Bonjour,
Désolée, c'est vrai que je n'ai pas pris le temps de parler des conditions médico-sociales dans lesquelles je suis, pourtant, ça a de l’importance.
Point de vue social, je ne travaille plus depuis que je consomme. Mon travail étant avec les enfants, j'ai moi-même fait le choix d'arrêter considérant que ce n'était pas bon pour eux d'avoir une toxicomane pour prof particulier. Et c'est une des grosses motivations pour arrêter, le travail avec les enfants me manque terriblement et je suis impatiente de pouvoir recommencer.
Niveau fréquentations, je n'ai jamais fréquenté assidument un milieu où la drogue est banale, j'ai un peu trainé avec des gens de la rue, mais ça a dure pas plus d'un an, je fréquentais plutôt le milieu anarchiste universitaire/intello. Mais j'ai quitté ma ville et là où je suis, je ne connais personne qui ait une consommation d'
opiacés.
D'autre part, point de vue logement, je suis restée quelques mois chez des amis, ne pouvant rester seule, mais là , il est temps, je pars dans 15 jours chercher un appart dans une ville qui me plaît. Une fois que j'aurais mon chez moi, je serai dans de meilleures conditions pour continuer mon
sevrage.
Du point de vus de l'encadrement, je suis suivie dans un CST depuis le début de ma diminution. Je suis arrivée là bas au mois de décembre, au moment où j’avais atteint le pire, et j'ai entamé un suivi avec médecin, psychologue et assistante sociale.
Je vois régulièrement l'assistante sociale. Je suis tout à fait capable de faire toutes mes démarches moi-même, mais avec mes troubles psy, je bloque souvent, donc les RDV réguliers m'aident à me cadrer. En plus, ces rendez-vous ont une vertu thérapeutique, je peux parler librement à cette AS, elle a environ mon âge, elle st très à l’écoute et sait donner de bons conseils. Bref, quand je la vois, ça me redonne la pèche et confiance en moi.
J'avoue ne plus aller voir le psy car il pratique la méthode analytique, et j'en ai assez soupé de cette méthode. Quand la seule chose qu’il a à me dire par rapport à mon deuil, c'est de passer à autre chose, c'est bien gentil, mais c'est pas très constructif. Je pense que la thérapie analytique est utile pour poser un diagnostic, pour faire ressortir des évènements traumatisants, ou pour les personnes à qui ça fait du bien de parler. Mais raconter ma vie à quelqu'un qui ne répond pas, ça ne m'apporte pas grand chose, si ce n'est de la frustration, je souhaite entamer une psychothérapie comportementale et cognitive depuis très longtemps. Malheureusement, les tarifs sont prohibitifs et rares sont les psychiatres (donc remboursés par la sécu) qui pratiquent ces thérapies. Mais, quelle chance, la ville où je vais m’installer compte plusieurs psychiatres qui font des TCC (j’avais vérifié ça avant de me décider pour cette ville).
Je vois de temps en temps le médecin de CST mais je sens depuis le début qu'il n'a pas confiance en moi, du coup, je n'ai pas confiance en lui. Pourtant, depuis que j'ai commencé la
morphine, j'ai toujours mis un point d'honneur à être honnête avec les personnes qui me soignent (et les autres tant qu'à faire). Il ne fait pas de prise en charge globale, c'est à dire qu'il ne veut pas entendre parler de mes problèmes psy, qui sont pourtant à l'origine de ma consommation de
Skénan ou de n'importe quoi d'autre que la baisse de la consommation du
Skénan. D’ailleurs, au départ, il voulait absolument me mettre sous
méthadone, quitte à ce que ce soit à vie, pensant que je n’arriverait pas à diminuer les doses (6 mois après, je suis bien contente qu'il ait eu tort). J'ai l'impression qu'il est plus un flic qu'un médecin, qui plus est, il est de l'école où plus on souffre, mieux c'est. En janvier, il m’avait dit de passer d' l'injection à la voie orale, à dose fixe et sans rien pour aider, j'ai trop souffert et j'ai abandonné, d'où ma peur de passer à la voir orale. De toute façon, vu la quantité que je shoote, ça ne me fait pas grand chose, juste un vague sensation de soulagement, à part quand je viens de baisser la dose depuis 2 jours et que je suis vraiment mal, là , ça me fait quelque chose, mais depuis 6 mois, ça du arriver 3 ou 4 fois et les sensations désagréables (démangeaisons) sont plus fortes que les sensations agréables.
