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Dernière modification par Yogispace (24 février 2023 à 06:15)
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Bonjour, pour l'application à la politique on peut voir la reaction de Mr Darmanin à l'accident de Pierre Palmade.
accident-de-pierre-palmade-gerald-darmanin-propose-le-retrait-du-permis-en-cas-de-conduite-sous-stupefiants
https://www.lefigaro.fr/flash-actu/acci … s-20230219
C'est typiquement l'usage de la relation linéaire entre le délit et la punition, chère aux "autorités", notamment les parents violents (cf l'éducation noire en Allemagne du 19eme siecle). L'escalade de la désobeissance doit entrainer une escalade des punitions, avec comme seule limite celle de la peine de mort (là où elle est interdite).
En oubliant que pour un Pierre Palmade évité ce seront des milliers de consommateurs prudents de cannabis qui seront privés du droit de conduire, parfois à vie. (c'est d'ailleurs techiquement une punition collective, que je croyais illégale).
Dans la vision complexe on cherchera quelle est la meilleure utilisation de la punition, en évitant l'escalade et les effets négatifs, souvent "paradoxaux".
https://books.openedition.org/psorbonne/74074?lang=frRésumé
Le procès du « mont Sainte-Odile » a duré quatorze ans et pourtant nous n’avons rien appris de sérieux pour la sécurité aérienne qu’on ne savait déjà au bout de deux ans d’enquête administrative. Il est probable que les familles des victimes auraient bien mieux accès à la « vérité » à laquelle elles aspirent légitimement si elles étaient associées à l’enquête administrative, et il est profondément anormal qu’elles n’en soient pas partie prenante au même titre que les autres composantes.
Quant à l’effet d’exemplarité, c’est aussi une illusion. La pénalisation obtient exactement le contraire de ce qu’elle prétend faire : elle augmente la fréquence des catastrophes. Si chaque seconde dans le monde, un avion décolle en offrant à ses passagers la meilleure sécurité de tous les modes de transport, c’est parce que des millions de gens font à peu près bien leur travail. Non par peur de la prison, mais parce que leurs activités sont cadrées par un système social et technique qui fournit les guides, les ressources et les contraintes nécessaires. Et parce que, inlassablement depuis un siècle, ce système apprend de ses erreurs, recherche ses faiblesses et les corrige. La pénalisation des défaillances ruine cette lucidité, paralyse cet apprentissage. Elle ne renforce pas la conscience des responsabilités, elle renforce la peur d’être pris. La priorité de chacun n’est plus de gérer le risque en conscience professionnelle, mais de minimiser son risque personnel d’inculpation. La culture de sécurité est minée par l’auto-protection, la précaution générale, la dissimulation, le « pas vu pas pris ». Et surtout par l’inflation de la règle : on écrit celles qui, si elles étaient appliquées, garantiraient la sécurité, sans se préoccuper de leur applicabilité, ni de leur cohérence. La peur de l’inculpation enfle le volume des référentiels. Parfois l’obéissance aux référentiels. Mais ni leur efficacité, ni l’intelligence nécessaire à leur application.
La pénalisation de l’accident tend ainsi à se nourrir elle-même. Elle pousse l’industrie – qui ne demande souvent que ça – à la mise en scène illusoire d’un contrôle total, qui justifie à son tour la pénalisation (car dans ce monde maîtrisé, il faut nécessairement de grandes fautes pour faire des catastrophes), et nourrit la montée des exigences déraisonnables de l’époque (car dans un tel monde, il suffit d’être prudent et obéissant pour que l’accident disparaisse). Nous ne sortirons pas du cercle vicieux sans une révolution culturelle et une (petite) réforme du droit pénal. Il faut réduire le nombre des enquêtes pénales consécutives aux catastrophes industrielles dans les pays comme la France dont le droit les prévoit systématiquement. Il faut les réserver aux présomptions de sabotage, de malveillance ou de grave négligence. La référence à la « maladresse », l’« inattention », et même dans bien des cas le « manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou les règlements » est dramatiquement simpliste face à la complexité des mécanismes de défaillance des grands systèmes modernes. Elle est totalement décalée par rapport à la pensée scientifique, et quasi inopérante pour penser et agir sur la sécurité. Son usage judiciaire y a des effets collatéraux dévastateurs. Et honnêtement, quelle sorte de justice peut-on rendre en son nom ?https://www.secondsouffle.me/2018/08/la … educative/
