Un souvenir suspendu – Vang Vieng, Blue Lagoon 2 



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Le premier regard – Une silhouette mystérieuse dans un tuktuk

La première fois que je l’ai vue, c’était avant même le minibus, dans un tuktuk qui nous amenait vers la gare routière. Elle était assise à l’avant, légèrement recroquevillée dans son pull à capuche. Une silhouette mystérieuse, presque insaisissable. Je l’ai observée un instant sans trop savoir pourquoi elle m’intriguait autant. Peut-être était-ce son air concentré, ou ce léger voile d’isolement qu’elle dégageait, comme si elle était à la fois là et ailleurs. Je n’ai pas osé lui parler à ce moment-là.

Puis, dans le minibus vers Vang Vieng, nos chemins se sont réellement croisés. Nos places côte à côte, le voyage de plusieurs heures sur les routes cabossées du Laos. C’est là que la conversation s’est installée, naturellement, fluide, comme si nous étions faits pour échanger à ce moment précis. Petit à petit, son mystère s’effaçait pour laisser place à une personnalité sincère et vibrante, pleine d’histoires et de cette curiosité du monde qui me parlait tant.

Le message WhatsApp qui a tout changé

Le lendemain matin, l’envie de découvrir un Blue Lagoon me traverse l’esprit. Presque sans réfléchir, j’écris sur notre groupe WhatsApp :
« Je vais voir un Blue Lagoon aujourd’hui, quelqu’un est motivé ? »

À ma grande surprise, c’est elle qui répond la première. « Je suis partante ! »
Un simple message, mais qui réveille en moi une excitation discrète. On se donne rendez-vous vers midi trente dans le centre de Vang Vieng.

Un visage inexpressif, une étincelle en retard

J’arrive en scooter au point de rendez-vous. Je la vois au loin, elle est déjà là, debout près de son propre scooter. Pendant un instant, elle semble ne pas me remarquer, son visage est presque inexpressif.
Est-ce qu’elle est ailleurs ? Est-ce qu’elle hésite ?

Mais dès que nos regards se croisent, une étincelle apparaît dans ses yeux, comme si elle me reconnaissait enfin. Son sourire discret s’installe doucement, et je me rends compte que c’est juste le temps qu’il lui faut pour sortir de ses pensées et se reconnecter au moment présent.

On échange quelques mots rapides, on hésite une seconde sur le choix du lagon, mais très vite on tombe d’accord pour le Blue Lagoon 2 – plus calme, plus naturel, loin de la foule du Blue Lagoon 1.

Un regard, un hochement de tête, et nous voilà partis en scooter, direction l’inconnu.

La route vers le temps suspendu

Nous roulons l’un derrière l’autre. Le vent chaud, la poussière rouge des pistes, les rizières qui défilent… Peu à peu, je sens une sensation étrange s’installer : le temps commence à ralentir.

Je jette parfois un coup d’œil dans mon rétroviseur. Elle est là, concentrée sur la route, ses cheveux brun-roux flottant sous son casque. Nos regards se croisent parfois brièvement et je ressens un frisson d’excitation. Ce trajet a quelque chose de spécial, comme si nous étions en train de glisser doucement hors du monde réel.

Blue Lagoon 2 – Un décor irréel, une vision parfaite

Nous arrivons et coupons les moteurs. Le silence nous enveloppe aussitôt. Le lagon est là, devant nous, d’un bleu presque irréel. Il n’y a que quelques voyageurs épars, l’endroit respire la sérénité.

Nous trouvons un petit coin à l’ombre et déposons nos affaires. Puis, en quelques secondes, elle enlève son t-shirt et révèle son maillot de bain vert une pièce. Il lui va à merveille.

Le vert profond du tissu contraste avec sa peau très claire, presque lumineuse sous le soleil tamisé. Ses cheveux brun-roux effleurent ses épaules et je suis frappé par l’harmonie de ses couleurs naturelles, par la douceur de ses gestes lorsqu’elle attache ses cheveux en un mouvement rapide. Ses yeux, de la même teinte que ses cheveux, captent un instant la lumière avant qu’elle ne tourne son regard vers moi.

Et là, sans prévenir, le temps s’arrête complètement.

On s’assoit, les pieds dans l’eau, et on commence à échanger sur nos vies. Très vite, on réalise qu’on partage les mêmes passions : le ski, la montagne, ces moments précieux passés avec nos amis et nos familles. On évoque les souvenirs d’enfance, les jours de neige, la fatigue heureuse après une journée sur les pistes, et surtout ce rituel du chocolat chaud près du feu – celui qui fait du bien quand on est bien fatigué, entouré des siens.

Ce qui me marque profondément, c’est à quel point on se comprend instinctivement. Chaque anecdote racontée par l’un trouve un écho dans l’expérience de l’autre. Nos souvenirs sont presque les mêmes, comme s’ils avaient été vécus côte à côte, à des années d’écart, dans des endroits différents mais avec la même intensité.

C’est rare, cette sensation d’être face à quelqu’un qui vibre sur les mêmes choses que toi, sans même avoir besoin d’expliquer pourquoi.

Nous rions, nous nous souvenons, et nous savons déjà que cet échange restera gravé en nous.

Le retour vers Vang Vieng – Un dernier regard

En sortant de la grotte, le soleil commence à décliner. On redescend prudemment, les jambes encore un peu tremblantes de l’expérience souterraine.

On remonte sur nos scooters et reprend la route du retour. Cette fois, le silence est différent. Plus besoin de mots.

Je ressens un poids doux sur la poitrine, comme une sensation de plénitude teintée de mélancolie. On approche de Vang Vieng, la lumière dorée du crépuscule caresse les montagnes karstiques. C’est un moment hors du temps, suspendu entre la magie de la journée et l’inévitable retour à la réalité.

Quand on arrive aux abords de Vang Vieng, juste avant de rejoindre l’agitation de la ville, on ralentit et on s’arrête. C’est ici, à l’entrée de la ville, que le moment touche à sa fin.

On descend de nos scooters, on se regarde.

Pas besoin de discours. Juste un sourire sincère. Je lui dis que c’était incroyable.

Elle hoche la tête et sourit, ses yeux brillent un peu, comme les miens sûrement.

On se dit au revoir, puis on se sépare doucement, chacun rentrant de son côté.

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Épilogue – Un souvenir qui s’efface, mais ne disparaît jamais

Depuis plusieurs jours, j’y repense avec une immense gratitude.

C’est une des plus grosses claques émotionnelles que j’ai prises ces dernières années.

Et c’est pour ça que je l’écris aujourd’hui. Pour ne pas oublier.

Parce que certains moments méritent de rester gravés.

Parce que certains visages, même lorsqu’ils deviennent flous, ne s’effacent jamais complètement.

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Catégorie : Road trip - Hier à  11:12



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