La dépendance est-elle vraiment une maladie ?

Publié par ,
1007 vues, 1 réponses
chaeunwoo homme
Nouveau membre
champi vert0champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 21 Apr 2023
1 message
On dirait que presque toutes les dépendances sont qualifiées de "maladie" - du moins dans le langage du "rétablissement". Vous avez vu l'épisode de South Park. Mais, disons, la toxicomanie ou l'alcoolisme sont-ils réellement une maladie (en quelque sorte ?) selon les normes de la médecine, de la science ou de la science médicale ? Pourquoi ou pourquoi pas? Pourquoi commencerait-on à appeler ça une maladie si ce n'en est pas une ? https://tutuapp.uno/ https://vidmate.cool/

Je parlais à quelqu'un qui a insisté sur le fait que c'est une maladie et je me sentais enclin à adopter la position opposée. Puis j'ai réalisé que je ne savais pas comment étayer mon opinion sur la question ou si la dépendance pouvait en fait être une maladie ou wtf. Donc est-il?

Dernière modification par chaeunwoo (22 avril 2023 à  18:29)

Hors ligne

 

avatar
prescripteur homme
Modérateur
champi vert83champijaune0cxhampi rouge0
Inscrit le 22 Feb 2008
12255 messages
Blogs
Bonjour,

Bonjour c'est en effet un débat difficile, d'autant que l'OMS a semé la confusion en utilisant "dépendance" dans le sens d'addiction. (nb= elle semble revenir la dessus).
Tout en reconnaissant que dépendance a d'autres sens (notamment la dépendance physique) ce qui fait 3 significations en tout !

Je vais te donner ma definition personnelle mais je ne suis pas le seul à la défendre.

Je crois d'abord que "dépendance" doit être utilisé en priorité dans son sens banal, non médical.
Ceci dit la plupart des définitions sont "négatives". Dépendre d'une personne c'est lui être soumis(e) , être invalide etc..
C'est oublier que nous dépendons positivement de la plus grande partie de notre environnement. Et Dieu merci ! U_THINU_THINU_THIN

Nous sommes tous dépendant de notre famille, de nos amis, de nos plats préférés, de nos produits préférés etc.. et dans notre société occidentale c'est normal.
nb= le bouddhisme considère que l'attachement (autre nom de la dépendance) est la source de la souffrance et prône le détachement mais ce n'est pas une tâche aisée.
voir cette citation de Marpa l'un des grand sages tibétains

Marpa fut très remué lorsque son fils fut tué, et l'un de ses disciples dit - ‘vous nous disiez toujours que tout est illusion. Qu'en est-il de la mort de votre fils, n'est-ce pas une illusion?’. Et Marpa répondit - 'Certes, mais la mort de mon fils est une super-illusion’.

Les bouddhistes ne sont pas opposés à la dépendance mais à l'attachement excessif.

Donc quand on est dépendant de quelque chose, en général, on souffre d'en être privé. On a donc une dépendance psychologique.

Il existe aussi une "dépendance physique" qui fait que quand on prend certains produits (alcool, opiacés, bzd, tabac, cannabis) on ne peut pas se sevrer brutalement. On a donc un syndrome de sevrage.
C'est par exemple le cas de personnes traitées au long cours aux opiacés pour des douleurs et pour lesquels la cause de la douleur disparait. Ils doivent se sevrer progressivement. Mais evidemment ils ne sont pas malades dépendants. Au contraire ils vont mieux puisque la douleur a été guérie.

Donc jusque là pas de maladie que ce soit pour une dépendance aux  parents ou à un psychotrope pris de façon contrôlée et sans problème majeur psychique, social ou de santé.

Rappelons la définition de malade

https://www.cnrtl.fr/definition/malade

MALADE, adj. et subst.

I. − Emploi adj.
A. −
1. [En parlant d'une pers.] Dont la santé est altérée; qui est atteint d'une maladie, qui éprouve un malaise. Synon. indisposé, souffrant, en mauvaise santé; anton. bien portant, en bonne santé.Elle avala un verre d'eau où elle avait fait tremper une poignée d'allumettes, ce qui la rendit horriblement malade , sans la tuer (Zola, Nana, 1880, p. 1452).Je sortais d'un dispensaire, j'avais joué avec des enfants malades, sans répugnance pour leurs plaies, toute douce et toute attendrie (Bernstein, Secret, 1913, iii, 3, p. 35).Sa voisine de chambre était gravement malade, (...) elle avait un cancer (...), elle allait mourir (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 38):

