Bonjour à tous et à toutes ! C’est la première fois que je poste quelque chose ici honnêtement, à la
base je suis plus à me renseigner sur des forums faits par autrui. Mais il y a peu j’ai écrit quelque chose qui a été dur à remettre sur la table, je suis abstinent à l’héroïne depuis mi-novembre 2024, je n’ai eu qu’un mois et demi de conso avec cette substance, mais assez que pour subir l’enfer durant le
sevrage.
Je partage ici un texte sur mon expérience avec cette drogue, je me dis que cela pourrait renseigner sur les effets procurés, mais aussi sur quelques complications pour le
sevrage.
Merci à vous d’avance de partager une attention à ce texte, il est important pour moi et m’a permit de me libérer d’un poids, une façon de diminuer ma honte de cette conso, et de mieux l’accepter ! :))))
Héroïne…
Je n’ai jamais vraiment écrit sur ma première fois à l’intraveineuse…
Pour être honnête, j’avais ce projet depuis mes 17 ans. Je fantasmais à l’idée de me sentir comme une rock-star, et vous trouverez ça morbide, … Mais, mon intention était d’atteindre un jour l’overdose, comme si, je devais mourir pour sentir que j’étais bien en vie. Bref, l’envie d’un jeune mal dans sa peau depuis l’enfance, qui découvre les substances. C’était banal pour moi au fur et à mesures des années. Mais début octobre 2024, je ne m’attendais pas à ce que ma vie prenne cette tournure…
Ce n’était pas la première fois que j’en achetais…
A vrai dire, c’était la deuxième. Putain quel genre de fils j’étais ! … J’avais dit à mon père que je voulais m’acheter un peu d’herbe, rien de méchant ; donc, il m’a conduit au point de transaction. Bien sûr : « Ne jamais faire confiance à un drogué non abstinent ». Je me suis installé sur un banc plus loin, à un endroit où mon père ne verrait rien. Le dealer est arrivé, on a commencé à discuter pendant qu’il sortait le matos, la balance, et le papier pour emballer. Auparavant, il m’avait dit : « D’ailleurs j’ai quelque chose pour toi !». Je me suis demandé ce que c’était, et ce fourbe m’a sorti un Stérifix ; sachet fournit en pharmacie, contenant seringues, cups, filtres et eau stérils ; bref, tout ce qu’il fallait pour te faire ton meilleur shoot dans les meilleures conditions. Evidemment je n’ai pas su dire non ! Et, je reviens alors à la voiture de mon père, et lui montre un sachet d’herbe pris au préalable chez moi, tandis que dans mon sac, se cachait du matériel d’injection accompagné de douce
héroïne. Désolé papa…
La lune se lève au fur et à mesure que j’attends le moment propice, j’angoisse… En partie conscient de ce que je m’apprête à faire, mais… Une petite voix dans ma tête résonnait : « Fais-le ! », « Tu verras le bien fou que ça fait ! », « Tu ne peux pas t’arrêter, pas maintenant ! »… J’aurais voulu me fracasser le front sur le mur jusqu’à voir le salon de la voisine. Bref, le monde autour de moi s’éteint, pendant que les âmes se laissent au désir de Morphée, les étoiles se divisent en centaines de morceaux de soleil éparpillés, le toit de la ville est paisible et les secrets se désarment par le bruit du silence. Seul, face à l’immensité nocturne, j’ai cette si petite chose brune devant moi. Au début, je sniffe une dose, par sécurité, pour vérifier sa puissance. Effectivement elle est bonne, mais je n’ai toujours pas franchi la ligne…
La lueur de la lune traverse le bout de la fenêtre non-couvert par la tenture, une ambiance à la limite digne d’une scène finale de film dramatique, à l’histoire d’un jeune n’ayant que de simples souhaits à la
base : « Etre aimé et aimer en retour »…
Faute de réussite… Je suis béat sur ce lit, pendant que la ville dort, incroyable comme sensation. Lors d’un instant, le monde m’appartient… cette seringue est la rencontre la plus palpitante, à laquelle j’ai eu à faire face. Avec toutes mes précautions pour bien faire, je chauffe l’héroïne dans l’eau avec l’acide ascorbique, je me crois dans une série adorée par tous les passionnés de trigger en psychiatrie. La peur et la curiosité sont à leur apogée : « Je vais réellement m’injecter ça ? », « Putain si c’est coupé à d’la daube je risque quoi ? », « Melvin est-ce que tu réalises la chose telle qu’elle est ? »… J’en peux plus, je suis angoissé, mais cette petite force incontrôlable dirige ma main vers cette maudite seringue. Et… Ça y est … La drogue est dedans… !
