Bravo pour ce site merveilleux et très moderne. Je n'ai pas encore trouvé de lieux équivalents au forum. Vos articles sont de haut niveau. J'ai envie aujourd'hui de parler de moi. De me présenter. Je suis rarement sur internet alors je profite de mes vacances pour écrire un peu.
My nickname is Ziggy. 34 ans.
J'ai découvert l'
héroïne il y a 8 ans par hasard. Suite à mon divorce et mon exil sur planète fantôme, j'ai eu une période mentalement difficile.
Ma ptite vie : ma femme m'a trahi d'un coup de poignard dans le dos. Elle m'a trahi pour du sexe d'abord sans rien me dire et me mentant puis elle s'est fait la malle avec un de mes meilleurs amis. J'avais l'impression d'être dans la peau du pauvre George Harrison quand sa femme s'est barrée avec Clapton. Elle est partie avec ma fille, ça ça a été le plus dur pour moi. Bref, je vous passe les détails, ça déchire le coeur de se retrouver tout seul, de perdre d'un coup sa fille, sa femme et son pote. Visions de cauchemar, tout seul le soir devant la télé, plus aucun projet et je pensais tout le temps à ma fille se faisant border le soir par mon ex-meilleur pote devenu mon ennemi numéro un. Grosse embrouille. De la violence grave. Les flics. Rien de grave, juste une humiliation de plus. Malgré l'instabilité de ma femme, je n'ai pas eu la garde de ma fille. J'avais l'impression de vivre « mon fils ma bataille » de Balavoine !
Seul. J'ai commencé à traîner au bistrot, à picoller un peu, ce n'était pas la gloire. Puis voilà , j'ai décidé de tester la
came en
sniff et fumette uniquement. Ca m'a fait un bien fou et ça m'a aidé. En même temps j'ai perdu ma mère puis mon père. Sans la
came, je me serai flingué. Ensuite j'ai eu des problèmes d'addiction et ça a été cauchemar. J'ai failli perdre mon job que j'adore en trois ans, j'ai eu l'impression que la vie était finie pour moi. J'ai pensé au suicide tant de fois. Je ne suis pas croyant mais je connais les textes bibliques et j'ai eu l'impression de me retrouver dans Job, celui que Dieu a abandonné. Pourquoi un tel destin ? Dieu n'existe pas, c'est certain.
Ce destin, c'est le
subutex qui lui a permis de ne pas s'écraser en bas d'une falaise. Thérapie,
méthadone d'abord (l'enfer pour moi) et enfin changement de substitut vers
subutex (le calme). Il a fallu un peu de temps mais le sub a produit son action. Pour moi c'est un véritable antidépresseur. J'ai retrouvé une vie de couple sereine, un nouvel enfant, de beaux projets. Je me suis sevré et suis resté abstinent un temps. Puis quand ça allait bien j'ai repris de l'
héro par désir. Après une courte période
came, j'ai décidé de reprendre du
subutex. J'ai réarrété. Et repris.
Aujourd'hui je vis très bien ma
substitution, « trop bien » selon certains proches. J'ai décidé de cultiver mon jardin secret pour pas qu'on me prenne la tête. J'ai descendu mes doses et je ne me considère absolument pas toxicomane. Je prends du plaisir avec ce produit qui m'apporte un équilibre que la vie sans produit ne m'a jamais apporté. Je ne bois pas, je ne fume pas, je fais du sport et ne prend aucun cacheton (ni benzo, ni hypno ni rien). Le sub c'est mon ptit bouclier. J'ai choisi de rester comme je suis actuellement avec 1 mg de
subutex par jour. Je ne vois absolument pas pourquoi j'arreterai ce traitement qui fonctionne et m'apporte un réel équilibre. Je ne souffre d'aucun effet secondaires. Je galérai plus à 8 mg niveau constipation. Et aussi la galère pour prolonger des vacances et des déplacements. Une mauvaise expérience de rupture de stock en plein voyage (j'étais ric rac, avion annulé, une semaine de retard pour retrouver du sub, un enfer). Cela n'arrivera plus car je suis prévoyant et j'ai 4 boites de 8 mg d'avance soit plus de 200 mg soit 200 jours d'avance pour moi.
Niveau
came, c'est un extra de temps en temps (2 fois par an) mais les produits sont de médiocre qualité. J'ai l'impression que beaucoup de gens vivent assez mal leur
substitution, je suis passé par là également.
Je suis obligé de constater que c'est la société qui nous fait le plus de mal et nous faisant intérioriser un danger, comme si les
opiacés étaient des poisons. Pour moi, il n'en est rien. Quand je me prenais le chou sur ma dépendance, je souffrais. Une thérapie m'a permis de comprendre que j'avais le droit d'être bien dans ma peau et tout ce qui nous permet d'être bien dans cette vie chaotique doit être saisi comme tel et pas l'inverse. J'ai discuté longtemps avec un ami homosexuel et j'ai compris qu'il vivait le même genre de souffrance et que cette souffrance vient des autres, de leur ignorance et de leurs valeurs morales fatiguées. Je me souviens comment on me faisait chier parce que j'étais sous
subu. A ce jour je ne comprends toujours pas pourquoi « les autres » nous emmerdent alors que la plupart des gens consomment
alcool,
joint et
lexomil et
prozac en quantité. Peu importe la substance, c'est le résultat qui compte. Tout n'a pas été rose pour moi.
La difficulté est de trouver son équilibre et son dosage. C'est galère de trouver le bon mixage pour ne pas avoir d'effets secondaires tout en conservant le bénéfice de l'opiacé. C'est pour cela que je suis descendu à 1 mg. A ce niveau je me sens parfaitement cool.
A ce titre j'ai perdu un ami qui fumait
joint sur
joint pendant 20 ans. Il ne cessait de répéter que lui était pas comme moi, qu'il ne fumait que de la
ganja naturelle et que moi j'étais sous médoc et drogue dure de pharmacie, que je le payerais cher. Il est mort et je suis triste pour lui, il s'est planté et l'abus de fume et de
tabac l'ont achevé (cancer des poumons, métastases et cimetière à 41 ans). La société fausse la donne et désinforme gravement. Je tiens à signaler que mon expérience positive n'appartient qu'à moi et je ne fais pas l'apologie des
opiacés. Chacun son truc. Pour moi ça marche très bien. Mon ami homosexuel a su s'accepter en tant que tel et il va très bien. Moi j'ai fait le même chemin, accepter mon besoin d'
opiacés, le vivre pleinement plutôt que de subir. Et depuis ce stade, je suis un homme heureux et en forme.
Tout ça pour dire que derrière toutes ces choses, il y a beaucoup d'ideologie et d'ideologues et c'est eux qui nous font le plus de mal.
Pensée du soir
Bien à vous,
ZIGGY.