Mon enfer avec le prozac

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Lexapro homme
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Bonjour.

Ce post est un retour d'expérience sur le prozac, que je prends maintenant depuis un an. Je m'addresse ici à toutes les personnes qui se posent des questions sur les antidépresseurs. En particulier, à celles qui se demandent si elles devraient en prendre ou à celles qui ont un proche qui en prend et qui sont inquiet pour lui.

Je suis un homme de la trentaine. J'ai commencé à prendre des drogues il y a environ 8 ans. D'abord de la MDMA, et puis j'ai découvert le GHB et la 3-MMC que je consomme en contexte sexuel. Je consomme la 3 en injection depuis 2 ans environ.

Au cours de ces années, j'ai progressivement perdu le contrôle de ma consommation. J'ai consommé de façon de plus en plus compulsive, et en quantité de plus en plus grande. Il n'était pas rare que je consomme 2 grammes de 3-MMC par session, au rythme d'une session par semaine en moyenne. Il y a 3 ans, j'ai fait une overdose qui m'a envoyé en réanimation. Et le reste du temps, entre deux sessions, je luttais constamment contre un craving juste insupportable. La simple pensée d'un rush de 3-MMC me faisais me sentir dans cet espèce d'état qui dure juste quelques secondes et qui est juste entre le moment où on pousse sur le piston de la seringue, et le moment où ça monte. Quand j'y pensais, je me sentais brûler de l'intérieur. Ça arrivait surtout la nuit, pendant la phase d'endormissement. Dans le noir, je voyais des seringues danser devant mes yeux. Et à cause de ça, je mettais des heures à m'endormir. Ma vie était devenue binaire : soit j'étais en descente d'une défonce à plus de 2 grammes, soit j'étais frustré.

Plusieurs médecins m'ont recommandé de prendre des antidépresseurs. À ce moment là, je ne saisissais pas vraiment pourquoi je devrais en prendre. Je ne me sentais pas dépressif : j'avais des envies, des projets, et j'ai toujours eu une personalité combative (Comme dirait Kennedy, on va pas se laisser abattre ^^). En revanche, j'ai lu, ici sur psychoactif, mais aussi dans des publications médicales, que les inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine (ISRS) diminuaient, voire supprimaient les effets des drogues sérotoninergiques, avec lesquelles j'avais un problème. J'ai donc commencé à envisager d'en prendre afin de m'empêcher d'en ressentir les effets, un peu comme une sorte de vaccin. L'objectif étant de prendre de la distance avec mes addictions.

L'année dernière, j'ai pris la décision de commencer un traitement antidépresseurs et j'ai commencé à prendre du prozac.

Dès les premiers jours, j'ai constaté des changements. J'ai toujours été un gros dormeur. Il me faut en moyenne 11 heures de sommeil par jour, et j'ai toujours eu du mal à me réveiller le matin. Je me sens souvent fatigué en journée et je ressens le besoin de faire régulièrement des siestes. Dès les premiers jours de traitement, j'ai constaté que je me réveillais dès les premières lueurs de l'aube.

Une autre chose que j'ai constaté aussi lors des premiers jours : la quasi dispartition de mes cravings.

Ça a été vraiment la grosse surprise de mon traitement. La frustration ne m'empêchait plus de m'endormir la nuit, et j'étais capable de m'imaginer en train de me shooter sans que ça ne mette mon corps en feu. J'ai constaté aussi que j'y pensais beaucoup moins. Le vide laissé par le retrait de cette frustration m'a permi de penser à beaucoup d'autres trucs.

Au niveau social, mes amis ont constaté que je suis devenu apathique. Ma copine et mes amis m'ont dit après coup que j'avais tendance à répondre et à réagir comme un robot. C'est quelque chose que j'ai aussi plus ou moins remarqué de mon côté sans que je ne vois ça comme un problème. J'ai une personalité très anxieuse, avec beaucoup de ruminations. Quand par exemple j'envoie un SMS à ma copine et qu'elle ne répond pas dans l'heure, je me fais très rapidement des scénarios catastrophe. Je me dis qu'elle a peu être eu un accident, qu'il lui est arrivé quelque chose de grave. Du coup, je l'appelle, et je tombe direct sur la messagerie. Donc je me dis qu'il lui est arrivé un truc si violent que le téléphone a été détruit dans l'accident. Et je passe de longues heures à ruminer jusqu'à ce que je reçoive un SMS d'elle me disant "Désolé mon cœur, je suis allé au cinéma avec des copines après le boulot et j'ai coupé mon téléphone".

Avec le prozac, c'est vrai que je me sentais parfois comme émotionellement anesthésié. Mais en même temps, ça faisait que je ne surréagissais plus à ce genre d'évènement. Et ça aussi, ça m'a pas mal libéré l'esprit.