https://www.cairn.info/revue-spirale-20 … ge-123.htmLa punition est un problème d’abord relatif à la question de l’autorité. Nous trouvons cette idée sous la plume de Michel Foucault dans son ouvrage Surveiller et punir. L’ouverture célèbre du livre analyse ce que Foucault nomme « l’éclat des supplices ». On retient souvent la violence de la description que Foucault présente du supplice de Damiens. Damiens avait tenté de tuer Louis XV. Il échoua et ne parvint qu’à lui donner un coup de canif. Il fut arrêté et condamné à mort par écartèlement. Il fut la dernière personne en France à subir ce châtiment. On oublie souvent de rappeler les conclusions de l’analyse de Foucault. La punition spectaculaire, le supplice, n’est pas là pour rétablir une quelconque justice. Sa violence n’est pas proportionnelle à l’acte commis : la blessure du roi s’avéra être finalement superficielle. La violence de la punition n’est pas proportionnelle au tort mais à l’importance de l’autorité ébranlée par cet acte. En blessant le roi, Damiens porte atteinte à l’autorité la plus haute. Il s’expose donc à la punition la plus haute. Le but de la punition n’est pas de rétablir un équilibre, une égalité ou un ordre juste, mais de réactiver une autorité, que ce soit celle du roi, celle des lois ou même celle des parents. La punition est alors nécessaire, non pas pour rendre justice mais dans la constitution d’une relation d’autorité. Or, l’exercice de l’autorité et l’établissement d’un ordre juste sont deux questions qui ne se recouvrent pas tout à fait. Le grand problème de l’autorité est : comment amener des individus à obéir ? Et Foucault montre que les supplices tombent en désuétude quand se met en place un nouveau mécanisme susceptible de rendre les corps obéissants et dociles : c’est l’âge de la société disciplinaire, dont la prison n’est qu’un phénomène parmi d’autres. Lorsque nous exerçons une autorité, nous attendons des corps disciplinés. La punition sanctionne l’indiscipline plus que l’injustice. Et la peur de la punition rend les hommes obéissants. Elle ne les rend pas justes. Il est possible que l’obéissance soit une condition nécessaire à l’établissement d’une société juste (cela reste à voir). Mais elle ne nous semble pas une condition suffisante.
Mais une telle reaction, plutot qu'une prise de position "intellectuelle" ne reflète t elle pas plutot un opportunisme politique sans bornes ?
Mr Darmanin feint en effet ne pas savoir que la grande majorité des conducteurs "dépistés positifs" ne sont plus sous emprise.
Ou une façon de faire oublier la "tolérance" de la Police et de la justice dans ce cas précis qui était de notoriété publique ?
https://actu.orange.fr/france/je-serai- … ZlxuE.html
nb= je parle bien de la tolérance vis à vis de la conduite automobile sous emprise et non de celle vis à vis de l'usage.
Il ne s'agit pas de dénoncer (mais de déplorer) l'impuissance de la Police et de la Justice (et de leurs ministres respectifs) à prevenir ce drame mais peut être de suggerer à Mr Darmanin des pistes d'action reellement efficaces et potentiellement preventives en matiere de conduite automobile.
S'attaquer à ceux qui ne sont pas dangereux peut plaire à certains électeurs mais ne prévient rien. Ceux qui sont reellement dangereux sont une minorité mais il est important de les proteger contre les dommages à autrui qu'ils pourraient commetre.
Rappelons que depuis des années nous militons pour une différentiation nette entre l'emprise et la positivité au dépistage (qui indique une emprise OU NON).
dep.pdf
et plus recemment
conduiteetdrogue1.docx
Amicalement
Dernière modification par prescripteur (24 février 2023 à 10:45)
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Dernière modification par Yogispace (24 février 2023 à 13:21)
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Yogispace a écrit
Faudrais faire comme le Portugal !
Légaliser toutes les drogues, injecter tout l'argent (on parle de plus de 2 milliards) dans la prévention
Hum pour le Portugal ce n'est pas si bien que ça , ok mieux qu'en France
mais ils n'a fait que dépénaliser mais j'estime que depuis plus de 20 ans ils auraient pu et dû faire évoluer leur politique sur les drogues.
Depuis le 1er juillet 2001, date d’entrée en vigueur de la réforme introduite par
la loi du 29 novembre 2000, la réforme portugaise fait prévaloir une approche
résolument sanitaire des usagers de drogues : les consommateurs de drogues
illicites sont considérés, aux termes de la loi, comme des malades plutôt que
comme des délinquants, nécessitant une orientation vers des soins en cas d’usage
problématique.
La consommation et la détention de stupéfiants en petite quantité (à des fins d’usage personnel)ne constituent plus un délit, passible de peines d’emprisonnement.
Elles restent interdites mais il s’agit d’infractions administratives, hors du champ pénal. Surtout, la prise en charge des usagers s’inscrit dans une organisation nationale restructurée en 2000, pilotée par le Ministère de la santé (et non plus de la justice), qui s’efforce de « privilégier les réponses sanitaires plutôt que punitives »
source http://www.ofdt.fr/BDD/publications/docs/eisxio2b6.pdf
Dernière modification par meumeuh (25 février 2023 à 04:12)
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