[ Interaction & Mélange ]

De l'échec de la méthadone au sevrage dégressif

Bonjour,

Cela fait maintenant une dizaine de jours que je pense à partager mon expérience avec la méthadone, le CSAPA, la raison de l'échec du TSO et les raisons qui m'ont poussé à me rediriger vers un sevrage dégressif.

Avant toutes choses, je tiens à préciser que ce n'est qu'un retour d'expérience parmis d'autres et non une vérité générale ni une méthode applicable à tous et à toutes, nous sommes tous différents, avons une sensibilité qui nous est propre, un rapport à ces produits particulier. Je ne suis qu'un usager d'opiacés et je n'ai pas la prétention de détenir LA méthode pour se sortir d'une telle addiction (on parle ici d'une addiction aux opiacés, que ce soit de la codéine/tramadol ou bien skenan/oxycodone et autres joyeusetés).

Pour le contexte, je suis étudiant, j'ai changé de filière après avoir étudié la médecine et la pharmacie, je nourris une grande curiosité pour la chimie organique, la pharmacologie, la biologie cellulaire et j'en passe... J'aurai bientôt 30 ans d'ici peu et consomme depuis 12 ans des opiacés du fait de douleurs causées par différents traitements pour traiter mon cancer du sang (je vous laisse imaginer lequel, je ne souhaite pas tant donner de détails).
Je vais passer sous silence beaucoup de choses, ces évènements là feront l'objet d'autres posts si j'ai de bons retours à ce sujet.

J'ai décidé de consulter un CSAPA il y a maintenant un an et j'ai eu la chance de tomber sur une addictologue géniale, elle m'a proposé un TSO mais l'idée me rebutait et j'ai longtemps refusé. Je n'ai changé d'avis qu'une fois à bout de souffle il y a maintenant plusieurs mois, et, avec délivrance au CSAPA.
Après le test de dépistage à des fins médico-légales, on m'a remis les premiers flacons de méthadone, j'ai fait le choix, du fait de mes douleurs, de diviser les prises au cours de la journée. J'ai également pris cette décision car la méthadone me faisait vraiment piquer du nez au début. J'avais lu bien des choses concernant la "lune de miel" ressentie par les personnes sous TSO lors de l'entame de ce traitement, ca n'a guère été le cas chez moi ; du début à la fin celle-ci a été une réelle déception, j'ai certes l'espace de quelques semaines pensé avoir trouvé une stabilité mais je me trompais.
La délivrance toutes les semaines au CSAPA était un réel poids pour moi, avant la délivrance j'avais un entretien avec une infirmière qui m'était profondément antipathique et dont les échanges ressemblaient plus à un interrogatoire d'un OPJ que d'un réel intérêt pour ma personne. C'était froid, sans empathie, uniquement pour respecter la procédure de délivrance. Pour tout vous dire je préferais largement aller au SPIP voir mon agent de probation lors d'une condamnation pour violences que de voir cette femme, avec mon agent de probation une fois les tracas administratifs en lien avec ma mise à l'épreuve, nous avions des discussions variées et intéressantes.
L'inverse de cette infirmière, ni intéressante, ni intéressée.
Outre cette considération là, malgré différents essais concernant la répartition quotidienne des prises de méthadone, je ne ressentais pas la moindre antalgie, les cravings étaient toujours présents et j'ai, à plusieurs reprises, été en rupture de traitement, ce qui me mettait dans un état lamentable.
En plus de toutes ces considérations (absence d'antalgie, délivrance prenante, effet de la méthadone sur la sérotonine non souhaité, trop de cravings....) l'équipe du CSAPA ne souhaitait pas augmenter mon dosage, initié à 40mg et n'ayant jamais dépassé 60mg pour des raisons légitimes, mais je n'étais pas satisfait. De plus, l'idée de me trimballer un tel traitement dont je suis dépendant au jour près pendant des mois voire des années était incompatible avec ma vision des choses.

C'est ainsi que j'ai profité d'une rupture involontaire de mon TSO pour m'en libérer et commencer un sevrage dégressif, mon souhait étant à terme de respecter une posologie normale d'un antalgique prescrit pour mes douleurs qui me sont insupportables (le prix de la guérison selon certains onco-hémato).
Je suis passé en trois semaines d'une consommation quotidienne de 600mg de morphine à 60mg par jour, les cravings étaient importants au début mais se font désormais de moins en moins nombreux et moins intenses, plus courts. La première semaine a été un cauchemar mais je suis vraiment déterminé et je n'ai jamais cédé ni ne me suis permis d'extra un jour.
A ce jour, je ressens toujours les effets de cette diminution rapide ; agressivité et irritabilité accrues, idées noires, sentiment de deuil et j'en passe mais je tiens bon.

Mon addictologue m'avait proposé de switch pour le subutex mais pour les raisons évoquées ci-dessus je ne souhaite guère être sous TSO.
Par ailleurs je tiens tout particulièrement à la remercier dans ce message pour sa bienveillance, son écoute, son soutien et son empathie.

J'espère que mon propos n'est pas trop décousu, j'aurais pu dire bien des choses, que ce soit concernant mon parcours ou bien les dernières semaines mais le post est déjà assez long comme ça et je souhaite faire passer un message ; il n'est jamais trop tard pour s'en sortir et entamer une démarche afin de reprendre le dessus sur l'addiction, il faut toujours garder espoir, croire en ses capacités.

Merci à ceux qui auront lu l'intégralité de ce post,
Pensées et courage à tous les usagers qui connaissent des difficultés,

Vincristine.