Mais malheureusement il y a l'addiction. Celle ci ne se définit pas par la seule dépendance mais par des difficultés, souvent insurmontables, à gerer sa consommation.
Au point que les personnes elles même cherchent de l'aide, médicale ou non, et se considèrent comme addicts.

https://www.inserm.fr/dossier/addictions/

Comprendre les addictions

L’addiction est une pathologie qui repose sur la consommation répétée d’un produit (tabac, alcool, drogues…) ou la pratique anormalement excessive d’un comportement (jeux, temps sur les réseaux sociaux…) qui conduit à :

    une perte de contrôle du niveau de consommation/pratique
    une modification de l’équilibre émotionnel
    des troubles d’ordre médical
    des perturbations de la vie personnelle, professionnelle et sociale
   
    Un diagnostic très normé

Le diagnostic de l’addiction (ou dépendance) repose sur des critères bien définis, fixés par des instances internationales de santé mentale et répertoriés dans un manuel, le Diagnostic and Statistical manual of Mental disorders (DSM). Parmi ces critères, on trouve la perte de contrôle de soi, l’interférence de la consommation sur les activités scolaires ou professionnelles, ou encore la poursuite de la consommation malgré la prise de conscience des troubles qu’elle engendre. Un sujet est considéré comme souffrant d’une addiction quand il présente ou a présenté, au cours des 12 derniers mois, au moins deux des onze critères suivants :

    Besoin impérieux et irrépressible de consommer la substance ou de jouer (craving)
    Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance ou au jeu
    Beaucoup de temps consacré à la recherche de substances ou au jeu
    Augmentation de la tolérance au produit addictif
    Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire de l’ensemble des symptômes provoqués par l’arrêt brutal de la consommation ou du jeu
    Incapacité de remplir des obligations importantes
    Usage même lorsqu’il y a un risque physique
    Problèmes personnels ou sociaux
    Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité
    Activités réduites au profit de la consommation ou du jeu
    Poursuite de la consommation malgré les dégâts physiques ou psychologiques

L’addiction est qualifiée de faible si 2 à 3 critères sont satisfaits, modérée pour 4 à 5 critères et sévère pour 6 critères et plus.

Les experts du DSM ne recensent comme addiction que les dépendances aux substances et celle aux jeux vidéo et d’argent. Les usages intensifs de smartphone, l’hyperactivité sexuelle ou professionnelle ne sont pas, à ce jour, considérés comme d’authentiques addictions car on ne dispose pas de données scientifiques convaincantes en ce sens.

Dans la mesure où la personne cherche de l'aide on peut donc la considerer comme "malade" mais sans en faire une dénomination négative. On pourrait aussi dire et je pense que c'est préfèrable "usager(e) des services de soins".


Le problème est quand l'usager ne se considère pas "addict" mais qu'il l'est vu comme tel  par les autres et notamment son entourage.
C'est notamment le cas de l'usage dit problématique où l'usager est conscient des inconvénients du produit mais ne cherche pas à s'en priver.
C'est aussi malheureusement le cas pour les nombreuses "bonnes gens" qui considèrent que prendre de la drogue est une maladie (et/ou un délit).
Dans le passé ils qualifiaient aussi de malades les homosexuels, les athées, etc.. Et en Russie ceux qui critiquaient le pouvoir officiel  et se retrouvaient à l'hopital psychiatrique.
Les exemples d'abus de la société "normale" sont helas nombreux !

Personnellement (je souligne) je pense qu'il faut s'aligner sur la perception que la personne a d'elle même. Si elle se considère comme ayant besoin d'aide elle est potentiellement usagère des services de soins. Elle peut d'ailleurs l'etre sans cesser ses consommations, comme avec les TSO.

Donc au total je pense qu'il faut refuser le terme "malade" qui est trop flou et potentiellement chargé de significations discriminantes , au bénéfice de patient ou usagers des services de soins. D'ailleurs on peut aussi etre usagers sans être "malades" (sans rien ressentir d'anormal) comme un diabetique sans complication ou simplement en cherchant un certificat medical.
Et pour les usages problématiques décrire les problèmes tels qu'ils sont dans leur indvidualité, sans les regrouper abusivement sous un parapluie unique de "maladie", inutile et stigmatisant.

Amicalement

Dernière modification par prescripteur (21 avril 2023 à  12:05)


S'il n'y a pas de solution, il n'y a pas de problème. Devise Shadok (et stoicienne)

Hors ligne

 


Remonter


Pour répondre à cette discussion, vous devez vous inscrire

Pied de page des forums