« Bordel… ! », est la première chose qui me vient en tête… Il ne me restait plus qu’à faire le Nec Plus Ultra.
C’était déjà assez angoissant comme ça, l’idée de mal faire, l’idée d’une overdose, de se niquer une veine, puis même la chose elle-même l’était... Mais en plus de tout ça, je stressais à l’idée de me faire mal et qu’il y ait une grande marque. C’est assez technique quand on n’a pas l’habitude. Mais bref, je repère déjà la veine de mon avant-bras qui va perdre sa virginité ce soir. Je fais le garrot, prends la seringue et dirige l’aiguille vers ma veine… Mon cœur va exploser de stress…Je tremble tellement que je batterais Parkinson à un battle de break… Impossible de bien injecter l’aiguille… « Fais chier putain ! », c’est frustrant à mort… Alors, je dépose cette foutue seringue et j’attends … 5 minutes …10 minutes… Et,c’est reparti pour un tour. Je tremble encore, mais assez peu que pour savoir le faire, je ressers le garrot, vise cette petite veine à peine apparente, il me faut m’y prendre très bien car je n’ai pas de grosses veines… Stress de plus… Et je pique… PAF ! En plein dedans… ! Je vois l’aiguille bouger à l’intérieur, sous ma peau, c’est assez désagréable à voir, et mon cœur se met à battre à en s’expulser de mon organisme, mais bon l’aiguille est dedans… Cette fois c’est clair, pas de point de retour… !
Je ne pense même pas à desserrer mon garrot. Tout ce que j’ai en tête, est cette aiguille prête à m’injecter ma première dose d’héro en intraveineuse. Je pense faire une crise cardiaque à cause de mon cœur. Je regarde la seringue, fais la tirette… Il y a du sang… Donc, je suis bien dans la veine… Appuyer pour injecter… ! Et pour la première fois de ma vie, je me suis fait un shoote d’héroïne…
J’ai à peine le temps d’enlever le garrot, d’appuyer sur l’endroit piqué avec un tampon sec, que… En quelques secondes…Une explosion… ! Mon cœur n’a jamais aussi vite ralenti après une excitation. Je m’allonge sans trop faire attention à tout le matériel laissé à la vue de tous. C’est une vague de chaleur qui traverse tout le corps en commençant par le crâne, une légèreté comparable à une simple plume… Au départ, il y a le flash… Pendant une trentaine de secondes, tu planes à en défier l’apesanteur, tes pensées négatives disparaissent soudainement, tu plonges dans un rêve éveillé…Putain, la claque que ça me met !
100 milligrammes… La dose que je me suis injectée… Bordel, c’est d’une puissance, une défonce inimaginable, je suis mort perché, seul dans ma chambre, après le fameux flash… Je débarrasse mon lit de la seringue et de tout le tralala que j’avais utilisé. Mon corps s’étend comme si je subissais un écartèlement, mais sans souffrir, et je respire profondément en fermant les yeux. Dans ma tête, tout est calme… Fini les pensées qui se bousculent, la peur constante, l’angoisse, le mépris de soi… Toutes formes de culpabilité s’envolent …Cette chose efface, en moi, toutes douleurs possibles, physiques ou mentales… Je l’ai trouvé, ce PUTAIN de PARADIS ! C’est fabuleux… Je reste complètement fondu dans le lit, à ne rien faire, je regarde une vidéo “en pause”, mais j’en ai rien à battre. Je kiffe juste cette sensation de divinité qui copule avec mon être. Parfois j’effleure mon ventre du bout des doigts et … C’est comme un orgasme qui se répand dans tout mon corps… C’est dingue, que mon meilleur coup au lit, soit juste mes doigts qui frôlent mon ventre. J’suis sérieux, même ma meilleure partenaire, ne m’a pas fait autant kiffer !
Je suis bien resté deux heures à bloquer dans mon lit… Nan vraiment ! En général avec la
cocaïne, la
MDMA, la
kétamine, les autres drogues quoi... ; tu fais souvent quelque chose en même temps ou tu penses dans tous les sens, ou bien tu bloques parce que t’es trop arraché. Sérieux, avec l’héroïne, t’as besoin de rien, juste d’un endroit où t’assoir, où t’allonger, et cette merde fait tout le reste… !
