Salut à tous, je viens à peine de m’inscrire sur PA, sûrement à la recherche de réponses, ou peut-être juste d’aide. À vrai dire, je n’en sais rien ; je n’ai pas non plus l’explication de pourquoi je m’apprête à vous raconter tout ça, mais je n’ai rien à perdre finalement.
Cela fait quelques mois que je consomme de la K tous les jours.
J’ai découvert ça de façon absurde ; j’ai toujours cherché à être « défoncée ». À 13 ans, j’étais déjà addict à la
codéine et au
tramadol ; j’ai tout arrêté après une overdose qui m’a coûté de nombreuses choses.
J’ai ensuite été internée à l’hôpital psychiatrique pour mineurs, où les psychiatres m’ont littéralement abattue de toutes les manières possibles : des surdosages,
rispéridone 1 mg le matin et 2 mg le soir,
aripiprazole et un autre traitement aussi lourd que les autres (je ne me souviens plus du nom), de la maltraitance physique, mentale… Bref, à seulement 14 ans, j’étais déjà en fin de vie. Je suis finalement sortie de cet hôpital après trois mois de calvaire, et j’ai continué à prendre ces choses pendant à peu près un an et demi. S’en est suivie une consommation excessive de
cannabis pendant un an, puis un jour j’ai rencontré quelqu’un qui, lui, avait la possibilité de me faire entrer dans le monde de la « dure ». Honnêtement, si ça n’avait pas été lui, ça aurait été quelqu’un d’autre, mais peu importe puisque j’ai fini par plonger.
J’ai commencé par des
taz en soirée ; ça n’a rien donné, sûrement à cause de tous mes traitements psy ; j’avais une tolérance assez forte. Pour un
taz de 280 mg, il m’en fallait deux entiers pour commencer à ressentir quelque chose de correct.
S’en est suivi du L. Je n’en ai pris qu’une seule fois, mais c’était fabuleux ; il n’y a aucun mot pour décrire le sentiment de bonheur, d’extase et de plénitude que j’ai ressenti cette nuit-là. La redescente a été tellement puissante que j’ai tout coupé sur un coup de tête : mes études, le peu d’amis qu’il me restait, ma mère… enfin bref. Je me suis souvent demandé après ça : comment puis-je continuer ma vie après avoir vu des choses si incroyables ? Le monde était fade et sans couleur ; je n’y voyais plus aucun but.
Suite à ça, j’ai décidé, en compagnie de mon copain — celui avec qui j’avais tout commencé — de partir sur de la
kétamine. J’étais terrifiée à l’idée de prendre une trace ; l’idée même de devoir faire le geste me donnait envie de vomir et me provoquait un dégoût intense envers moi-même. Mais j’ai quand même fini par le faire. On a directement commencé par acheter 100 € de K pour 5 g de « sugar », déjà émiettée (la moins chère de toutes).
Je pense sincèrement qu’à partir du jour où cette substance a traversé mon corps, j’ai signé mon arrêt de mort. Quand on a vu le sachet, on s’est dit qu’il allait nous durer très longtemps, mais en à peine deux semaines, on avait déjà tout terminé. On s’est donc empressé d’aller en racheter, sans pour autant avoir l’argent pour payer notre loyer et nos courses. On a donc encore dépensé 100 € pour 5 g, mais cette fois-ci c’était de la « needle » : elle était beaucoup moins émiettée, on pouvait voir des sortes de petits cristaux de quelques millimètres. Pour information, on n’a jamais pesé nos traces ; on faisait à vue d’œil. Je sais, c’est extrêmement idiot.
La needle était meilleure ; elle m’envoyait plus loin encore. J’arrivais à faire ce qu’on appelle le
K-hole à peu près à chaque prise. On consommait toute la soirée jusqu’à être épuisés et s’endormir d’épuisement, puis le matin c’était déjà reparti.
J’étais littéralement accro, je trouvais ça formidable ; j’avais trouvé LA drogue qui me correspondait le mieux.
Pour mon copain, c’était différent : il était plutôt indifférent ; lui préférait le L et toutes les drogues hallucinogènes.
On a ensuite rapidement fini les 5 g, malgré le fait que je consommais plus que lui. Puis une offre est apparue : 20 g de needle pour 200 €. Pour moi, c’était l’offre de l’année, il fallait absolument sauter sur l’occasion !
On a donc acheté 200 € de K, même si en contrepartie on n’avait rien dans notre frigo. À partir de là, ça a été une explosion : je ne m’arrêtais plus, j’étais en craquage total. Plus j’en prenais, plus j’adorais, et plus j’adorais, plus je devenais résistante à la substance. Il m’en fallait toujours plus. La seule barrière entre l’injection de K et moi, c’était le fait que je ne savais pas comment faire. Mais je savais aussi que je pouvais apprendre très facilement grâce à mes études en bio, physiopathologie et en sciences de la santé humaine.
Un jour, lui et moi avons été invités à une soirée, et nous avions ramené à peu près 4 g de K. À cette soirée, il y avait du choix : de l’alcool, du
cannabis, de la
MDMA, des
taz et bien sûr de la
ké.
J’ai tout pris, sans pour autant mourir d’une OD. Est-ce que c’était ce que je voulais inconsciemment ? Je n’en sais absolument rien ; tout ce que je sais, c’est qu’en voyant mon copain, la personne que j’aime, dans un état pitoyable — il était réellement misérable, je n’exagère rien —, j’ai eu le déclic… pas pour moi, pas pour les autres, mais pour lui. Après ça, on s’est promis d’arrêter pour toujours.
Et depuis, ma vie tourne en rond, comme auparavant. Je ressens cette sensation de mort imminente, la sensation de ne pas ou de ne plus être à ma place ; mes nuits sont des cauchemars, je ne rêve plus. Soit je ne dors pas, soit je cauchemarde au point de ne plus pouvoir respirer, comme si le monde voulait me faire comprendre que plus jamais je ne pourrais me reposer.
Est-ce que tout ça est dû au
sevrage de la
kétamine ? Mais ce serait étrange, car j’ai toujours plus ou moins ressenti ça ; c’est d’ailleurs pour ça que je me suis enfermée dans les drogues.
Pensez-vous que je vais plonger dans quelque chose de plus fort ? Ou est-ce définitivement terminé ? Est-ce que vous aussi avez l’impression de n’avoir rien à apporter dans ce monde ? Que tout a déjà été créé et qu’il n’y a plus rien à recréer ?
J’ai toujours eu l’impression de perdre la tête, et je me demande juste si la K n’a pas accéléré le processus.
Je vois ma psychologue et ma psychiatre toutes les deux semaines sans faute. Aussi loin que je puisse m’en souvenir, j’ai toujours été sous traitement psychologique ; j’ai toujours eu des psys, et cela n’a jamais rien donné.
Je sais que vous n’avez pas de solution miracle et que je n’aurai peut-être aucune réponse à ce post, mais de me voir l’écrire, ça me fait réaliser que rien ne change jamais ; tout est un éternel recommencement pour moi.
Je ne pense pas être pessimiste ; je pense avoir la tête sur les épaules, mais je pense aussi avoir perdu le fil, et je ne sais plus quoi faire aujourd’hui.
Je n’ai plus d’argent, plus aucune sorte de drogue, mis à part des médicaments de catégorie 3 que je ne prends pas pour l’instant. Merci à toutes les personnes qui m’auront lue jusqu’au bout ; c’était plutôt long. J’aurais tellement de choses à dire encore… Les gens m’ont l’air respectueux ici, alors j’ai encore un peu d’espoir. Merci à vous.
À bientôt, :)
Julie