Les anciens Égyptiens auraient bu un mélange de plantes hallucinogènes et de fluides corporels

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Anonyme3894
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Les anciens Égyptiens auraient bu un mélange de plantes hallucinogènes et de fluides corporels pour honorer le dieu Bès

Mieux comprendre les systèmes de croyances, les pratiques culturelles et l'utilisation des ressources naturelles des anciens Égyptiens. Tel était l'objectif d'une équipe internationale de scientifiques quand elle s'est penchée sur le mystérieux contenu d'un récipient de la collection du Musée d'art de Tampa, (Tampa Museum of Art, Floride, États-Unis), vieux d'environ 2 200 ans : un vase rituel à la forme de la tête de Bès, dieu mineur antique "de l'accouchement, de la fertilité, de la sexualité, de l'humour et de la guerre" dans le panthéon égyptien, selon la World History Encyclopedia.

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Qu'elle ne fut pas leur surprise quand les chercheurs ont découvert, à l'intérieur, les restes d'une concoction contenant un certain nombre de composés : le Peganum harmala (aussi appelée harmal ou rue de Syrie), le Nymphaea caerulea (ou lotus bleu d'Égypte) et des plantes du genre Cleome, "dont il est traditionnellement prouvé qu'elles ont des propriétés psychotropes et médicinales", notent-ils dans un article publié sur le serveur de pré-impression Research Square le 31 mai 2023, qui n'a pas encore été évalué par leurs pairs. Ils ont par ailleurs également identifié des traces de fluides humains en son sein, suggérant "l'implication directe" des Hommes dans de potentiels rituels.


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L'hallucinogène "rue de Syrie", ou "plante de Bès"

En effet, les différentes analyses menées ont révélé une composition assez complexe pour le contenu du vase de Bès. Le Peganum harmala se distingue en premier lieu. Originaire du bassin méditerranéen, du Proche-Orient et d'une partie de l'Asie, cette plante possède des graines produisant des alcaloïdes harmine et harmaline en grande quantité, "qui induisent des visions oniriques", notent les chercheurs dans leur étude. Elles concentrent aussi (en plus faible quantité) de l'alcaloïde vasicine, qui à certaines doses, peut "faciliter l'accouchement ou provoquer l'avortement", ajoutent-ils.

Si l'utilisation de la rue de Syrie n'est pas encore attestée dans les textes hiéroglyphes qui sont parvenus jusqu'à nous, la plus ancienne preuve de son emploi remonte à la période prédynastique égyptienne, avec la découverte de graines datées de 3700-3500 av. J.-C.

Ses noms de "bȇsa" dans les papyri médicaux grecs et "bȇsasa" dans l'Égypte moderne seraient par ailleurs, d'après les auteurs du rapport, attribués à celui de Bès, en faisant "la plante de Bès".

Plus tard, durant les périodes gréco-romaines, les écrits d'Ammien Marcellin (~330-395) mentionnent des pratiques dans lesquelles des consultants dormaient dans les chambres de Bès — des pièces décorées de figure de la divinité excavées à Saqqarah — afin de faire des rêves prophétiques. Des centaines de graffitis en langue grecque, retrouvés gravés sur le temple funéraire de Séthi Ier à Abydos (Haute Égypte), désignent aussi le dieu comme le "donneur d'oracles", "le donneur de rêves". L'emploi du harmal pour ses effets serait ainsi cohérent dans le cadre de pratiques liées à Bès.

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D'autres plantes considérées comme psychoactives

Les traces d'une autre plante psychoactive, qui peut également être liée à la divinité par diverses preuves archéologiques, ont été retrouvées dans le récipient du Musée d'art de Tampa : le Nymphaea caerulea, le nénuphar bleu ou plus "improprement" appelé lotus bleu d'Égypte.

Plusieurs espèces de nénuphars sont connues pour leurs propriétés "narcotiques et sédatives", et ont été traditionnellement consommées dans diverses régions d'Afrique et d'Asie — en Égypte, l'utilisation de leurs fruits, graines et rhizomes est attestée pour produire de la farine dès la période gréco-romaine (après 30 av. J.-C.). Or, comme le soulignent les spécialistes, au moins douze figurines de Bès émergeant d'une fleur de nénuphar bleu ont été décelées par les archéologues. Cette "analyse biochimique a renforcé cette association" entre cette plante et le dieu.

Derniers végétaux des plus intéressants cachés dans la mixture, les Cleome. Parmi les dix espèces indigènes connues en Égypte, découvertes dans tout le pays de l'époque prédynastique (vers 3300-3150) à l'époque copte (à partir de 43 apr. J.-C. environ), deux y sont bien présentes : la Cleome gynandra (ou Gynandropsis gynandra) et Camellia chrysantha.

La plus significative est la première, car elle a largement été utilisée sur le continent à des fins médicinales, pour des caractéristiques similaires à celles de Peganum harmala : ses racines fraîches consommées par voie orale permettaient (selon la quantité) de faciliter le travail, quand ses feuilles servaient d'abortif — pour rappel, Bès était (entre autres) considéré comme le dieu de la grossesse.

    En combinant toutes ces données, nous pouvons conclure que les plantes Peganum harmala et Nymphaea caerulea ont été délibérément utilisées comme sources de substances psychoactives à des fins rituelles.

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Des pratiques courantes dans le culte lié au dieu Bès ?

Par ailleurs, en plus de révéler la présence de liquide à base de fruits fermentés (peut-être dérivés du raisin) et d'autres ingrédients (miel, gelée royale, blé tendre, graines de sésame, levures de fermentation…) dans le mélange, les analyses ont montré que les personnes qui en ont été à l'origine y ont également ajouté délibérément leurs propres fluides corporels. "Les analyses protéomiques ont indiqué une forte présence de protéines humaines (non classées comme contaminantes, ndlr) dans le résidu", qui comprennent "les liquides comme le lait maternel, les sécrétions muqueuses (orales ou vaginales) et le sang", écrivent les scientifiques à l'origine de ces récentes recherches.


"En conclusion [...] il serait possible de déduire que ce vase a été utilisé pour une sorte de rituel de reconstitution de ce qui s'est passé lors d'un événement significatif du mythe égyptien", expliquent-ils.

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Toutefois, les historiens ignorent encore beaucoup de choses sur la religion des anciens Égyptiens, et le culte de Bès n'est pas épargné. Des figures du dieu ont été retrouvées des frontières de l'Égypte jusqu'au nord de la Syrie et en Crète minoenne, sur des sites archéologiques parfois plus anciens que le récipient ici étudié. Ils savent aussi que s'il n'était pas vénéré au même titre qu'un Osiris ou un Thot — il n'avait pas de temple ni de culte officiel — il a longtemps été honoré au quotidien dans les foyers égyptiens pour sa nature protectrice, ses talents de guerrier repoussant le mal.

"Le personnage de Bès étant vénéré comme un génie protecteur, on peut supposer que le liquide bu dans ces tasses était considéré comme bienfaisant", en concluent ainsi les chercheurs. Mais la consommation de liquides hallucinogènes faisait-elle partie des pratiques courantes réalisées dans le cadre du culte de Bès ? Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour découvrir à quel point la recette du curieux récipient a pu être employée, en Égypte comme ailleurs.

    Étendre l'étude chimique d'échantillonnage à d'autres exemples de vases Bès similaires et contemporains devient à ce stade essentiel pour déterminer si la preuve discutée ici était un événement rare ou unique, ou une pratique répandue au moins pour la période ptolémaïque.

source: https://www.geo.fr/histoire/anciens-egy … bes-215037

moi qui est toujours voulue savoir ce qu'ils prenais.
 

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