Il me reste une dose… Alors, en étant le plus à l’aise possible, la défonce m’a enlevé toute crainte des aiguilles, dont je n’ai pas peur à la
base, mais c’est différent quand on le fait soi-même. Là, j’hésite pas à me refaire un fix… Je choisis de prendre une autre veine, et je tape dedans ! La tirette et… c’est bon… Je suis dans la veine ! J’ai shooté et je ne vous refais pas la scène encore une fois mais… Putain de bordel de merde ! Je plane en piquant du nez… Je ne sais pas exactement combien de temps… Je rêve éveillé… C’est incompréhensible… !Pourquoi se poser des questions au fond … ? Une raison ? Il n’y a pas de raison… On n’a pas besoinde raison quand on a l’héroïne.
Bref, la défonce est magique, et je finis par m’endormir de la manière la plus paisible…
Le lendemain, les problèmes se montrent, il ne faut pas te leurrer… ! Si un jour, tu as l’idée de tester cette MERDE, en inhalant ou en te l’injectant, peu importe,… Dès la première défonce, tu seras accro, je te le jure… ! Au réveil, les nausées commencent, ton corps éjecte cette chose, mais en même temps il en redemande ; tous tes organes partent en couilles parce que ton cerveau déconne, face à ce manque et ce rejet en même temps. Mais une fois que les nausées s’estompent, ton mental s’y met, tu te dis : « Putain c’était d’la bombe !», « J’arrive pas à croire ce que je viens de vivre !». Et tu vas, certains n’y croiront pas aussi vite, mais être en manque quelques temps après ton réveil. Tout le monde sait qu’un héroïnomane a les veines qui le démangent lorsqu’il est en manque ; mais merde, si vous saviez le calvaire que c’est… !Toute la journée, tu y repenses, c’est comme une sangsue qui te pourrit ton cerveau, tu as les mains moites à devoir te rhabiller et déshabiller sans arrêt, car tu passes de chaud à froid constamment, tes jambes sont comme du coton, ton nez coule, et il y a sans arrêt, cette petite voix… « Encore une fois… Juste une fois… !».
La nuit qui suit, c’est une torture… Après le paradis, je vis l’enfer toute la nuit… Impossible de dormir… Le peu de fois où j’y arrive, je me réveille en sursaut à cause de rêves sordides, à force de me retourner dans tous les sens, tellement je transpire…Les deux côtés de ma grande couette et chaque côté de mes quatre coussins sont trempés… Je passe d’une température corporelle brulant de l’intérieur à geler en claquant des dents… Ça varie toute la nuit… Je suis en détresse mentale totale… J’ai la sensation que je vais y rester… Je n’ai qu’une chose en tête comme remède : « Un putain de fix d’héroïne ! »
Aujourd’hui, le 12 mars 2025, je n’ai plus prit d’héroïne depuis mi-novembre 2024, la désintoxication est à s’en flinguer le crâne… Et encore, elle mettra des années, voir une demi-vie, avant de se conclure. Pour dire : la
cocaïne libère 80% en plus de
dopamine dans le cerveau, l’héroïne, elle, en libère 200% de plus… Ça fait peur hein ?! Je vais être honnête, si je n’étais pas entouré et surveillé, je serais peut-être déjà mort d’une overdose. Les excès, ça a toujours été ma
came, histoire de faire un jeu de mot. Les deux premières semaines du
sevrage, je ne savais même plus marcher, quand j’étais debout, on aurait dit un mec qui imitait un t-rex, avec les genoux encore plus pliés, je marchais jusqu’à la toilette, sur laquelle, je devais me reposer, avant de retourner à la chambre.
Et mentalement, putain… J’ai souffert… Je pense que mes voisins ont dû paniqué pas mal de fois à cause de mes hurlements… Hurler sur mes parents ?… Nan, juste de douleurs mentales et physiques. La douleur mentale, c’est la pire… On pense que le pire c’est le
sevrage physique, c’est connu qu’on peut en mourir, mais bordel, parfois j’aurai préféré crever que de subir toute cette violence psychologique. Je préfère revivre mes périodes de décompensation psychotique, que devoir refaire un nouveau
sevrage d’héroïne. Une fois que tu goûtes à ça, c’est comme une malédiction, c’est ancré en toi.
Je ne souhaite à personne, je dis bien personne, de souffrir à cause d’un
sevrage de cette merde.
Quatre mois d’abstinence à cette substance, et encore aujourd’hui, je pleure toutes les larmes de mon corps parce qu’elle me manque…