Drogues. Les produits de synthèse continuent leur progression15 novembre 2012 à 14h04
L'Europe est confrontée à un nombre croissant de nouvelles drogues de synthèse, en poudre ou en comprimés, aussi variées que difficiles à identifier, et dont les effets à court et long termes sont inconnus, note l'Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT) dans son 17e rapport, rendu public ce jeudi..
Si le
cannabis et la
cocaïne restent respectivement les drogues illicites les plus consommées en Europe, -malgré une perte d'attractivité de la seconde-, elles se trouvent concurrencées par "un nombre croissant de drogues de synthèse", comme les "cathinones" (dont les effets imitent ceux de la
cocaïne) ou les cannabinoïdes.
Plus de 50 nouvelles substances détectées en un an
Au total, 49 nouvelles substances de synthèse ont été détectées en 2011 par le système d'alerte précoce européen (EWS) et déjà plus de 50 l'ont été en 2012. Entre 2005 et 2011, cela porte à 164 le nombre de substances détectées. "Elles arrivent par des biais différents, le marché noir, mais aussi la vente sur internet ou dans des commerces spécialisés dans certains pays", explique Frank Zobel, responsable de l'unité "Politique et évaluation" à l'OEDT.
D'après une étude de janvier 2012, 693 magasins en ligne commercialisent des substances psychoactives qu'ils présentent comme des "euphorisants légaux" (legal highs), mais qui contiennent souvent des substances interdites.
Cocaïne,
ecstasy ou drogues de synthèse, ces produits peuvent être considérés comme "interchangeables" par les consommateurs qui font leur choix en fonction de la disponibilité, du prix et de la qualité, note le rapport.
"Apprentis sorciers"
Mais "il est vraisemblable que l'immense majorité des usagers sont dans l'ignorance totale de ce qu'ils consomment et des conséquences sanitaires et juridiques de leur consommation". "On a affaire à des apprentis sorciers, qui appartiennent à des organisations criminelles ou qui tentent de développer un marché légal de substances psychoactives, mais qui vendent des produits dont ils ignorent la toxicité", insiste M. Zobel.
Les effets dévastateurs de la crise économique
L'OEDT s'inquiète également des "percées inquiétantes" du VIH chez les usagers de drogue par injection en Grèce (241 cas en 2011 contre 9 à 19 par an jusqu'en 2010) et en Roumanie (114 cas en 2011 contre 1 à 6 cas jusqu'en 2010), alors même qu'elle constate sur l'ensemble de l'Europe une baisse des injections de drogue et des nouveaux cas d'infection au VIH.
La crise économique semble en cause, analyse Frank Zobel, avec des toxicomanes qui adoptent plus de comportements à risques et des services de
réduction des risques en recul (traitements de
substitution, échanges de seringues, etc.). L'OEDT insiste sur la nécessité d'"identifier et de répondre aux défis d'un marché de la drogue toujours plus complexe et dynamique" au moment où une situation financière difficile entraîne dans certains pays "une limitation des ressources".
Héroïne en baisse, herbe en hausse
Le rapport souligne que l'
héroïne, même si elle est toujours responsable de la majorité des décès liés à la drogue en Europe, poursuit son déclin, avec moins de nouveaux consommateurs et un recul du nombre de saisies, qui semble traduire une baisse globale de l'offre. "Il se pourrait que l'Europe devienne à terme moins intéressante pour les trafiquants qu'elle ne l'a été par le passé", note Frank Zobel.
Enfin, l'OEDT rappelle l'évolution "majeure" du marché du
cannabis en Europe, marquée par l'augmentation de la production locale d'herbe, au détriment de l'importation de résine.
Source : Le Télégrame