessité" pour la Loi de transformer une infraction sans victime en "inventant" un profil d'outsider porteur de maux contraires aux valeurs de la société. Et elle a tellement reussi que cette conception tend à être "intériorisée" par une majorité d'usager.
Je pense donc qu'il est intéressant de lutter contre cette conception, mais j'ai peur qu'une attaque directe "justifie" en fait la marginalisation (outsider) de l'usager. Je pense qu'il serait plus habile de mettre en avant des valeurs positives montrant que l'usager n'est pas un outsider et n'est pas porteur de valeurs anti-sociales. Notamment en ne s'opposant pas frontalement aux CSAPA mais en en déclarant vouloir les aider à assumer leur rôle, par exemple par une plus grande intégration dans leurs structures de gestion et de soins (pair-aidant).
La conclusion du deuxieme chapitre montre que le soin apparait comme la perte d'autonomie et de son potentiel de contrôle personnel sur la consommation et que les CSAPA pour faire du soin adapté devraient aider et valoriser ce contrôle personnel (et évidemment l'auto-stigmatisation fait le contraire) et non imposer à l'usager un contrôle "externe" qui n'a pas de sens pour lui. Donc ne pas communiquer vers les CSAPA sur le thème "vous faites mal" mais "ON peut, ensemble, faire mieux".
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (07 décembre 2022 à 20:18)
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[ Forum ] Culture - Déconstruction de l'étiquette de "malade"
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