Salut l’ami,
Dit donc ça fait un moment que j’ai pas écris sur PA. Bon, faut dire que je traverse pas la meilleure période de ma vie en ce moment, chose dont j’ai conscience mais bon, c’est le cycle infernal hein ^^
Enfin, faute d’écrire, je lis régulièrement les différents posts et faut dire que tu sais me parler, grand amateur de pharmacologie.
Alors dans les faits oui c’est exact. D’ailleurs, je peut te donner un exemple concret.
En médecine vétérinaire, on adore utiliser des
opioides, pour leurs pouvoir analgésique et calmant/relaxant.
Alors qui d’entres-nous s’intéressent à la médecine vétérinaire et aux méthodes d’induction d’une analgésie/sédation ?
Pas grand monde certes, mais pourtant vous le connaissez tous. Un
opioide dérivé du
fentanyl, la bête noire des médias, dont 1mg pouvant faire des centaines de milliers de mort, et ayant une puissance de 10.000 fois celle de la
morphine ? Le Carfentanil !
Mais ce n’est pas le plus puissant, la médaille revient au Ohmecarfentanil, dont la puissance équivaut 30.000 fois celle de la
morphine (« . » = séparateur de millier)
À part quelques dérivés du
fentanyl (alfentanil, sufentanil et remifentanyl) ainsi que lui-même, on ne les utilises pas en médecine humaine.
Or, en médecine vétérinaire, chez les animaux volumineux, il faut utiliser des énormes doses d’opioides classiques pour réussir à obtenir un effet.
Soit on donne à l’animal un bolus énorme de
morphine, mais on ne contrôle pas forcément le résultat.
Soit on donne un
opioide plus puissant, très puissant : le Carfentanil.
Et là je suis entrain de t’ennuyer mais tu vas voir que tout fait sens.
En fait, on a régler un problème de pharmacopée mais chez l’humain comme chez l’animal, les risques associés à un surdosage existent et peuvent survenir.
Ici, on utilise des
opioides ayant une immense affinité pour les récepteurs mu et à des doses largement mortelle, même chez le plus aguerri d’entre-nous.
Et dans cette situation, on ne connaît pas d’antagonistes utilisés en médecine humaine capable d’inverser leurs effets, même la
naloxone.
Alors comment on fait ?
Dans les années 80, les recherches sur la
buprenorphine ont conduit au développement d’agonistes-partiels, basé sur le modèle de ce dernier. Et en particulier un : la Diprénorphine.
Et il me semble que ce soit le seul antidote à ce jour connu pour des intoxications de cette configuration.
Quand j’avais découvert ça je me suis dis mais s’il est capable de bloquer les effets des fentaniloides, pourquoi on l’utilise pas ??
Le profil pharmacologique de la diprenorphine, semblable à celui de la
buprenorphine, est cependant très particulier, notamment une très forte affinité pour le récepteur mu.
Et surprenant, mais si on donne de la diprenorphine à un patient, même sous l’influence d’opioide, il exercera son rôle d’agoniste-partiel, en déplaçant l’opioide de son site de fixation, et même plus, prendra sa place et se comportera comme un agoniste complet. Et la, c’est le décès assuré !
Mais chez les animaux volumineux, les doses d’agonistes-partiels et d’agonistes pures sont suffisamment « équilibrés » pour que la diprenorphine déplace l’agoniste de son site de fixation mais sans pouvoir être activer le récepteur.
Donc ça existe ! Mais est-ce que ce modèle est compatible chez l’homme, avec la
buprenorphine ?
1) L’impossibilité de doser correctement
Tu ne peux pas savoir combien de
buprenorphine est nécessaire pour réussir à sortir la victime du surdosage, là où une faible dose de
naloxone provoquera généralement une réponse orientera le diagnostic.
J’en viens ainsi au deuxième point le plus important !
2) La perte du diagnostic différentiel
La
naloxone est sélective du récepteur mu et peut donc être associée utilisée sur un patient en état de perte de connaissance sans risquée d’aggraver son état.
Si son état est causée par un
opioide, il se réveillera.
Sinon, la
naloxone n’aura aucune action.
3) Le manque précipité
Nombreux sont ceux qui ont expérimenté la
buprenorphine sans avoir aucun signe de
sevrages ou alors il étaient insuffisant.
Et je penses qu’il ne reproduirons plus cette erreur.
Avec la
naloxone, tu peux jauger la doses pour obtenir soit un réveil complet (par un bolus) mais bon, si le patient est dépendant, c’est parti pour 24h de torture.
Mais, administré petit à petit, on récupérer une ventilation autonome (> 10 cycles/mn) sans provoquer un syndrome de
sevrage !
En fonction des pays, on aura différents objectifs. Par exemple aux US, les kits de
naloxone contiennent des doses assez…impressionnantes !
Kloxxado par exemple, un spray nasal, contient une dose de 8mg de
Naloxone !
Contrairement en France ou Nyxoide contient 2mg (présentation en double sprays donc 4mg par boîte) et Prenoxad, kit d’injection IM, contient une seringue pré-remplie de 2ml à un dosage de 0,91mg/ml (donc 1,82mg au total).
Mais les préoccupations ne sont pas les mêmes.
Les surdosages aux US concernent souvent des dérivés du
fentanyl, plus puissant et surtout plus difficile à traiter.
Tout ça pour dire que c’est pas forcément l’idée du siècle si tu fait un surdosage et qu’obtenir de la
naloxone, disponible en
CAARUD,
CSAPA et en pharmacie sont plus approprié.
Aussi, si tu veux switch
méthadone à
buprenorphine, attends d’être bien en manque avant d’en prendre. La
méthadone a une longue durée d’action, jusqu’à plusieurs jours.
Prends soin de toi l’ami,
Cyp’
Dernière modification par Cypion (13 février 2025 à 23:19)