Cette phase d'apathie n'a été que transitoire. Ça a duré environ 2-3 mois. Ensuite, les émotions positives sont revenue et j'ai constaté de nouveaux changements. Je suis devenu très sociable avec mes proches et je me suis mis à rechercher le contact avec eux. D'habitude, je ne suis pas très téléphone. Là, je me suis mis à passer en moyenne une heure par jour au téléphone avec un ami ou un parent. J'ai même recontacté des personnes que j'ai perdu de vue depuis des années. Ça a pas mal renforcé mon cercle social.

En terme d'effets négatif, il m'est arrivé de me sentir deshinibé. Je suis polyamoureux, et j'ai des aventures avec d'autres filles. Je me sentais bien avec elles et je me suis mis à leur dire tout ce que je ressentais sans aucun filtre. Je leur ai dit par exemple que je les aimais, que je ne souhaitais que leur bonheur et que je n'avais pas besoin qu'elles soient amoureuses de moi, que leur bonheur suffisait à me combler. L'une d'entre elle est tombé très amoureuse de moi et quand elle a pris conscience de ce que ça signifie d'être polyamoureux, elle l'a super mal vécu, genre au point de se faire du mal. Et je regrette vraiment ce que je lui ai infligé malgré moi.

Sur le plan sexuel, là aussi ça a été la grosse surprise.

Sur internet, on lit beaucoup de témoignages comme quoi les antidépresseurs inhibent la sexualité. Mon psychiatre et mon médecin traitant m'ont tous les deux prévenu que j'allais devoir faire une croix sur ma vie sexuelle pendant la durée du traitement. Et effectivement, j'ai constaté que c'est plus difficile d'atteindre l'orgasme quand je me masturbe. Cependant, je trouve que ça reste tout à fait faisable. Je n'ai aucun problème d'érection, et ça ne m'est jamais arrivé de ne pas arriver à aller jusqu'au bout avec une fille. Même à la dose maximale (3 comprimés de 20mg par jour), mes plans culs sont tout à fait satisfaisant. Comme quoi, les problèmes sexuels sous antideps ne sont pas systématiques et dépendent en grande partie des gens.

Voilà. Globalement, je suis très satisfait de mon traitement qui a littéralement changé ma vie. Du coup, si vous avez lu tout ce témoignage jusqu'ici, déjà merci pour votre attention. Mais ensuite, vous vous demanderez certainement pourquoi j'ai choisi un titre aussi négatif pour ce témoignage.

Les antidépresseurs ont une très mauvaise réputation parmis les gens. Quand on fait des recherches sur google, on trouve des tas et tas de témoignages tous plus flippants les uns que les autres à propos "d'anesthésie génitale définitive", de "Post SSRI Sexual Disfunction", de "disphorie tardive post ISRS", de gens qui sont "devenus accrocs" et qui ne peuvent plus s'en passer, de gens qui prétendent que ça a bousillé leur cerveau... Je suis vraiment désolé pour toutes les personnes qui ont eu des effets secondaires grave suite à leur traitement. Mais d'un autre côté, les histoires qui se passent bien ne font pas le buzz. Il y a vraiment beaucoup de gens chez qui ça se passe bien, qui sont satisfaites de leur traitement et n'ont pas de raison de venir témoigner. Or ça introduit un biais dans les résultats des recherches qui ne renvoient que des témoignages de gens chez qui ça s'est mal passé. Ce titre sert à attirer l'attention des gens qui ont peur des antidépresseurs pour qu'ils n'aient pas sous les yeux que des témoignages négatifs.

En ce qui me concerne, j'ai été très hésitant à commencer ce traitement à cause de ça. Lorsque j'ai commencé, je m'étais résolu à bousiller définitivement ma vie sexuelle. Et ça m'aurait vraiment aidé dans ma prise de décision de lire un témoignage comme celui ci. C'est la raison pour laquelle je trouvais super important de venir témoigner.

Pour finir, je souhaiterais partager ici les vidéos Youtube de la psychiatre zinzin. Ses vidéos m'ont fourni baucoup d'infos qui m'ont rassuré et qui m'ont aidé à me décider.


Antidépresseurs : effets secondaires, efficacité, pertinence :


Les horribles antidépresseurs 3 :


Quel antidérpesseur pour quel type de dépression ?
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Morning Glory femme
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Soit c'est guygeorgres qui revient brouiller les pistes, soit c'est un témoignage honnête et au quel cas même si ça me détruit le coeur parce que c'est une véritable PLAIE qui ne cicatrisera JAMAIS, et qui me POURRIT la vie PROFONDÉMENT......... J'entends. J'entends..... :'(

Dernière modification par Morning Glory (15 janvier 2023 à  04:57)


Μόρνηνγγ Γλωρύ
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Donmanouel homme
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En fait , c'est par ce que tu ne sais pas de quoi tu parles. Au début,  c'est magique poir 90 poir cent des gens. Mais au bout d'un certain nombre d'année,  la c'est l'enfer qui commence. Et comme tu es déjà à la dose max , tu n'auras aucun recours par la suite. Si tu en prends plus d'une dizaine d'année,  la dysphorie tardive, tu la connaîtras.bonne chance

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