Par contre, le CST, qui ne pouvait pas me prescrire le
Skénan, m'a donné le contact d'un généraliste en ville qui suit pas mal de tox. Et ce médecin est formidable, il est loin d'être là juste pour signer des ordonnances. J'ai fait une grosse erreur en postant ma question sur le protocole de
sevrage sans préciser que je comptais lui montrer et en parler avec lui. Lui fait une prise en charge globale. A chaque consultation, même juste pour un renouvellement, il m'examine, me questionne sur mon état physique et psychologique. Il m'a bien aidé à ajuster mon traitement pour la psychose, en enlevant les benzo et autres somnifères inutiles et en trouvant un antipsychotique qui me correspond et m'a permis de trouver un certain équilibre. J'ai eu précédemment un psychiatre qui me sur-médicamentait, là , je n'ai plus que l’antipsychotique et le Séresta et je m'en porte pas plus mal (c'est le moment de préciser que je n'ai jamais abusé des traitements qu'on me prescrit, j'obéis gentiment au médecins, voire j'évite de prendre le Séresta du matin sauf grosse difficulté à attendre l'heure de prendre le
Skénan) C 'est vraiment lui, plus que le CST, qui est la personne qui m'aide à gérer le
sevrage. Et il fait très bien office de psy aussi, je me suis toujours mieux sentie avec un généraliste qu'un psy. Chaque étape est discutée entre lui et moi, c'est même lui qui m’avait proposé de faire une pause quand j'étais à bout, complètement épuisée et incapable de faire autre chose que hurler ou pleurer. J'ai vraiment confiance en lui, et c'est réciproque, donc, entre lui et l'AS, je sais vers qui me tourner pour m'encadrer.
Sinon, quand je sens que je suis sur le point de craquer nerveusement, quand je suis au fond du trou, je vais au
CAARUD. Il y a une super équipe et je peux venir n'importe quand si j'ai besoin de parler ou juste de pleurer. Mais ces derniers temps, ça va, c'est pas trop pire, j'ai réussi à me stabiliser, même avec la diminution de la semaine dernière, à laquelle mon corps semble s'être ajusté maintenant.
Donc, pour répondre à la question de prescripteur, je crois que je suis bien encadrée avec tout ça. Et si j'ai tenu 6 mois, je peux encore tenir, mais 6 autres mois me semblent longs. Je précise qu'en 6 mois, j'ai tenu la diminution sans vraiment faire d'écart, de toute façon, je n'ai pas d'autre moyen de me procurer le
Skénan que par prescription de mon
doc (oui, je sais, je pourrais en trouver un autre, ou chercher des gens qui vendent, mais NON)
Et si je veux en arriver au bout, c'est aussi parce que je me connais, et ma maladie fonctionne par cycle. J'ai tendance à tomber dans la dépression avec la fin de l'été et les jours qui raccourcissent (c'est classique avec la psychose maniaco-dépressive). Du coup, j'ai peur que si je n'ai pas terminé tout ça avant l’automne, ce soit plus difficile. Le soleil m’avait beaucoup aidé dans mon premier
sevrage, passer des journées allongée au soleil, ça détend l'esprit et le corps.
Et pour ce qui est de prendre mon temps, ça commence déjà à être long et j'aimerais vraiment vivre des journées sans avoir l'obligation de tourner à la
morphine. Idéalement, j'aurais aimé en finir avec tout ça en juillet. C'est sûrement un peu tôt, mais 6 mois, c'est sûrement un peu tard, non? Ça ferait au total un an de
sevrage, c'est long...
Pour terminer et en revenir au protocole de
sevrage, j'ai vu sur ce forum que certains le faisaient avec pour dose de départ de
buprénorphine 8mg par jour, ce qui correspondrait grosso modo à 240 mg de
Skénan. Donc, prescripteur, quand tu me dis de descendre d'abord à 20 ou 30mg, c'est d'un point de vue purement physique ou c'est par rapport à ma situation perso et par peur que je ne suive pas niveau psychologique? Parce que c'est sur que les conseils apportés sur ce site sont plus qu'utiles, et franchement merci beaucoup (y compris pour la période où je n'étais pas inscrite mais où j'ai toujours trouvé des infos utiles et des témoignages qui aident à tenir le coup), mais pour vraiment évaluer la faisabilité d'un point de vue psychologique, il faudrait mieux me connaître et je pense que c'est mon
doc qui pourra m'aider à déterminer ça en fonction de ma situation perso. C'est ma faute, je n’avais pas parlé de encadrement que j'ai et je n’avais pas dit que je voulais discuter du protocole avec mon
doc. D'où l'incompréhension. Mais si tu maintiens ce que tu dis avec les éléments apportés par ce post, je te fais confiance et merci beaucoup (ça ne m'empêchera pas quand même d'en parler avec mon
doc).
Pardon pour la longueur du message, ça doit être plus clair maintenant pour vous.
Merci encore,
Au plaisir de vous lire,
A.