[ Arrêt & Sevrage ]

Symptôme physique, besoin d'aide

Dernière modification par Pesteux (08 mai 2023 à  05:14)

2 jours sont passés, et toujours pas de réponse... Je ne peux plus attendre, tant pis, je me lance.

J'ai l'impression de t'avoir fait fuir avec mes questions (c'est pas la première fois que ça m'arrive). Je le regrette profondément, je m'en veux. Je me dis que je m'y suis mal pris, mais c'est pas clair pour moi ce qui ne va pas dans mon message.

L'angoisse que tu décris semble massive, porter à la fois sur ton corps et ton environnement, et comporter une dimension physique qui semble se distinguer de la douleur à proprement parler (tu parles bien de "sensations désagréables", de "choses super bizarres" et pas de douleur). Et ton interprétation, c'est que tu es en train de développer une maladie purement psychique, comme si tu nous disais que tu te sentais perdre pied, que tu avais l'impression de devenir folle en quelque sorte.

Ca m'évoque un épisode de dépersonnalisation/déréalisation. Bien sûr, j'ai trop peu d'information pour l'affirmer, c'est peut-être pas ça du tout. C'est pour ça que je te demandais des détails dans mon précédent message. Je ne voulais pas être inutilement alarmiste.

Ton témoignage me rappelle le récit de personnes que j'ai rencontrées, et qui souffraient de ce type d'angoisse. Et aussi ma brève expérience, de quelques minutes seulement, suite à l'arrêt brutal des neuroleptiques (600 mg/jour de Tercian depuis des années --> 0 du jour au lendemain). Quelques minutes de terreur que je n'oublierai jamais...

Si mon intuition est la bonne, une telle angoisse mérite d'être prise très au sérieux, et je te recommande vivement de consulter un psychiatre. Non pas pour lui parler du cannabis, mais pour lui parler de cette angoisse. Si tu parles du cannabis et que c'est pas un très bon psy, il va se focus là-dessus, tout expliquer par ça, et peut-être, mal écouter ton angoisse. Tu pourras toujours lui en parler plus tard si tu le désires.

Une phase de dépersonnalisation, non seulement c'est un symptôme tout à fait effrayant à vivre, mais c'est parfois le prélude à une bouffée délirante. Pas toujours, pas même dans la majorité des cas, mais c'est une évolution à envisager, pour être en mesure de savoir l'éviter "au cas où". Avoir accès à un neuroleptique adapté pourrait te permettre de stopper tout ça, si tu sens que ça va trop loin. Ca pourrait aussi t'éviter une hospitalisation, et tous les désagréments qui vont avec.

Encore une fois, je suis loin d'être sûr de ce que j'avance, c'est tout à fait hasardeux de te dire ça avec si peu d'éléments. Et je risque de te faire peur inutilement. Mais au cas où j'ai raison, je préfère prendre le risque de t'en parler plutôt que de te savoir dans le doute sur ce qui t'arrive, et hésitante à consulter pour ça.

J'espère que tu vas venir m'expliquer que je suis complètement à côté de la plaque :)

Dernière modification par Pesteux (10 mai 2023 à  01:09)

Salut Litanie


Heureux de m'être planté ! Ceci dit, ce que tu décris ne semble guère plus réjouissant. On ne peut pas comparer les angoisses des uns et des autres, c'est comme la douleur, et tu as bien raison d'employer des mots forts puisque ça correspond à ce que tu ressens. D'ailleurs, tu compares ça avec un bad au cannabis, ce qui est loin d'être anodin. Pour en avoir déjà fait un, j'imagine mal comment j'aurai pu endurer ça un mois entier. Mon conseil : ne reste pas comme ça !

Tu évoques la possibilité de consulter un psychologue. C'est une bonne chose de se lancer dans une psychothérapie. Personnellement, ça m'a été très bénéfique. Mais je vois deux limites à cette idée du psychologue :
- Chez un psychologue, seules tes 8 premières séances seront remboursées. Il faut avoir les moyens pour en consulter un sur le long terme.
- Un psychologue n'est pas médecin, et ne peut donc pas te prescrire de médicaments.

Dans la situation que tu décris, je pense que dans un premier temps, je chercherai un soulagement rapide de mes angoisses, à travers la prescription d'un anxiolytique adapté. Pourquoi supporter une telle angoisse, si elle peut être calmée avec un médicament ? Ca n'est absolument pas incompatible avec la démarche de faire une psychothérapie, tu peux très bien faire les deux en même temps.

Je te recommande donc de consulter rapidement un psychiatre, qui est médecin, et qui pourra te faire une ordonnance. Si aucun psychiatre près de chez toi ne peut te recevoir avant plusieurs mois, tu peux en parler à ton généraliste, qui pourra lui aussi te prescrire un anxiolytique. Sache également qu'il existe aussi des psychiatres qui sont formés à la psychothérapie, ce qui te permettrait de faire un travail psychique tout en étant remboursé.

Ce que je ne comprends pas, c'est ton espoir que les angoisses cessent en arrêtant le shit. Bien sûr, je ne veux pas te décourager si tu as envie d'arrêter, mais je me dis qu'au vu de ce que tu vis en ce moment, ça n'est peut-être pas le meilleur timing. Tu nous dis que tes angoisses ont commencé à la suite de ton sevrage brutal, mais tu dis aussi que la reprise de la fumette ne les a pas calmés. Du coup, je ne comprends pas bien ce que tu attends de l'arrêt du cannabis. Te sens-tu mieux sans cannabis ? Ou moins bien ?

Sache que pour certaines personnes, le sevrage du cannabis peut être très éprouvant. J'ai vu beaucoup de potes arrêter le shit sans trop de difficultés, mais perso, ça a été un véritable enfer. Après 8 ans de fumette quotidienne, j'ai voulu arrêter le cannabis pour sauver mes voies respiratoires. J'en ai vraiment chié. Non seulement j'étais angoissé en permanence, mais je ne pensais plus qu'à ça, et je n'arrivais presque plus à dormir. J'étais systématiquement réveillé au bout de 2 ou 3 heures par des cauchemars terrifiants, en sueur au point de devoir changer les draps trempés au beau milieu de la nuit, et pas moyen de me rendormir tellement j'étais anxieux de revivre ces cauchemars atroces qui revenaient toutes les nuits. Ces symptômes ont duré environ 6 mois, ce qui est exceptionnellement long pour un sevrage du cannabis. Pour l'histoire, j'ai repris 3 ans plus tard, dégoûté de mon incapacité à arrêter le tabac. Quitte à me cramer les bronches, autant le faire avec du THC !


Prend soin de toi :)