[ Addiction ]

Problème d’addiction

Ecaille69 a écrit

Bonsoir

salut à toi

Ecaille69 a écrit

peur de perdre les gens que j’aime à cause de ce produit de merde ou même peur de changer de par l’obsession que j’ai pour ce produit. Je n’ai pour le moment pas de comportement bizarre vis à vis des autres mais de par des contres exemples peur de finir mal, vraiment

en fait, j'ai du mal à bien te comprendre. qu'est ce qui pourrait te faire perdre des gens, qu'est ce que tu entends par cela? tu parles de contre-exemples, qui auraient des comportements bizarres mais que toi tu n'as pas. en quoi te font -ils peur?

pour prolonger la réponse très claire de MM (<3), en tant que personnes utilisant des drogues on vit pleins de choses liées à la stigmatisation. Les drogues et les personnes qui les utilisent sont très stigmatisées dans notre société. C'est-à-dire que la norme dominante réprouve leur usage c'est-a-dire le juge négativement, et le condamne sur le plan moral et pénal. Cette stigmatisation prend la forme de pleins de stéréotypes négatifs sur les drogues et ceux qui les consomment. Globalement ces stéréotypes négatifs nous apprennent que les drogués ne sont pas fiables, n'ont pas de parole, sont des manipulateurs, des voleurs, gouvernés uniquement par leurs pulsions, qui font forcément du mal à leur entourage, qu'ils ont commis une faute dont ils sont coupable, qu'il est normal qu'on leur fasse "payer" cette faute, que c'est des malades qui ne peuvent/veulent pas totalement "guérir", que consommer des drogues est un vice, que ne pas vouloir être abstinent c'est être dans le déni, qu'arrêter c'est une question de volonté uniquement, qu'il est normal de les exclure pour ne pas qu'ils "contaminent" d'autres personnes, que quand on expérimente une drogue forcément on va devenir dépendant, etc. Tous ces stéréotypes, et bien d'autres, on les a appris, tout le long de notre vie. Ils sont bien ancrés en nous, on les connait. Et on peut se retrouver, malgré soi, à y croire à tous ces stéréotypes de merde, ca s'appelle l'autostigmatisation. on y croit parce que c'est ce que dit le plus grand nombre. on y croit parce que on a vu des exemples de personnes qui consomment et nous confirment certains stéréotypes. on y croit parce que on croit que c'est la médecine, la "science", qui nous dit ça. Et le fait d'y croire, malgré nous même parfois, ca a tendance à faire que ces stéréotypes s'accomplissent vraiment, qu'ils adviennent. En bref, on devient aussi ce qu'on croit qu'on a à devenir....

...Alors que tous ces stéréotypes, ce ne sont pas des vérités. Et même si ils s'enracinent dans des traits parfois en partie réels, le fait de dire qu'ils sont l'unique vérité valable en permanence n'est pas vrai du tout, tout comme de faire croire que tout ce qui arrive aux personnes qui consomment est du aux consos.. Ils sont là pour condamner, exclure, marginaliser, voire faire payer, les personnes qui consomment. En fait, on est pas obligé de devenir ou d'agir comme ces stéréotypes. Il existe d'autres manières de se penser. je crois moi que tes consos ne font pas ta valeur. C'est pas parce qu'on consomme qu'on vole forcement, je connais pleins d'autres consommateurs qui n'ont jamais été voleurs. C'est pas parce qu'on consomme que ce serait normal si on se sent coupable ou minable. On a le droit légitime de ne pas se sentir coupable de nos consos, d'en être satisfait, d'y trouver des bénéfices. On peut développer des autocontrôles. on peut aussi se penser dans des situations de consommation satisfaisantes quand bien même on est dépendant; c'est d'ailleurs mon cas. On peut se construire d'autres trajectoires que celle stéréotypée de déchéance prophétique, en se pensant différemment, en pensant nos usages autrement, et aussi en luttant contre la prohibition et la stigmatisation comme sur PA. Car c'est bien la prohibition et la condamnation morale des drogues et de ceux qui les consomment qui créée ce qu'on vit en tant que consommateur avant toute chose, souvent au delà des propriétés pharmacologiques de ce qu'on consomme, c'est ce qui fait aussi notre réalité, la matérialité de nos expériences. La stigmatisation et l'autostigmatisation vont de cette façon avoir tendance à sculpter nos expériences et parcours de consommation pour qu'ils deviennent tels que les stéréotypes négatifs qu'on a appris les décrivent. Alors que ce phénomène, on peut y résister. On peut se concevoir en tant que personnes consommant des drogues autrement, et concevoir et vivre autrement nos utilisations des drogues.

Quelqu'un (<3) a écrit il y a longtemps sur ce forum: "Accordons nous le droit d'être des gens biens". Je crois que cette petite phrase, qui a quelque part au moins un peu changé ma vie, on doit l'entendre aussi bien individuellement que collectivement. Alors je te l'adresse à toi aussi cette phrase:

A mon humble avis, accordes toi déjà le droit d'être quelqu'un de bien.

J'espère de tout cœur que tu trouveras un chemin vers un moment ou tu seras moins effrayé, de la façon que tu voudras.

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Dernière modification par Plotchiplocth (19 novembre 2024 à  16:14)